Référendum du 21 septembre, Dr Edouard Zotomou n’y croit pas : ‘’Quand les critiques pleuvent, on fait sortir un bout de décret’’
Le général Mamadi Doumbouya décrète la tenue du référendum le dimanche 21 septembre 2025. Le président de l’Union démocratique pour le renouveau et le progrès (UDRP) ne croit pas à la tenue de ce scrutin à cette date.
‘’Je trouve que c’est une annonce comme toutes les autres qui ont été faites et qui n’ont jamais été tenues. Donc, je doute que cela soit fait. Et si ça doit être fait, ce sera peut-être dans une sorte d’arrangement pour adopter la Constitution. Et en fonction de ça, le reste va suivre. Ce ne sera pas tenable parce qu’on n’a pas de recensement. Et, on ne peut pas organiser un référendum s’il n’y a pas de fichier électoral’’, estime le président de l’Union démocratique pour le renouveau et le progrès.
Aussi, souligne-t-il, pour un scrutin, ‘’il faut des électeurs. Le RAVEC a été suspendu. On veut reprendre, mais au lieu de continuer ou trouver une voie alternative, on veut faire un nouveau recensement. Et ça, on n’a même pas recruté les agents qui feront le recensement. C’est-à-dire qu’il faut qu’on soit quand même beaucoup plus pratique’’.
Une annonce pour faire taire les critiques ?
‘’On dirait que les gens travaillent ici en mode de réactivité. C’est quand les critiques pleuvent qu’on fait sortir un bout de décret pour dire : on va faire ceci, on va faire cela. Il y a un manque total de planification. Dans une administration, c’est la planification qui détermine pratiquement tout. Mais c’est parce qu’on a rappelé qu’il [le général Doumbouya] avait promis d’annoncer cette date avant la fin du premier trimestre de 2025 qu’on voit cette annonce. Dès qu’on a commencé à critiquer, il y a un décret qui est tombé. Ça veut dire que les choses ne sont même pas préparées’’, estime Edouard Zotomou.
Gonfler le taux de participation pour valider le référendum…
Autre chose, dénonce le vice-président de l’ANAD, ‘’il y a l’optique de déplacer la démographie pour que le référendum donne le résultat qu’ils veulent. On est en train de faire des subdivisions dans des villes où on multiplie carrément le nombre de quartiers. Et à partir de là, peut-être qu’on va transférer pratiquement les votes dans ce sens, pour augmenter le taux de participation et le taux d’adoption justement de la constitution. C’est ça qu’on est en train de voir’’
‘’Une ville comme Mandiana, qui ne fait pas un quartier de Nzérékoré qu’on appelle Momou, par exemple, on l’a divisée en près de 22 quartiers. C’est en préparatif de pouvoir transférer les voix dans ces urnes de façon artificielle. Puisque maintenant, les quartiers, la subdivision est faite’’, souligne-t-il.
‘’Quand on parle de référendum, encore une fois, il faut des électeurs. Donc, il faut un recensement. Or, le RAVEC a été complètement mis de l’autre côté. Depuis le début de cette transition, on avait martelé qu’on n’avait pas besoin de ce RAVEC pour conduire la transition et élaborer un fichier électoral. C’est maintenant qu’ils se rendent compte que ce n’est pas possible. Or, ça a déjà ajouté justement à la durée de la transition, inutilement à la durée de la transition. On l’a toujours dit’’, rappelle Dr. Zotomou.
Il fait remarquer que ‘’l’ordre des élections qu’ils sont en train de mettre en place, c’est de commencer par les présidentielles. Nous, nous pensons que c’est contraire à la charte. Et mieux, ça ne permet pas justement aux élus que le président aurait dû trouver en place, de pouvoir chercher à travailler ensemble. Ça, ça dénote simplement la volonté pour quelqu’un de venir et de former une assemblée comme il le voudra. Et c’est cette assemblée-là qui va, concocter toutes les lois qu’ils vont mettre en place, qui sont pratiquement téléguidées de la présidence. Nous, nous pensons qu’on est en train de mélanger beaucoup de choses. Et le mode réactif de l’administration n’est pas le mode de gouvernance qu’il faut adopter’’.
Un référendum qui va affecter les autres élections…
Tout en rappelant que le Premier ministre Bah Oury a promis la tenue de toutes les élections avant fin 2025, il estime qu’un référendum au 21 septembre pourrait affecter la tenue de cette promesse.
‘’Pratiquement, ce n’est pas possible. Parce qu’il y a beaucoup d’élections. Et on ne peut pas forcer toutes les élections comme si on était en train de pousser les choses dans un tuyau. D’ailleurs, même cette annonce a été contredite par le porte-parole du gouvernement. Alors, on ne sait pas qui dit vrai et qui ne dit pas’’, nuance-t-il.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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