L’espoir de tous ceux qui ont accordé leurs suffrages au candidat Alpha Condé en 2010 se dissipe. L’horizon en devient d’autant sombre pour l’opposant légendaire, qu’après trois années de règne controversé sur le pays, il n’est plus rien à attendre de son régime.
Partout c’est la pauvreté qui sévit. De tous les ménages, ce sont des lamentations qui fusent. Un bien mauvais présage pour un homme qui avait pourtant fait tant de promesses à son peuple. Il n’est plus possible que le président Alpha réalise, durant les deux années qui restent de son mandat, ce qui n’a pu l’être jusque-là. Le plus préoccupant aujourd’hui, c’est non seulement le climat d’insécurité qui règne, mais aussi et surtout, les mécontentements populaires qui se font plus vifs et pour diverses raisons. La non satisfaction des besoins vitaux, l’électricité et l’eau, le chômage des jeunes et les persécutions diverses dont les citoyens, à tous les niveaux, sont quotidiennement victimes, à travers des déguerpissements sauvages suivis de destructions des baraquements et autres biens de ces pauvres marchands tirant la pitance quotidienne du petit commerce. A cela s’ajoutent les répressions sanglantes de manifestants ne revendiquant que leur droit au bien-être.
La Guinée de Alpha est semblable à un pays en guerre où la survie est une difficile contrainte pour les populations. Un observateur étranger faisait remarquer à ses interlocuteurs que « un pays en guerre est plus sécurisé que la Guinée en paix ». Cette remarque, au-delà de son caractère humoristique, dépeint une certaine réalité vécue au quotidien, quand on sait que nul n’est à l’abri en Guinée, ni même le pouvoir qui se fait escorter par tout un contingent de militaires lourdement armés. Une image qui dénote le sérieux dans la protection de celui dont la liberté de se pavaner dans la ville, sans être inquiété, parce que, fort d’une (in) contestable popularité, selon ses inconditionnels, aurait rassuré les guinéens de leur sécurité. Malheureusement, quand celui qui doit sécuriser a peur, c’est le sauve-qui peut qui devient le meilleur choix.
Des attaques de jour, comme de nuit, sont légion. Des maisons sont pillées, des magasins vidés, des citoyens abattus en pleine journée, sans que les forces de sécurité, réputées pour leur férocité dans les répressions de manifestants, sortent le bout du nez. En certains, c’est après le drame qu’elles viennent constater les dégâts. C’est pour toutes ces raisons et tant d’autres que le pouvoir Condé prépare sa défaite très prochaine. Les citoyens affamés, apeurés, inquiétés, réprimés, menacés, tués, voteront difficilement pour la cause de leur malheur. Cela est d’autant vrai que « le souverain qui tue son peuple tue son pouvoir ». Sagesse juive !
Thierno Mamadou BAH