[dropcap]I[/dropcap]l a tiré sa révérence le 1er août 2014 des suites d’une crise cardiaque après avoir servi la culture africaine pendant près de 40 ans. Souleymane Koly, puisqu’il s’agit de lui est incontestablement l’un des grands baobabs de la culture du continent noir qui ne savait point cacher son amour pour la culture.
‘’Je suis tellement attaché à cette terre d’Afrique, de Guinée et à ses enfants que la culture ne va pas dans le sens que je souhaiterais qu’elle soit’’, répondait-t-il à une question de l’animateur de l’émission Clap culture diffusée quelques mois avant ma mort subite. ‘’Nous avons été initiés aux musiques, aux pas de danses. Ce n’est pas une affaire de politique en disant que la Guinée a régressé en matière de culture. Lorsque vous écoutez un morceau de Bembeya Jazz écrit il y a 30 ans de cela vous sentez qu’il y a des harmonies, une composition, il y a un texte et des arrangements’’, aimait-il répéter à qui voulait l’entendre.
La Guinée a séduit le monde entier par sa culture durant la première république. Aujourd’hui, le constat est tout autre. Le pays reste absent dans le monde culturel. Souleymane lui estimait que cette longue absence de la Guinée aux quatre coins du monde a une cause fondamentale. ‘’La culture est comme ça en Guinée, c’est parce que je suis absent de ce pays. Pas moi Souleymane Koly, mais nous les pères qui avions laissé la culture à l’abandon’’, confessait-il à l’antenne de la radiotélévision Guinéenne.
De son vivant, le fondateur de l’ensemble Koteba croyait encore le rayonnement de la Guinée par sa culture. Pour lui, ce qui a été possible avec le peuple dès les premières heures de l’indépendance peut l’être aujourd’hui. Et pour cause, ces 50 dernières années, la Guinée a émergé par la culture et accessoirement par le sport. Ce ne sont pas des domaines mineurs, faisait-il remarquer. Il était convaincu que les ballets africains avaient encore du potentiel à valoriser.
Le souhait de Souleymane Koly était de voir tous les acteurs de la vie socio-politique de la Guinée valoriser la culture. ‘’Le Brésil s’est vendu par son cinéma et la Samba. Cinéma Novo Brésil. Le Japon s’est vendu par sa culture. Le monde a respecté le japon à travers le cinéma’’, citait-il à titre d’exemple. Pour sa part, la Guinée doit renforcer son Syli culturel, son uniforme culturel, tout en amenant les jeunes à la culture, car ce sont eux qui peuvent innover.
‘’Il ne faut pas qu’on casse cette jeunesse. La vision de la Guinée doit être portée par les jeunes. Nous, nous vivons ce qu’on appelle le temps additionnel de notre vie. Il faut qu’on passe le témoin rapidement aux jeunes. Pour leur dire que ce pays peut parce qu’on est capables et les faire comprendre que la culture, ce n’est pas seulement les chants, la danse, la musique, mais il y a la littérature, il faut que les jeunes acceptent d’écrire. Donnons la parole aux jeunes sur des projets nouveaux, sur le patrimoine culturel qui existe’’, proposait-il comme l’une des solutions de relance de la culture Guinéenne.
Lançant un appel pressant aux autorités politiques, Souleymane Koly exhortait le président Alpha Condé de placer la culture parmi ses priorités comme il l’a fait pour l’agriculture et les mines. ‘’Il faut que très rapidement le président mette la culture au centre des préoccupations de la Guinée. Nous rebondirons par ça. Car, on coud le tissu social à travers la culture parce que c’est elle qui constitue la colonne vertébrale de l’homme’’, pensait-il.
Au dernier conseil de cabinet du ministère de la culture et du patrimoine auquel il a participé, Souleymane Koly a prodigué d’utiles conseils pour la bonne marche du département et pour le rayonnement de la culture guinéenne, se souvient Mohamed Amirou Conté, secrétaire général dudit ministère. Et moins de 24h avant son décès, Souleymane prend part, cette fois-ci pour une dernière fois, à la réunion de la Commission de restructuration des ensembles artistiques nationaux dont il était le Président.
Sidy BAH, pour VisionGuinee.Info
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