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Retour manqué de Dadis : une épine au pied du pouvoir

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Dadis montage[dropcap]L[/dropcap]e président Alpha Condé a beau nier son implication dans le retour manqué de Moussa Dadis Camara, ex-chef de la junte guinéenne à Conakry le 26 août dernier, ce dernier l’a personnellement accusé dans un entretien accordé récemment à nos confrères de la BBC, d’avoir empêché son retour au pays, en appelant les autorités ivoiriennes à dérouter vers Accra, l’avion d’Air Burkina qui le transportait le 26 août dernier. Ce retour avorté de Dadis Camara, qui a mis le président du parti des Forces patriotiques pour la démocratie et le développement dans tous ses états, est perçu par bien des gens comme une épine dans le pied du pouvoir.

Le retour manqué de Moussa Dadis Camara le 26 août dernier en Guinée, continue de défrayer la chronique dans la cité. C’était la deuxième fois que Dadis tentait de mettre un terme à sa convalescence à Ouagadougou, où il vit depuis janvier 2010. On se souvient que l’ex-chef de la junte avait été casé dans la capitale burkinabè, après des soins subis au Maroc, où il avait été évacué après avoir essuyé des blessures, suite à une altercation avec son ancien aide de camp Aboubacar « Toumba » Diakité, survenue le 3 décembre 2009.

Après ces 5 ans passés à l’étranger, Dadis Camara a émis le souhait de regagner le bercail, où il devait présenter sa candidature à la présidentielle du 11 octobre 2015. Mais ce retour s’est soldé par un échec. Après une première tentative infructueuse le 15 août dernier, l’ex-chef de la junte a raté de nouveau son retour le 20 août. Cette fois, Dadis Camara avait embarqué bien à bord d’un appareil d’Air Burkina, en direction d’Abidjan, où il devait changer de correspondance, pour Conakry, sa destination finale. Mais ce vol fut dérouté vers Accra à la demande des autoroutes ivoiriennes. Celles-ci auraient clamé que Conakry n’était pas prédisposé à recevoir Moussa Dadis Camara, d’où cette interdiction d’atterrir refusée à l’avion.

Me Jean-Baptiste Jocamey, avocat de Dadis Camara, qui était en sa compagnie dans cette mésaventure, a menacé de porter plainte auprès des juridictions sous régionales pour « mise en danger d’autrui ». Son client ne semble toutefois pas partager cet avis. Lui qui a déclaré plus tard à la presse que « la Côte d’Ivoire n’est pas contre lui. N’étant pas un citoyen ivoirien. » Il accuse plutôt le président Alpha Condé de vouloir l’empêcher de regagner la Guinée. Dadis Camara et ses proches croient dorénavant que ce refus se justifierait simplement par le rapprochement qui se dessinerait entre le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo et lui. Ceci dans la perspective de la présidentielle du 11 octobre.

Des allégations démenties par le pouvoir

Le président Alpha Condé pressé de questions sur ce retour manqué de Dadis Camara, par des journalistes lors d’une conférence de presse qu’il a animée la semaine dernière, a abordé le sujet dans des termes laconiques : « Je ne suis pas président de la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est un État souverain. Le président Alassane Ouattara prend une décision qu’il estime bonne dans son pays. Moi je prends des décisions ici en Guinée (…) ».

Quant à la plainte que l’avocat de Moussa Dadis Camara menace de porter contre la Guinée et la Côte d’Ivoire, auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour « violation des droits de son client », Alpha répond que « Me Haba est libre de porter plainte contre qui il veut, quand il veut, où il veut. C’est son problème, ce n’est pas mon problème. »

Le principal parti d’opposition dénonce une main du pouvoir

L’Union des forces démocratiques de Guinée de Cellou Dalein Diallo a, dans une déclaration rendue publique le mercredi dernier, dénoncé des manœuvres du pouvoir visant à empêcher Dadis de rentrer en Guinée. Il s’agit selon le parti, « d’une violation des droits élémentaires et des libertés fondamentales des citoyens ».

Dans cette déclaration, l’UFDG rappelle que le président Condé avait « déclaré, urbi et orbi, que le capitaine Moussa Dadis Camara, qui vit un exil forcé au Burkina Faso, était libre de regagner la Guinée à sa guise, Alpha Condé multiplie les obstacles et les intrigues pour le confiner à Ouagadougou. » Le parti avance « qu’il n’est un secret pour personne qu’Alpha Condé redoute le retour au bercail de Moussa Dadis Camara, dans la crainte que son témoignage éclabousse sa personne et compromette son régime ».

Pour l’UFDG, « il n’y a pas l’ombre d’un doute que Moussa Dadis Camara paie de n’avoir pas fait allégeance à Alpha Condé qui, en fonction de ses intérêts politiques et de ses visées électorales, s’est arrogé le droit de décider du sort de chacun et de tous. Seuls désormais ont des droits reconnus et respectés dans le pays ses partisans et ses soutiens politiques. Les autres sont brimés sans le moindre recours dans un Etat partial devenu « un loup pour les citoyens ». »

L’UFDG invite tous les patriotes et démocrates du pays à continuer de « se mobiliser contre l’arbitraire et l’injustice ».

Des femmes font un sit-in pour réclamer Dadis

L’annonce du retour avorté de Dadis a entrainé une mobilisation de ses partisans, depuis le 15 août, au niveau de la capitale, mais aussi dans la province de N’Zérékoré, dont il est originaire. Là-bas, des femmes poursuivent un sit-in devant le bureau de l’UNICEF. Madame Hélène Zogbélemou, présidente de ce groupe de femmes, très engagé pour le retour de Dadis Camara au pays, promet de poursuivre ce sit-in tant que leur « fils prodige » ne sera pas de retour.

Il conviendrait de noter que les événements se sont accélérés depuis que Moussa Dadis Camara a annoncé son projet d’alliance avec Cellou Dalein Diallo. C’est ainsi qu’il a été inculpé dans le cadre d’une mission rogatoire relative à l’instruction du dossier du massacre du 28 septembre. Des événements qui avaient fait 157 morts et une centaine de femmes et de filles violées par des hommes en uniforme.

Avec le tollé suscité par le voyage avorté de l’ex-chef de la junte, le pouvoir se retrouve dans la ligne de mire de Dadis Camara et ses proches, qui sont loin d’avoir fini de ruminer leur colère.

Mamady Kéita, in Le Démocrate

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