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Révoquer les organes de la transition pour sauver l’avenir démocratique de la Guinée

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Ce 31 décembre 2024 a marqué la fin de la durée consacrée à la transition militaire en Guinée, selon les termes de l’accord dynamique de 24 mois conclu entre la CEDEAO et le CNRD pour assurer le retour des civils au pouvoir en Guinée.

En raison de l’incapacité du CNRD de compléter le moindre point sur les dix que comptait le chronogramme de la transition, le CNRD s’est définitivement disqualifié dans ce processus, révélant son incapacité à être un interlocuteur fiable et sérieux pour mener notre pays vers un retour à l’ordre constitutionnel. Il en résulte malheureusement que les engagements librement consentis devant le peuple de Guinée n’ont pas été respectés par la junte militaire au pouvoir.

Des promesses éternelles jamais satisfaites

Les Guinéens ne peuvent plus se payer le luxe de se contenter de simples promesses sans lendemain distillées par le CNRD, des membres du Gouvernement et du Conseil national de la transition (CNT) pour nous amadouer.

La transition, qui devait être une parenthèse « salutaire », où la justice devait jouer le rôle de « la boussole », s’éternise et s’embourbe dans des discours flous de « Refondation » sans que la justice ait jamais trouvé la place qui lui était promise.

Le principal leitmotiv est devenu « Simandou 2040 », un prétendu programme national de développement économique et social dont le contenu reste inaccessible pour le commun des mortels. Des manœuvres dilatoires de toutes sortes rivalisent et cohabitent avec les graves violations des droits et libertés des Guinéens.

Le peuple, quant à lui, voit chaque jour ses espoirs de « changement », exprimé massivement le 5 septembre 2021, s’éroder face à l’inaction, la propagande et le manque flagrant de volonté politique des autorités de la transition.

L’engagement pris par le président de la transition d’organiser le référendum constitutionnel durant l’année 2024 n’a pas été tenu. Sans en expliquer les raisons qui ont empêché la tenue de ce référendum en 2024, le chef de la junte militaire a renouvelé, dans son adresse à la nation de ce 31 décembre 2024, la promesse d’organiser ce référendum constitutionnel en 2025. Ce énième engagement ne nous semble ni plus ni moins qu’une nouvelle promesse en l’air.

De façon plus insidieuse, le chef de la junte militaire a fait une autre annonce plus inquiétante : « après l’élaboration du code électoral, durant l’année 2025, nous nous emploierons tous ensemble avec les guinéennes et guinéens à continuer à poser les jalons forts pour les élections générales ».

En 2025, seront donc posés uniquement des jalons s’agissant de toutes les autres élections devant conduire au retour à l’ordre constitutionnel. Pas d’autres élections en vue donc pour cette année bien que Mamadi Doumbouya ait qualifié 2025 « d’année électorale ».

L’imperieuse nécessité de révoquer les organes de la transition

La fin de la durée convenue pour cette transition militaire conjuguée avec l’absence de résultat dans la mise en œuvre du chronogramme dans les délais impartis et les nombreuses promesses non tenues par les autorités de transition disqualifient définitivement ces autorités. Par voie de conséquence, il est désormais urgent de révoquer tous les organes de la transition en ne les reconnaissant plus.

Ces institutions sont dorénavant caduques et ne peuvent plus prétendre représenter les aspirations du peuple après plus de trois ans d’activité sans aucun résultat concret en faveur du retour à l’ordre constitutionnel. La Guinée a besoin d’un gouvernement civil de transition composé de personnes crédibles, compétentes et engagées pour mener rapidement le pays à des élections libres, démocratiques, inclusives et transparentes.

Pour rendre la perspective d’une transition civile plus crédible, le peuple de Guinée a besoin du soutien des pays amis et de ses partenaires habituels. Nous en appelons ainsi à la communauté internationale, à nos partenaires techniques et financiers à intensifier la pression diplomatique et économique sur la junte militaire pour favoriser l’instauration de cette nouvelle transition civile. Il est toutefois nécessaire que cette implication se fasse dans le respect de la souveraineté de la Guinée, en se tenant à côté des acteurs guinéens et non pas au cœur du processus décisionnel interne.

Il revient donc aux Guinéens, dans un élan d’unité nationale, de tracer ensemble la voie vers la démocratie avec plus de responsabilités et surtout la nécessité de placer les intérêts du pays au-dessus des considérations et des intérêts particuliers.

Certains responsables de partis politiques ayant accompagné le CNRD pendant ces trois années de transition et sans rien obtenir dans « le cadre de dialogue inter-guinéen » proposent, aujourd’hui encore, de renégocier un nouveau chronogramme avec le CNRD. Pour notre part, non seulement nous tenons ces partis solidairement responsables des échecs de la transition. Mais surtout, nous pensons cette proposition inopérante et inadaptée. Il ne s’agit plus de tergiverser.

Chaque jour qui passe sans un plan concret de sortie de la transition et une date précise pour l’organisation des élections, accentue les risques d’une nouvelle sortie de route qui peuvent se matérialiser sous forme d’un nouveau coup d’État, d’une insurrection populaire pour déloger le chef de la junte militaire, Mamadi Doumbouya, et son clan.

Ce risque peut aussi prendre une autre forme, plus inhabituelle pour notre pays. Le peuple de Guinée ne veut ni d’un pouvoir militaire perpétuel ni d’un régime dictatorial maquillé en transition, car nous avons l’expérience des transitions précédentes sous l’autorité du CMRN/CTRN et du CNDD.

L’avenir démocratique de la Guinée en jeu

Si c’est vrai que notre pays, la Guinée, n’a jamais été un modèle de démocratie par le passé, il est au moins facile de reconnaître qu’avant cette transition dirigée par le CNRD, des bribes institutionnelles et certaines libertés individuelles et collectives étaient effectives et garanties dans le pays, constituant ainsi des acquis démocratiques qui n’attendaient que d’être améliorés afin de tendre vers la démocratisation de notre pays. Or, ces acquis ont pour l’essentiel été remis en question sous la direction du CNRD.

Par ailleurs, le processus qui doit mener à l’organisation d’élections libres et transparentes pour marquer le retour à l’ordre constitutionnel semble fortement compromis du fait de la volonté des autorités de transition actuelles de se maintenir à la tête du pays.

Au regard de la soumission au CNRD de l’ensemble des acteurs chargés d’organiser ces futures élections, l’éventuelle participation de Mamadi Doumbouya et d’autres acteurs de la transition aux prochaines échéances électorales, conduira nécessairement à des élections truquées et de pure formalité au profit des autorités de transition actuelles, peu importe qui les Guinéens auront réellement décidé d’élire.

Seule une transition consensuelle, portée par des civils non impliqués dans les organes de gestion de la transition actuelle, soutenue par une pression internationale ciblée, peut permettre d’éviter de plonger notre pays dans une crise sans fin. L’heure est à l’union nationale, à la responsabilité politique et à l’action décisive pour préserver l’avenir démocratique de la Guinée. Au regard de son échec, le CNRD n’est plus une alternative crédible. Espérons par conséquent que cette junte militaire fera le choix, avec responsabilité et gravité, de renoncer à ses intérêts personnels au profit de la préservation des intérêts supérieurs de notre pays. C’est à cette seule condition que la démocratie pourrait avoir de beaux jours devant elle dans notre pays.

Karamoko Kourouma & Guillaume Bangoura

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