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Sadjo Diallo, guinéen vivant en Ukraine, raconte son quotidien : ‘’Quand on envoie des signaux d’alerte d’attaques aériennes…’’

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Malgré l’évacuation de plusieurs guinéens, une soixantaine brave la guerre au quotidien pour rester en vie. Issa Sadjo Diallo, président du Conseil des guinéens de l’étranger et africains en Ukraine veille au grain sur ses compatriotes qui vivent dans ce pays.

Au micro de VisionGuinee, il explique comme il coordonne l’évacuation des guinéens et veille sur sa petite famille au quotidien. Entretien…

VisionGuinee : Comment vivez actuellement en Ukraine où les russes continuent leurs frappes aériennes ?

Sadjo Diallo : C’est inquiétant. Nous  cherchons toujours à nous caser dans des bunkers. Quand on envoie des signaux d’alerte d’attaques aériennes, on a quelques secondes parfois une minute pour aller nous caser dans des bunkers ou rester au milieu des bâtiments en s’éloignant des fenêtres. Je suis à la maison avec ma famille, ma femme, mes deux enfants, ma belle-mère et ma belle-sœur. A Kiev ici, il y a des familles guinéennes à 100% et mixtes qui sont restées. Dans les autres villes, comme Kherson, nous avons deux étudiants guinéens qui y sont bloqués. On est actuellement en train de négocier un corridor pour leur évacuation. On vient d’échanger, ils se portent bien, ils ont le moral au beau fixe. La ville est déjà dans les mains des russes. Mais ils disent que dans les foyers d’étudiants, on ne les dérange pas. Avant, il y avait des coupures d’eau et de l’électricité, mais c’est plus ou moins calme maintenant. Toutefois, ils veulent quitter parce que là ils sont, ils ne peuvent circuler, ils ne peuvent que descendre du bâtiment pour s’approvisionner en denrées. En dehors de ces guinéens, il y en 53 autres étudiants de différentes nationalités.

Avez-vous de nouvelles de d’autres guinéens bloqués en Ukraine ?

Oui, il y a des gens qui sont bloqués dans des autres villes. Une famille est bloquée à Melitopol où les russes ont pris la ville. Nous sommes en train de négocier pour les évacuer vers la frontière polonaise. Des guinéens sont aussi bloqués à Kharkov. C’est une ville qui a été longtemps bombardée par les russes qui ont été finalement repoussés. A l’heure actuelle, il y a des missiles qui peuvent tomber, mais certains guinéens y sont restés encore. De même dans les petites villes du pays.

Avez-vous le soutien des autorités guinéennes ?

Oui ! D’ailleurs, je remercie le Premier ministre et celui des affaires étrangères. Le chef du gouvernement Mohamed Béavogui était parti dans la famille de notre compatriote mort ici pour présenter les condoléances. C’est quelque chose qui nous a marqués. Parce qu’on n’est pas habitués à avoir cette attention.

Quid des 100 000 dollars promis par le colonel Doumbouya pour venir en aide à nos compatriotes ?

D’abord, il faut souligner que ce don du chef de l’Etat est exceptionnel, c’est un acte à saluer. Mais le transfert bancaire ne se fait pas du tic au tac. Les 100 000 dollars ont été annoncés. C’est l’ambassade de Guinée en Allemagne qui se charge matériellement de gérer ce transfert et administrativement, nous sommes sous tutelle de l’ambassade de Guinée en Turquie. Donc les deux doivent travailler ensemble. C’est le vendredi que j’ai reçu un virement par Swift de 10 000 euros comme première tranche.

Qu’avez-vous fait de cet argent ?

Quand cet argent a été donné, il se trouve qu’il y a beaucoup qui ont quitté et d’autres sont bloqués. Donc il fallait savoir comment partager. Finalement, on a mis en priorité ceux qui sont toujours bloqués en Ukraine (…). Déjà, j’ai commencé à distribuer à ceux qui sont dans des situations plus critiques. Nous avons un homme, sa femme et ses enfants qui sont bloqués à Melitopol, ils avaient besoin urgemment de l’argent pour négocier un bus et quitter la ville pour la Pologne. J’ai reçu la confirmation qu’il a tout reçu. Ils vont bientôt bouger pour aller vers la frontière polonaise. Et notre frère qui est à la frontière va recevoir de l’argent pour traverser et rester en sécurité en Pologne ou en Allemagne. Les étudiants qui sont bloqués à Kherson, je viens de leur faire un transfert en attendant de négocier un corridor pour qu’ils puissent quitter là-bas. Mais en attendant, ils ont de quoi acheter à manger.

Nous sommes 65 personnes. Si on divise 10 000 euros entre nous, chacun n’aura à peine 150 euros. Mais nous avons préféré envoyer 200 euros par personne à celui qui est bloqué à Melitopol avec sa femme et ses enfants. Donc il a reçu en tout 800 euros. Et ceux qui sont Kherson ont reçu 250 euros par étudiant. En ce qui me concerne, grâce à Dieu, j’ai de quoi manger pour le moment. Je vais essayer de privilégier à ceux qui sont plus dans le besoin.  Peut-être, il y aura une seconde tranche.

Ne rencontrez-vous pas des difficultés sur le terrain ?

Non ! Il n’y a pas de problème. Les gens ne se mêlent pas du tout. Il y a seulement des associations, des organisations humanitaires qui peuvent demander si nous avons besoin d’aide. Sinon les russes, les ukrainiens ne se mêlent pas trop.

Les autorités ukrainiennes empêchent les hommes âgés de 18 à 60 ans de quitter le pays. Les étrangers sont-ils concernés par la mesure ?

Non ! Non ! Ça ne concerne pas les africains. Les hommes de 18 à 60 ans doivent servir dans l’armée. Pour les étrangers, personne n’a été empêché de partir. Seulement, il y a eu des problèmes au niveau de la frontière. La priorité était donnée aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées ukrainiens autorisés à partir. Ensuite, il y a les étrangers. C’était comme ça dans les trains au niveau des frontières.

Un dernier mot…

Je remercie le colonel Doumbouya pour cet acte d’assistance. J’ose espérer que le reste du montant arrivera à temps pour pouvoir venir en aide à nos compatriotes. On a mis en place une cellule de crise qui est en train de gérer le montant.

Par Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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