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Sale temps pour le régime Alpha Condé

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«Monsieur Diallo représente à mes yeux  le libéralisme, la tolérance, le respect du citoyen et de l’État de droit ainsi que le sens supérieur de l’État. Il comprend et partage la logique démocratique et peut porter la dynamique d’alternance, comme nous avons pu le constater lors des élections présidentielles de 2010. C’est un homme compétent, intelligent qui incarne la liberté en action et le respect de l’autre. Je suis confiant que si Monsieur Diallo et son parti arrivent au pouvoir ils mèneront correctement la gestion du pays», a dit Louis Michel dans une interview à Guineenews.org.

Cette affirmation fait mal à certaines mentalités hermétiques. Pourtant, l’amateurisme, le déni de droit, les improvisations dans la gestion dont s’est fait le chantre le régime Alpha Condé crèvent les yeux de tout observateur averti de la situation que vit le pays depuis le 21 décembre 2010.

Louis Michel peut être traité de tous les noms d’oiseaux par les irréductibles du régime. Cela ne changera en rien la véracité et la pertinence de ses remarques.

Louis Michel a dit vrai. La Guinée a besoin d’alternance parce que les  guinéens sont plus que jamais écartelés entre doute et péché suprêmes. Et puis, actualité oblige, on dirait que le président Barack Obama avait lu dans la tête des guinéens pour décider d’ignorer royalement le Président de leur Cour suprême en faisant établir la liste des sommités judiciaires africaines qu’il a invitées à Dakar lors de sa visite officielle au Sénégal.

Qu’observe-t-on en effet, aujourd’hui, en Guinée?

Dans une société organisée et en vertu des règles qu’elle s’est dotées, une équipe d’hommes et de femmes sont choisis pour constituer une institution que tout le monde a convenu d’appeler respectueusement et en toute confiance Cour Suprême. Il semblerait que l’humanité entière est d’accord que ces deux mots mis ensemble signifient « organe juridictionnel situé au sommet de la hiérarchie judiciaire d’un pays ». Cette institution a donc vocation de dire la vérité ou comme le veut le vocabulaire courant, de dire le droit. Elle devrait même administrer une correction suprême c’est-à-dire sans appel à toutes les décisions judiciaires erronées.

A entendre les guinéens parler de leur « Cour suprême », on comprend tout de suite qu’ils ne sont pas d’accord que cette définition soit applicable en Guinée. Selon eux, dans leur pays chéri et spécial, il y a des doutes que leur haute institution judiciaire réponde à une telle vocation universelle. Ils commettent ainsi et sans aucune précaution déontologique, une tautologie outrancière: implorer auprès de son respecté président que la Cour suprême de Guinée dise la vérité ! Les guinéens ont-ils à la fois des problèmes de vocabulaire et de consensus? On peut l’imaginer ; sinon comment peuvent-ils douter que leur « Cour Suprême » dise le droit alors qu’ils l’ont positionnée le plus haut possible, pour ce faire? Tout le monde voit clairement qu’au moins sur la question des délais, la CENI a violé un code capital, le code électoral émanant de la constitution, elle-même perchée au summum de l’architecture juridique guinéenne.

La Cour suprême et l’institution de la République ayant prêté serment de défendre la loi fondamentale et les lois, devraient être déjà outrées. Donc ne vous en faites pas, guinéens, au moins une sanction de droit va tomber. Si comme vous le redoutez, elle ne survient pas, interrogez-vous sur la validité que certaines de vos institutions accordent à vos consensus sociaux et politiques. Mieux, interrogez-vous sur les piliers majeurs en vertu desquels votre société existe en tant qu’entité nationale spécifique. Ou encore, demandez-vous quel respect, les membres de la haute intelligentsia judiciaire accordent à la souveraineté  du peuple de Guinée.

De deux choses, l’une : ou bien dans l’histoire de cette cour suprême, il n’a jamais été enregistré, un précédent encourageant en matière de gestion des contentieux ou bien les guinéens ont perdu toute confiance en toute procédure d’arbitrage mise en place dans leur Etat. Il faut alors, revoir « la manière dont les dépositaires de l’autorité en charge de cette procédure d’arbitrage, sont désignés » ou douter de l’effectivité du consensus qui a établi cette procédure. Avec un tel quiproquo socio-politicojuridique, on avance tout droit vers une sorte de doute suprême.

Les discours de la classe politique, de l’intelligentsia administrative ou les commentaires du citoyen le plus modeste, semblent corroborer ce doute en émettant eux aussi des incertitudes sur la possibilité que l’institution située au niveau le plus élevé de la justice guinéenne dise le droit. Même les conversations à voix basses des salons, des rues ou des couloirs sont unanimement pessimistes sur ce point. Cela veut dire que la vraie « Cour suprême » est ailleurs. Celle à laquelle tout le monde pense ne serait que virtuelle ou tout simplement un fantôme. Dans ce cas déplorable, il faudrait chercher la « Cour suprême réelle » par une sorte de transcendance qui risque de mener, d’échelle en échelle, vers le juge suprême : Dieu (Le Tout Puissant). Or celui-ci attend la communauté des croyants non pour les fautes commises, les uns vis-à-vis des autres et réciproquement, mais pour les fautes majeures d’indécence religieuse. Il semblerait que les premières auraient déjà fait l’objet de sanctions intégrales ici-bas. Si cette accusation que les guinéens portent sur leur majestueuse cour s’avérait gratuite, on se demanderait de quel type de faute relèverait-elle ?

Du péché majeur ou de la faute mineure ?

Dans cette ambigüité,  il y a un double risque qu’ils reçoivent la moitié de la sanction ici-bas pour avoir accusé des individus et l’autre moitié dans l’autre monde pour avoir douté d’une institution, de leur institution. Ce risque serait d’autant plus fort que la « Cour Suprême actuelle» aurait pu réaliser un spectaculaire sursaut de conscience et dirait ce que tout le monde n’attend pas, le droit. Devant Dieu (LTP), les guinéens auraient alors un autre dossier principal après le camp Boiro et autres massacres du 28 septembre 2009, en plus des dossiers bilatéraux qui opposeraient maints individus et groupes d’intérêts tout au long de l’histoire du pays et de la gestion de ses deniers publics. A cet égard on peut rappeler qu’un leader politique « accusé » d’avoir accusé un ministre de falsification de votes serait attendu par celui-ci devant le Seigneur. Il en serait de même pour un journaliste qui aurait « accusé » un gouverneur d’ « avoir divisé le Fouta ». Les guinéens eux-mêmes notamment les Conakryens, seraient objets d’accusations nombreuses. Il semble qu’il est difficile de leur faire  respecter le code de la route, de les discipliner dans les embouteillages et de les faire déguerpir des emprises de la chaussée qu’ils occuperaient entre ordures nauséabondes et aliments en vente non protégés. On dit même qu’ils se lanceraient des injures toxiques  dans la circulation. Il parait qu’ils se regarderaient en chiens de faïence entre ethnies différentes. On raconte aussi  qu’il n’y a pas de contrôle des prix et que les poids et mesures ne seraient pas respectés. Que les policiers rançonneraient les transporteurs parmi lesquels des taximen qui découperaient les trajets standards en petits morceaux pour faire plus de bénéfices.

D’autres « intrigants » disent que la participation à une compétition ouverte serait un délit en Guinée ; en cas de manifestation pacifique contre la violation des droits, des forces de l’ordre n’hésiteraient pas à tirer à balles réelles dans la foule, à arroser copieusement de gaz lacrymogène, des leaders politiques et des militants. Il parait même que plus de cinquante balles auraient atteint un effectif égal de cibles en moins d’une année. Les familles des cinquante victimes n’auraient pas été reçues quand elles se seraient présentées à la justice.

On dit partout que la CENI créée pour conduire des élections transparentes n’aurait pas respecté ses engagements de correction des anomalies qu’elle aurait foutues dans le fichier électoral. Même si on lui aurait accordé quatre jours pour s’exécuter à travers tout le pays, sous la haute surveillance de la Communauté internationale, le regard sympathique du gouvernement et dans une confiance naïvement renouvelée de l’opposition républicaine. Elle aurait gardé le nombre initial de bureaux de votes avec une répartition inégale selon que les régions soient potentiellement en faveur ou non d’un parti dont le sigle commencerait par R. Elle refuserait même de délivrer les cartes électorales des militants non membres du parti au pouvoir et aurait appliqué une géométrie compliquée de localisation des bureaux de votes dans les fiefs de l’opposition.

De mauvaises langues accuseraient cette CENI d’avoir créé une direction de la transparence pour empêcher les électeurs de distinguer «encre indélébile» et «feutres indélébiles ». On raconte par ailleurs qu’il y aurait au moins un parti politique acheteur de voix électorales qui aurait été trompé par des négociants attitrés et sans scrupule. Ceux-ci auraient des injonctions sévères de remboursement de fortes sommes d’argent. En cas de non exécution, ils seraient attendus à l’esplanade du jugement dernier. Il faudrait toutefois déterminer au préalable l’origine de cet argent qui leur aurait été distribué pour des destinataires à la fois réels et virtuels.

Pour arriver avec moins de péchés devant le Seigneur, Clément et Miséricordieux ! Des rumeurs solides et insistantes depuis plus de cinquante ans continueraient à affirmer que les entourages des présidents qui se sont succédé en Guinée, seraient tous mauvais. Heureusement que les Présidents ont toujours été naturellement « bons » ; c’est plutôt la société guinéenne qui les a, de temps en temps, dépravés comme le dirait Jean Jacques Rousseau. Il parait enfin qu’en cercles concentriques de plus en plus éloignés du Chef de l’Etat, tous  les guinéens feraient partie de ces «entourages» à géométrie variable. Il parait qu’en raison d’une mésentente à résonnance ethnocentrique savamment entretenue par une intelligentsia-virus, ils n’arriveraient pas à rompre ces cercles pour réclamer d’une seule voix, la prospérité économique et la justice sociale en ces temps de changement. Il parait… Il parait… Il semble que… Il est presque sûr qu’une justice terrestre risque de s’embrouiller faces à toutes ces accusations et contre-accusations qui font l’objet d’ajournement continu pour cause de discorde nationale et de gouvernance à tâtons. Ce ne sont pas des élections qui peuvent arranger tout cet imbroglio sociopolitique. Le peuple résigné et patient de Guinée risque, encore une fois, d’en convenir à ses dépens. Qui a dit que chaque peuple a la cour suprême qu’il mérite ? Guinéens, lisez dans les écritures saintes et vous serez éclairés !

 Lamarana Diallo

 

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