Santé : un partenariat durable entre la France et la Guinée pour soutenir les efforts du gouvernement dans l’amélioration du système sanitaire
La Guinée et la France entretiennent une coopération étroite dans le domaine de la santé, visant à renforcer le système sanitaire guinéen et à améliorer l’accès aux soins pour les populations. Dans une interview accordée à VisionGuinee, Pierre-Alain Rubbo, conseiller régional en santé mondiale des ambassadeurs de France de six pays d’Afrique de l’Ouest, nous éclaire sur les enjeux et les perspectives de ce partenariat.
VisionGuinee : Vous êtes conseiller des ambassadeurs de France de six pays de l’Afrique de l’Ouest, en charge de la coopération, du développement et des investissements en santé. En quoi consiste véritablement votre travail auprès de ces chefs de mission diplomatique ?
Pierre-Alain Rubbo : Eh bien, merci de cet échange et je suis ravi de pouvoir parler un peu de santé avec vous. En qui me concerne, moi je suis le conseiller santé. Le titre exact, c’est conseiller régional en santé mondiale pour six pays d’Afrique de l’Ouest. Comme vous l’avez dit, donc pour conseiller les ambassadeurs sur les investissements français en santé dans ces six pays.
Les six pays, c’est la Guinée, la Sierra Leone plus quatre pays du Sahel : la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger. Donc, mon rôle, c’est d’essayer de faire la coordination et le suivi des engagements français avec ces six pays-là dans le domaine de la santé.
Comment se structure en fait la coopération entre la France et la Guinée dans le domaine de la santé ?
La France a fait le choix d’investir sous deux canaux principaux. C’est de l’aide publique au développement. Donc, de l’argent des contribuables français qui paient leurs impôts. On a une certaine redevabilité envers ces contributeurs.
Les deux canaux dans lesquels la France a décidé d’investir, c’est d’abord le canal multilatéral qui est aujourd’hui le plus important. Dans ce canal multilatéral, la France, comme d’autres pays, met de l’argent dans des organisations ou des fonds multilatéraux, des sortes de pots communs. Ces organisations travaillent dans les différents pays et mettent en œuvre des activités avec cet argent-là. Donc, ça veut dire que la France est un des partenaires de ces pays-là de manière indirecte puisqu’elle n’est pas visible, puisque l’argent qui est donné est donné à une organisation qui, elle, met les activités en œuvre dans les pays.
Et certaines de ces organisations multilatérales sont connues. On a par exemple l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), mais aussi de la Banque Mondiale ou aussi d’organisations plus spécifiques pour la santé comme le Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme qui sont des organisations auxquelles la France contribue de manière importante (la France est le second contributeur, après les Etats-Unis, du budget du Fonds mondial depuis sa création en 2002 par exemple). Donc, ça, c’est le premier canal.
Le second canal est bilatéral. Et là, c’est dans chacun des pays que l’ensemble des acteurs français et opérateurs français qui mettent en œuvre leurs propres activités selon les besoins du pays, selon les besoins du ministère de la Santé la plupart du temps, du gouvernement, d’une manière générale. Et en fonction des besoins, une réponse est apportée ou pas en fonction de nos capacités et de la capacité de ces acteurs. Aussi, en fonction du plan national de développement sanitaire qui est la feuille de route du ministère de la Santé et qui est notre boussole en tant qu’acteurs internationaux qui viennent en soutien des politiques publiques guinéennes.
C’est quoi la spécificité de la Guinée ?
La spécificité de la Guinée, c’est que la quasi-totalité des acteurs français en santé est présente, soit physiquement, soit à distance.. Je cite les plus connus peut-être l’Agence française de développement (AFD), Expertise France, l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Agence nationale de recherche sur le Sida, les hépatites et les maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE), l’Institut Pasteur qui n’est pas un opérateur français, qui est une institution guinéenne, mais qui réalise ses activités avec des financements français aussi, . Mais il y en a d’autres, évidemment comme les collaborations entre hôpitaux, les ONG, fondations, entreprises. Cette « Equipe France » est pilotée par l’ambassade de France qui coordonne la stratégie générale et garantit la pertinence et l’adéquation des actions.
Quels sont les principaux axes d’intervention de la France dans le secteur de la santé en Guinée ?
En Guinée, les principaux axes d’intervention sont ceux qui sont sollicités par le gouvernement guinéen et par le ministère de la Santé. Donc, comme je l’ai dit, on s’intègre dans la feuille de route du ministère de la Santé, principalement. Et cette feuille de route, elle évolue, bien sûr, dans le temps. Il y a quelques années, le sujet de santé publique principal, c’était Ebola. La Guinée a connu cette crise avec d’autres pays de la région. Donc, à la demande du ministère, on a apporté des soutiens directs et indirects. Il y a encore des choses aujourd’hui.
Par exemple, l’Institut Pasteur, dont je parlais tout à l’heure, est une sorte de livrable de cette relation entre la Guinée et la France pendant la période Ebola. Il y en a d’autres, évidemment. Mais je dirais que globalement, les besoins principaux du ministère de la Santé, aujourd’hui, tournent autour de trois sujets sur lesquels nous pouvons collaborer si besoin.
Globalement, il y a un sujet qu’on appelle plutôt le renforcement du système de santé dans sa globalité. On essaie d’améliorer les différentes strates du système sanitaire. Cela va, par exemple, de la formation des ressources humaines en santé, la recherche scientifique, la capacité aussi d’avoir des systèmes hospitaliers qui fonctionnent, etc.
Le second concerne la santé de la mère et de l’enfant qui est un sujet majeur, étant donné que, malheureusement, les indicateurs en Guinée sont relativement faibles avec une mortalité maternelle et infantile qui est élevée, et pour lesquels les autorités déploient beaucoup d’efforts aujourd’hui pour trouver des solutions..
Et puis, le dernier point c’est la prévention et la prise en charge des maladies. La Guinée a cet avantage pour les chercheurs et cet inconvénient pour les patients, c’est qu’on observe beaucoup de maladies parfois émergentes. Il y a eu Ebola, il y a eu la crise Covid. Il y a aussi des maladies comme la rougeole qui font des victimes, la rage, etc.
Donc, il y a beaucoup de maladies qui sont présentes. Et il y a beaucoup de sujets sur lesquels on peut avoir des projets car des outils existent pour lutter contre ces maladies et réduire leur fardeau (vaccins, médicaments, diagnostics, etc), il faut qu’ils arrivent jusqu’à ceux qui en ont besoin.
Parlant de projets, quels sont plus emblématiques qui sont menés par la France dans le cadre de la coopération avec la Guinée ?
Il y a un sujet majeur qui me semble important de notifier, qui est l’accompagnement de la Guinée dans la construction de quatre hôpitaux régionaux d’une capacité de 200 lits. C’est une demande qui nous avait été adressée il y a quelques années, à la suite de la crise Ebola. L’idée, c’était d’avoir des capacités supplémentaires intégrant des spécialités médicales indisponibles sur place aujourd’hui, des plateaux techniques de haut niveau disponibles dans les régions, pour éviter au maximum des évacuations vers Conakry, vers la sous-région, et surtout que les populations puissent avoir plus de chances d’être soignées, d’être bien soignées directement dans leur région. C’est aussi un projet qu’on accompagne, à la fois dans la construction (entreprises françaises), dans l’appui du ministère pour l’ouverture de ces hôpitaux, ou encore avec le déploiement de ressources supplémentaires pour des projets complémentaires Enfin c’est une opportunité économique majeure pour les guinéens car, une fois opérationnels, ils deviendront aussi sans doute un des principaux employeurs de la région.
Les quatre hôpitaux sont en cours de construction. On espère que d’ici deux ans, les hôpitaux seront opérationnels. C’est un projet ambitieux qui fait intervenir plusieurs ministères et corps de métiers qui doivent travailler ensemblet. Nous le faisons pour que ce soit une solution pour les malades, mais surtout, cela regroupe aussi un petit peu les besoins du gouvernement en termes de ressources humaines, puisque ce sont les ressources humaines qui vont les faire fonctionner. Il y a tout un travail que fait aujourd’hui le ministère de la Santé, de renforcement, de formation, de mise en place aussi de spécialités médicales qui n’existent pas aujourd’hui en Guinée, mais aussi tout un travail de formation en dehors du domaine médical sur, par exemple, les assistants techniques, ceux qui vont travailler dans leslaboratoires, je dirais même les femmes ou hommes de ménage qui vont nettoyer l’hôpital.. Ils devront être formés spécifiquement pour travailler dans des conditions, parfois, un peu dangereuses. Après, il y a tout ce qui est aussi équipement, maintenance des équipements, l’environnement, l’accès à l’eau, l’incinération des déchets, etc.
Ce projet cristallise tous les sujets auxquels il faut penser pour qu’un hôpital fonctionne et soigne bien les malades. Tout cela doit être pris en compte par le ministère guinéen de la Santé, et que nous accompagnons autant que de besoin quand il fait appel à nous. Par exempleavec certains de nos opérateurs, (AFD, Expertise France), des projets complémentaires viennent s’agréger pour alimenter ces futurs hôpitaux (structuration des services d’urgences, création de formations initiales et continues en lien avec les Universités et le MESRSI, etc).
On a un projet qui me semble aussi très important sur le cancer du col de l’utérus mené par le programme national de lutte contre le cancer du ministère de la Santé, en collaboration avec l’ONG française SOLTHIS et Expertise France.Le cancer du col, qui est le principal cancer en Guinée. C’est un cancer qui touche évidemment les femmes. Et c’est le seul qu’on peut éradiquer. Donc, il y a un vrai engouement aussi pour le travail qui est fait autour du cancer. On peut l’éradiquer notamment parce qu’en plus de la partie diagnostic et traitement qui existent, il y a un vaccin qui existe. C’est un vaccin contre le HPV, c’est le papillomavirus humain, qui n’est pas aujourd’hui disponible en Guinée pour l’instant. Et c’est aussi un travail qui est fait par le gouvernement pour essayer de trouver des financements et une pérennisation de l’introduction de ce type de vaccin.
En termes de budget, quel montant est alloué par la France à la Guinée pour soutenir les projets de santé ?
Alors, il y a la construction des 4 hôpitaux, qui est le projet collaboratif le plus important aujourd’hui (environ 200 M€). Ensuite, il y a plein d’autres. Le portefeuille santé entre la Guinée et la France consiste en une cinquantaine de projets en cours, soit plus de 60 millions d’euros sur le volet bilatéral. Alors, c’est difficile à estimer, sur le volet multilatéral, on peut considérer que c’est supérieur à 10 millions d’euros de contribution française en 2024. Donc, ça veut dire les principales contributions de la France dans les différents fonds multilatéraux en Guinée (Fonds mondial, GAVI, UNITAID, etc) sans compter les contributions aux budgets deses agences des Nations Unies (OMS, UNICEF, UNFPA, etc)
Quels ont été les résultats concrets de ces projets pour la population guinéenne ?
C’est une bonne question. Notre objectif, comme je l’ai dit, c’est de répondre aux besoins du ministère de la Santé. Si c’est un besoin qu’il exprime, c’est parce que c’est aussi un besoin de la population. L’objectif, c’est qu’on puisse répondre de manière le plus précisément possible à ces besoins pour que le ministère puisse, lui valoriser ce qui est fait et mettre en valeur le travail qu’il mène auprès de la population. Il y a énormément de projets.
On pourrait parler spécifiquement des différents projets. Mais je pense par exemple à un projet sur l’hygiène hospitalière, le projet Prévention et contrôle des infections (PCI), qui est financé par l’AFD et mené par Expertise France.
C’est un projet qui a permis notamment d’améliorer la manière dont l’hygiène est prise en compte dans les centres de santé. Il y avait des mauvaises pratiques dans certains centres de santé, pas dans tous. Ce projet a permis de redonner des bonnes pratiques, de peut-être former les gens dans plusieurs régions (Conakry, Kankan et N’zérékoré). Apprendre à se laver les mains, c’est un vrai travail quand on travaille dans un centre de santé. Changer les équipements de protection, mettre une blouse, etc. Avoir à disposition aussi du savon, des choses qui permettent de nettoyer, désinfecter, etc. Tout ça, ça paraît peut-être un petit peu anecdotique, mais c’est d’abordcomme cela qu’on evite des maladies et qu’on arrive à sauver des gens. Et c’est comme cela qu’on arrive à mieux travailler ensemble, que les patients aient confiance dans le système de santé,en ayant des bonnes pratiques de travail dans ces centres de santé.
En matière de formation et d’échange d’expertise, quels types de partenariats existent-ils entre des institutions françaises et guinéennes ?
Alors, on travaille généralement toujours avec des partenaires guinéens, évidemment, puisque c’est eux qui connaissent le mieux le terrain, qui savent le mieux comment il faut travailler. Cela peut être des acteurs institutionnels, par exemple les programmes nationaux qui dépendent du ministère de la Santé (pour le cancer, pour la maladie du sommeil). Ça peut aussi être des acteurs décentralisés, par exemple des universités, des hôpitaux, des centres de santé, ça peut être des centres de recherche aussi qui existent, je pense au Centre d’excellence africain.
Ça peut être des ONG aussi, des organisations communautaires. Par exemple on peut travailler avec des centres communautaires de prise en charge de certaines maladies. Quand je dis ‘On’, c’est soit les acteurs français, soit aussi les acteurs internationaux. Si je prends l’exemple du Fonds Mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, il y a un gros volet communautaire, comme la France contribue au Fonds Mondial, j’estime qu’on contribue aussi à cette relation communautaire. Ce sont des choses qu’on fait régulièrement, ça peut être aussi des acteurs internationaux comme le programme alimentaire mondial, le PAM, ou des ONG comme Solthis, qui est aussi un grand partenaire pour nous ici en Guinée.
En fait, on va identifier ou sélectionner entre guillemets les gens qui ont envie de travailler avec nous déjà, et puis ceux qui sont les mieux placés pour réaliser les activités qui sont dans le cadre de ce projet-là, toujours dans l’optique de répondre aux besoins des populations et donc du ministère de la Santé quand on nous interroge.
Que dire en matière de formations ?
Pour ce qui est des formations, elles ont comme ambitions de donner de nouvelles compétences aux ressources humaines en santé pour qu’elles puissent évoluer et dispenser des soins de qualité. Je peux peut-être mentionner deux projets. Un projet qui vise à faciliter la mobilité de médecins et de pharmaciens vers la France pour qu’ils puissent se spécialiser dans des domaines qui ne sont pas forcément disponibles en Guinée, parfois pas toujours dans la sous-région non plus. Donc, ça leur permet de venir en France continuer leurs études et puis revenir ensuite en Guinée pour travailler, potentiellement dans les hôpitaux qui vont se construire, mais en tout cas dans tous les centres de santé de manière générale.
Un autre exemple aussi est la création d’un master pour former des gestionnaires qui favoriseront la bonne gouvernance des centres de santé, l’optimisation des financements disponibles et contribueront à l’efficacité de la prise en charge de qualité des malades selon les normes les plus avancées.. C’est un projet qui est financé par l’AFD, l’Agence Française de Développement, qui s’appelle le projet Laptany. C’est un projet récent, c’est pour ça que je le mentionne aussi.C’est un master, pour avoir des cohortes de professionnels qui qui puissent occuper des postes de direction des affaires financières, de directeur d’hôpital, des adjoints, etc. Parce qu’aujourd’hui, ça n’existe pas. La médecine, c’est un sujet déjà très important, c’est déjà difficile. La gestion et l’organisation sont des domaines très spécifiques avec des compétences particulières, c’est donc très difficile de faire les deux en même temps, comme cela peut être le cas aujourd’hui.
Dans un autre domaine, je peux citer un projet sur les urgences aussi. Ça reste dans le domaine hospitalier, mais l’idée, c’est aussi de travailler sur la filière d’urgence. C’est une des priorités du ministère de la Santé. Comment prendre en charge correctement des gens qui ont en particulier des accidents de la route, mais aussi ceux qui viennent avec un paludisme grave ou avec une maladie avancée, comment on peut essayer de les sauver. Là, c’est plutôt structurer la filière des urgences, comment on travaille avec les autres centres de santé,. Il y a aussi tout un travail sur le SAMU qui n’est pas mené par nous, mais sur lequel on va essayer de collaborer pour justement avoir cette complémentarité.
Comment envisagez-vous l’évolution de cette collaboration dans les années à venir ?
Pour la France, la santé mondiale est une priorité. On estime que, comme beaucoup, tant que tout le monde entier n’est pas en bonne santé, on ne peut pas être en bonne santé chez nous, puisqu’il y a beaucoup de relations entre les populations. Évidemment, quand il y a une crise, et on l’a vu pendant la crise Ebola ou pendant la crise Covid, mais c’est vrai aussi pour d’autres maladies, Mpox par exemple. Surtout que beaucoup de pays ne sont pas préparés à subir ce genre d’épidémie. La COVID-19 a bloqué le monde entier. C’est quand même incroyable de penser qu’un si petit virus a mis à genoux des pays et des économies entières. Sans la santé il est impossible d’aller à l’école, de jouer, de travailler, de développer l’économie d’un pays.
La santé joue un rôle politique majeur aussi. La stratégie de la France en santé mondiale 2023-2027 décline justement nos orientations et nos ambitions dans ce domaine. Nous sommes un acteur international de premier plan. Nous voyons nos efforts comme un investissement, en effet ils nous paraissent indispensables pour que le monde réponde aux défis sanitaires auxquels nous faisons face aujourd’hui et demain : pénurie des ressources humaines, flux migratoires, dérèglement climatique, émergence de nouvelles maladies, inégalités sociales, couverture santé universelle, etc. Pour cela, nous restons fidèles à nos principes que sont les droits humains, l’universalité, la solidarité et l’équité.
La lutte contre la maladie du sommeil est un bon exemple de ce que le monde est capable de faire avec la science, le partage et la collaboration. Comme toutes les maladies tropicales négligées, elle bénéficie d’une faible attention de la part des pouvoirs publics et des financements internationaux.
Avec d’autres partenaires (les anglais par exemple), nous avons soutenu pendant longtemps le travail mené dans les pays pour tenter d’éviter les décès à cause de cette maladie, ainsi qu’une organisation internationale qui s’appelle initiative Médicaments pour les maladies négligées (DNDi). Elle développe de nouveaux médicaments contre certaines maladies tropicales négligées.
Et grâce à DNDi, si on reprend l’exemple de la maladie du sommeil, il y a eu plusieurs évolutions des médicaments jusqu’à aujourd’hui, où un nouveau médicament va arriver sur le marché. Il sera disponible en Guinée. La Guinée a participé à son évaluation, à son essai clinique.
Il faut aussi le mentionner, c’est aussi important de dire que la Guinée n’est pas que bénéficiaire de ce médicament, mais a participé à son développement. Et c’est aussi grâce au travail qui a été mené depuis 40 ans sur cette maladie du sommeil par les chercheurs et par le ministère de la Santé. Et ce médicament, c’est le premier qui va pouvoir se prendre par voie orale. On va pouvoir maintenant, quand on va aller voir les malades sur le terrain, dans les mangroves, dans les endroits isolés, aller les voir, les tester, vérifier s’ils sont malades. Et s’ils sont malades, on va leur donner le médicament directement, ce qui n’est pas possible aujourd’hui. Aujourd’hui, il faut bien se rendre compte que quand on a fait de la pirogue pour aller chercher ces gens-là un peu dans des endroits reculés, il faut ensuite les ramener au centre de santé, faire les tests, il faut le garder une journée entière, et ensuite il faut le ramener chez lui.
Et donc s’il est malade, il faut ensuite revenir le chercher pour qu’il prenne son traitement, qu’il soit hospitalisé, etc. C’est une révolution qui n’aurait pas été possible sans ce travail de terrain accompagné par DNDi et d’autres partenairesEt ça, ce sont des organisations qu’on soutient, comme d’autres acteurs français qui ont été directement impliqués (Sanofi, IRD, Institut Pasteur, etc)
Parlant justement de la maladie du sommeil, la Guinée vient d’obtenir un certificat pour avoir éliminé cette maladie dans le pays. Un commentaire ?
Sans vous contredire, je voudrais juste préciser que la maladie existe toujours en Guinée. Il y a eu 12 cas de la maladie de sommeil en 2024. Ce que l’OMS a certifié la semaine dernière, c’est l’élimination comme problème de santé publique. En fait, c’est une manière de dire que la Guinée a réussi à atteindre un certain seuil, en dessous duquel on considère que le nombre de cas est suffisamment faible pour ne plus que ce soit un problème de santé publique.
Alors ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’y intéresser. Le risque c’est que maintenant qu’on a célébré, on a tendance à se dire que c’est gagné, c’est comme pendant la COVID en fait, quand on a été vacciné, on se dit bon c’est bon, c’est réglé, on enlève le masque, alors qu’en fait on peut toujours transmettre et on peut toujours être malade. Donc c’est un peu ça, c’est-à-dire qu’on a toujours des cas qui existent.
L’objectif final en 2030, c’est l’éradication. Ainsi, on n’aura plus de transmission à l’homme. On est sur la bonne voie, la Guinée est sur la bonne voie, et je voudrais vraiment féliciter le travail qui a été mené durant toutes ces années par la Guinée, par le programme national de lutte contre les maladies tropicales négligées, qui relève du ministère de la santé et de l’hygiène publique.
C’est un exploit, on peut le dire, c’est très satisfaisant, on est très heureux d’avoir pu aider le programme et le ministère de la santé, mais c’est vraiment une victoire guinéenne, il faut le dire. C’est le huitième pays qui élimine la maladie du sommeil, ce n’est pas tous les jours qu’on élimine une maladie dans un pays. Il faut vraiment s’en satisfaire, on est vraiment très heureux pour le ministère de la santé et pour le gouvernement guinéen, de pouvoir aussi avoir aidé à valoriser tout ce travail qui a été fait. Ce que je voulais dire aussi, et je pense que ça c’est important, c’est que les actualités nous montrent que le monde est complexe, et que dans beaucoup de cas on a besoin de résultats rapides.
Et je pense que ça c’est un très bel exemple de résultat lent, ce n’est pas péjoratif, c’est que quand on fait de la recherche, quand on fait de la science, quand on s’intéresse aux résultats du terrain, quand on travaille avec les communautés, ça prend du temps. Il faut avoir la confiance, il faut expliquer, il faut montrer, il faut chercher, il faut prouver, et ça c’est beaucoup plus difficile que de passer à la télé et de dire un peu tout et n’importe quoi et essayer de convaincre les gens que c’est bien. Ça c’est un travail de 40 ans. Ça veut dire que ça fait au moins 40 ans que la Guinée et que les autorités sanitaires guinéennes travaillent sur ce sujet-là, et c’est que 40 ans après qu’on arrive à avoir 12 cas en 2024.
Il faut savoir que dans les années 1950, il y avait plus de 10 000 cas en Guinée. Il y en avait à peu près une centaine au début des années 2000, et aujourd’hui on est à 12. Donc vous voyez, il faut du temps pour arriver à baisser le nombre.
Et maintenant, le plus dur est fait, mais il reste encore 12 cas. Et 12 cas, il faut aller les chercher. Donc il faut tester beaucoup de gens pour trouver ces 12 cas. Et à un moment donné, il faut que ces 12 cas, on arrive à les identifier pour les traiter et pour qu’au fur et à mesure, il n’y ait plus de cas. C’est un exemple aussi que la Guinée nous montre aujourd’hui. Il faut investir durablement dans la santé, dans la recherche. Ça prend du temps.
Il y a des actualités aujourd’hui qui sont très tristes, je dirais, en termes de coopération et de liens entre les peuples, liens entre les pays. Il y a une tendance au repli sur soi, parfois. C’est aussi un exemple, je pense, que la Guinée envoie au monde aujourd’hui,de dire qu’on a réussi, et on l’a fait aussi collectivement.
On a accepté de partager, de travailler avec des partenaires. Les partenaires ont accepté de venir travailler aussi avec nous. Les conditions ont été réunies.
Le programme national a été créé au tout début des années 2000. Il y avait très peu de partenaires au départ. Je pense qu’on était les seuls, peut-être. Et depuis, maintenant, on est à peu près à une quinzaine de partenaires qui travaillent avec le programme national et le ministère de la Santé. Donc c’est aussi, je pense, il faut s’en souvenir, un exemple d’ouverture. Quand on fait de la science, quand on travaille ensemble, on est capable de grandes choses comme celle-là. L’inverse, je crois, n’est pas possible.
Et l’autre point peut-être que je peux mentionner, c’est ce qu’on soutient aussi maintenant beaucoup, c’est la production locale de médicaments. C’est-à-dire qu’à un moment donné, et ça a été une demande forte des pays tout à fait légitimes pendant la crise Covid, c’est que les médicaments sont souvent disponibles dans des pays riches, et quand tout le monde en a besoin, ils sont moins disponibles dans les pays les plus pauvres. Donc ce qu’on soutient aujourd’hui, et ce qui est dans la stratégie aussi en santé mondiale de la France, c’est de dire qu’on va aussi accompagner le transfert de technologies pour que la Guinée ou d’autres pays aujourd’hui soient capables eux-mêmes de développer et produire leurs propres médicaments, dont ceux-là qui sont nécessaires en Guinée.
Votre mot de la fin ?
Juste dire que les relations entre la Guinée et la France en santé sont historiques et importantes. Historiques, parce que l’institut Pasteur de Kindia, créé dans les années 1920, à Pastoria plus précisement, qui a été un centre de très haut niveau pendant longtemps, existe toujours (IRBAG aujourd’hui dont le centenaire a été fêté il y a peu). C’est aussi pour dire que la Guinée a développé des capacités de recherche et de formation importantes.
Et je voulais dire qu’il y a un travail de fond qui est fait aujourd’hui par le ministre de la Santé et par son équipe. On parlait de l’impact des projets pour les populations. 40 ans après, une grande partie de la population ne meurt plus de la maladie du sommeil, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. La Guinée était l’un des pays les plus touchés par la maladie du sommeil il y a quelques années. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Ça, c’est un impact réel. Mais cet impact, il se mesure sur 40 ans. Si vous me dites, votre projet, quel est son impact ? Je vais pouvoir vous dire, on va construire des hôpitaux, ça c’est un impact.
Quand ceshôpitaux fonctionneront, la population verra la différence. Mais il y a des projets par exemple sur la santé des mères et des enfants, sur la couverture santé, sur la vaccination, etc. Ça, ce sontdes projets de long terme. On va impulser une dynamique pour que les femmes et les enfants meurent moins, que les femmes meurent moins quand elles accouchent, qu’elles aient des poches de sang quand elles ont besoin de sang. Mais ça, ce sont des résultats qu’on ne peut pas obtenir en un an ou en deux ans, mais c’est peut-être dans 20 ans que nous verrons des améliorations sur les indicateurs de santé du pays et que la population ressentira les effets.
C’est là-dessus que je voudrais insister et saluer le travail qui est fait par le ministère de la Santé. Parce que ce n’est pas toujours évident quand on est en plus dans une période de transition ou de refondation. C’est-à-dire qu’on a des objectifs qui sont à court terme, évidemment.
Je pense que le ministre de la Santé a bien compris ce sujet. Il a intégré aussi le fait que les résultats que les populations pourront avoir dans 20 ans sont aussi ceux qu’il aura initié. Et donc, il faut saluer ce travail de fond. Il s’est attaqué à des sujets très difficiles sur le code de santé publique, sur la refondation du système sanitaire aussi, de la carte sanitaire, etc. Ça ne se voit pas forcément, mais c’est la fondation de toutes les autres victoires qui seront engrangées par la Guinée dans les prochaines années.
Par Ciré BALDE et Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
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