Une vingtaine de stagiaires renforcent depuis ce lundi 13 février leurs capacités en matière de ciblage et contrôle des conteneurs. La formation qui se tient à Yopougon, s’étendra jusqu’au 16 février prochain est financée par la coopération française et exécutée par l’Etat ivoirien, à travers de l’Institut de sécurité maritime interrégional (ISMI) et de l’Académie régionale des sciences et techniques de la mer (ARSTM).
L’organisation de ce séminaire a pour objectif d’offrir un cadre pour le renforcement des capacités des structures et services en charge du recueil, de l’analyse et du traitement de renseignements en vue du ciblage des opérations à risques sur les conteneurs.
Ce séminaire vise à identifier les menaces et risques de criminalité portuaires spécifiques au golfe de Guinée, renforcer les capacités des équipes dédiées au ciblage des opérations à risques sur les conteneurs, et aux équipes dédiées au contrôle et à la fouille des conteneurs.
Il permettra, à l’issue des travaux, de faire le point sur les dispositifs de contrôle existant sur le plan juridique, sur les structures exigeante en matière de partage de d’information et de coordination de d’action des services, avec un focus particulier sur le trafic de faux médicaments, selon les organisateurs.
Le lieutenant-colonel Abé Aké Lazare, le directeur de l’ISMI, a souhaité la bienvenue aux participants, venant de 14 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, dont les connaissances contribueront à la promotion d’une économie maritime prospère, sûre et sécurisée.
‘’Cette formation regroupe une vingtaine de participants originaires des Etats de la CEDEAO et de la CEEAC. C’est la première formation de l’année 2023 de l’ISMI après une année 2022 extrêmement chargée qui a permis l’organisation de 26 sessions de formation regroupant 568 auditeurs en provenance des Etats du golfe de Guinée dont 14 pays de l’Afrique de l’Ouest, 5 de l’Afrique centrale et 1 de l’Afrique de l’Est’’, indique-t-il dans son discours de circonstances.
Il déclare que ‘’ce travail colossal a valu à l’ISMI d’être félicité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies à sa 9050ème session, à travers la résolution 2634 (2022), adoptée le 31 mai 2022 qui invite les Etats du golfe de Guinée ainsi que les différentes parties prenantes à redoubler d’efforts en vue de l’éradication de la criminalité maritime dans le golfe de Guinée’’.
Le lieutenant-colonel Lazare a exprimé ses remerciements à l’endroit de la coopération française toute ‘’notre gratitude pour la contribution exceptionnelle de la France pour faire de l’ISMI un centre d’excellence, mais aussi et surtout un symbole fort de coopération entre la France et la Côte d’lvoire au bénéfice de la sous-région Ouest et centre-africaine’’.
Rappelant qu’en Afrique de l’0uest et du Centre, les ports sont le principal point d’entrée et de sortie des flux de marchandises, et à moindre échelle, des personnes, le directeur de l’ISMI a souligné que ‘’leur importance est stratégique pour l’économie africaine’’, avant d’ajouter que ‘’l’efficacité d’une stratégie globale de sécurisation repose sur les moyens opérationnels et l’adoption d’un cadre juridique adéquat, mais également sur la capacité des différents acteurs à collecter, analyser et diffuser l’information afin de cibler les risques, définir des stratégies de lutte et orienter les interventions’’.
Il a exhorté les participants à s’approprier du contenu de la formation afin d’être mieux outillés pour un contrôle plus efficace des flux de circulation des marchandises à travers les différents ports.
L’administrateur en chef des affaires maritimes Hervé Moussaron, chef du projet de coopération française à l’ISMI, a pour sa part précisé que le choix du thème sur le ciblage et le contrôle des conteneurs est loin d’être le fruit du hasard. Il a rappelé aux participants qu’en matière de sécurité maritime, et dans un monde globalisé, la maitrise des flux des marchandises est un enjeu vital.
Il affirme que ‘’la conteneurisation est devenue le vecteur principal de transport de marchandises dans le monde. Aujourd’hui, 800% du transport de marchandises dans le monde passe par la voie des conteneurs. Malgré les conflits, les commandes de navires porte-conteneurs ne tarissent pas. Elles sont de l’ordre 200 cette année, le double de 2020 et toujours aussi gros, les PC dépassant les 20 000 EVP sont devenus monnaie courante’’.
Il fait remarquer que les trafics frauduleux de tout genre s’adaptent à une vitesse impressionnante à la conteneurisation des flux de marchandises, à commencer par le trafic de taux médicaments. Ce trafic de faux médicaments est la cause de plus de 10 009 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour illustrer ses propos, il affirme qu’en paraphrasant le président du Togo, que ‘’l’ampleur du trafic est telle que, selon l’Organisation mondiale de la santé, la proportion de faux médicaments représenterait sur notre continent 60% des produits médicaux en circulation’’.
Selon un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié le mardi 31 janvier dernier, jusqu’à 50 % des médicaments dans des pays du Sahel sont de qualité inférieure à la norme ou falsifiés. Et même s’il n’y a pas de données fiables sur toutes les quantités objet de trafic suivant des formes et des voies variées dans les pays du Sahel, les études indiquent un pourcentage de médicaments de qualité inférieure ou falsifiés sur le marché allant de 19 % à 50%.
Hervé Moussaron soutient que ce rapport prouve à suffisance que la fouille des conteneurs est une étape essentielle. Car une fois, cette étape passée, la marchandise poursuit sa route et devient très facile à contrôler.
Au-delà de l’approfondissement de leurs connaissances, les stagiaires mettront la formation à profit pour partager de bonnes pratiques en matière de contrôle et ciblage des conteneurs.