[dropcap]D[/dropcap]ans le dossier judiciaire relatif à l’histoire de détournement de deniers publics concernant une ministre, Tibou Kamara avait eu l’outrecuidance de dire que le procureur de la République, Alpha Seny Camara, était allé au-delà des instructions qu’il avait reçues en ouvrant une information judiciaire pour détournement de deniers publics. Aucun magistrat n’avait levé le petit doigt.
Plus tard, il avait déclaré que le procureur est au service du gouvernement. Aucun magistrat n’a réagi pour contredire cette déclaration mensongère. Il a donc pensé qu’il a le droit de s’en prendre à tous les acteurs du monde judiciaire.
Si les magistrats avaient rappelé à l’ordre Tibou Kamara, il se serait gardé d’intervenir sur les questions juridiques et judiciaires pour lesquelles il n’a aucune qualification. Il est vrai que chacun se prend pour un juriste en Guinée. Mais il y a une limite à tout.
Dans tous les cas, la réaction de sieur Tibou s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Celui qui a été conseiller d’un des plus grands dictateurs de l’Afrique de l’Ouest, Yaya Jammey, et qui est ministre d’un autre dictateur, ne peut qu’être effarouché par la déclaration du Barreau. Les dictateurs et les amis des dictateurs n’aiment pas les défenseurs des droits de l’homme.
La tribune de Tibou Kamara doit interpeller le Barreau de Guinée. Un Barreau ne doit pas chercher à plaire à un gouvernement. Les avocats à travers leur Barreau constituent le dernier rempart contre l’arbitraire. C’est pourquoi, ils ne font pas bon ménage avec les pouvoirs qui promeuvent l’injustice et piétinent les droits des citoyens.
Le Barreau devrait, en étant le plus objectif possible, prendre position sur toutes les questions nationales de nature juridique ou à incidence juridique. Aussi longtemps que les avocats de Guinée se tairont sur l’arbitraire et les atteintes à la loi, Tibou Kamara ne dira absolument rien.
Sa dernière tribune vise justement à confiner le Barreau dans le silence en violation flagrante de sa vocation de protecteur des droits de l’homme. Les avocats ne doivent accepter pour aucun motif cette démission.
Sékou KOUNDOUNO
Responsable des stratégies et planification du FNDC
Membre Balai Citoyen
Membre AFRIKKI