[dropcap]S[/dropcap]ékou Touré est le père de l’indépendance de la Guinée, mais il y a l’évidence qu’il fut aussi un chef sanguinaire qui fit souffrir sa nation pendant 26 ans.

Sékou Touré, père de l’indépendance, mais sans rien exagérer. Car sans lui, la Guinée n’aurait quand même pas échappé à l’ère des indépendances qui sonnait dans les années cinquante (50).

La Guinée n’aurait non seulement pas échappé à son indépendance, mais c’est qu’elle l’aurait même eue de la manière moins conflictuelle que celle proclamée le 2 octobre 1958.

Sékou Touré fut un personnage politique important dans le processus de l’indépendance de la Guinée, cependant sa personnalité n’y fut un facteur déterminant.

Un autre facteur, celui-là que provoqua la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945, fut crucial. Ce facteur permit de mettre fin aux politiques de colonisation menées par les impérialistes.

La fin de la deuxième guerre mondiale sonna comme un véritable boum de liberté pour beaucoup de pays, notamment ceux – là qui se trouvaient encore sous la domination de l’impérialisme occidental.

En fait, pendant la seconde guerre mondiale, les occidentaux qui se réunirent et souffrirent pour battre Hitler, comprirent enfin que la liberté était une valeur hyper-précieuse.

Hitler annexa presque toute l’Europe, et en France particulièrement, il s’y installa en confisquant la liberté aux français.

Le front commun contre Hitler, il en résulta une grande victoire. Une victoire d’une saveur très particulière.

Autrement dit, la victoire sur l’Allemagne d’Hitler fit réfléchir les impérialistes (qui avaient des colonies en Afrique, en Asie, et en Amérique du sud, etc..), qu’être libre n’était pas réservé seulement à une catégorie de gens, mais à l’être humain tout simplement, d’où qu’il vienne. C’est ainsi qu’il fut question de la décolonisation.

Cela dit, en réalité, ce n’est pas la sagesse de Mahatma Gandhi qui découragea l’empire britannique de quitter l’Inde en lui cédant son indépendance, mais l’effet de la ‘’fessée’’ qu’Hitler donna aux occidentaux pendant la deuxième guerre mondiale.

Quand dans les années 50, Général De Gaulle fit la tournée en Afrique francophone avec sa proposition de l’indépendance, ce n’était parce que les africains ou leurs résistances avaient impressionné la France par une lutte quelconque. Non! Mais c’est parce que les français avaient compris, après la libération de Paris de l’invasion allemande, que rien n’était plus précieux que la liberté pour un peuple.

Ce n’était donc ni ‘’la non-violence’’ de Gandhi qui donna l’indépendance à l’Inde, ni le charisme de Sékou Touré qui triompha le 28 septembre 1958 à Conakry, mais la prise de conscience des occidentaux exprimée en : ‘’Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse’’.

Sékou Toure, bien ! Mais pas si bien que ça !  Vingt-six années de son règne furent du temps perdu, du moins, dans l’angle du développement politique, économique et social.

Naby Laye Camara
Depuis Bruxelles (Belgique)