[dropcap]V[/dropcap]raisemblablement, Alpha Condé n’est plus disposé à cautionner les bavures ou autres ratés tant politiques, économiques que sociaux. C’est du moins l’attitude que celui qui a bouffé cru ses opposants lors du scrutin présidentiel du 11 octobre dernier semble avoir prise depuis quelques mois.
Dans l’intervalle de 50 jours seulement, voilà que le chef de l’Exécutif ne titube point quant à la prise de sanctions des hauts perchés de l’Etat. Une démarche qui laisse entrevoir la rigueur qui va probablement caractériser le second quinquennat de l’opposant historique devenu chef de l’Etat.
Et une vague de sanctions s’abat sur Conakry !
Au commencement, survint, au lendemain de sa réélection pour une seconde mandature, une suspension de responsables de la Radiodiffusion télévision guinéenne (Rtg). Tombée telle un couperet, la nouvelle met à l’écart des affaires courantes de cette institution, son directeur général, Yamoussa Sidibé. Le malheur ne venant pas seul, le DG de la boite remorquera par devers lui le directeur général de la télévision nationale (Koloma), Fodé Tass Sylla, par ailleurs chef de l’unité de la communication à la Coordination nationale de riposte à Ebola, suivi à son tour du sieur et Ismaël Traoré, directeur national des services de diffusion.
Même si dans sa teneur, la décision mentionne de fautes lourdes sans pour autant indiquer lesquelles, l’opinion publique nationale s’est accordée sur le fait que la Rtg ait été incapable de retransmettre en direct la publication, un soir de samedi 17 octobre, par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), des résultats du vote du 11 octobre.
L’ouragan s’invite dans la case des religieux et de la Police pour y laisser des traces
Le silence devant un crime a ses implications dans le crime commis, nous enseigne un dicton. Et cette citation semble avoir bien inspiré Alpha Condé, même s’il a agi en médecin après la mort, à la suite de la tuerie barbare de deux citoyens à Touba, dans la préfecture de Gaoual, autour de la construction controversée d’une mosquée dans la localité. C’est pourquoi, dans la soirée du jeudi 19 novembre, il a demis de leurs fonctions le ministre de l’Intérieur, Mahmoud Cissé, -tenez-vous bien, 4e ministre à la tête de ce département depuis son élection en 2010-, le secrétaire général aux Affaires religieuses El hadj Abdoulaye Diassy, ainsi que l’adjoint à celui-ci, Elhadj Aboubacar Fofana, pour fautes lourdes, selon le terme ‘‘consacré’’. Une autre série de sanctions intervenue alors que la formation d’un nouveau gouvernement est attendue par les Guinéens.
Le Préfet de Kouroussa et d’autres commis de l’Etat également révoqués
Dans un communiqué de la Présidence relayé par la radio nationale, le gouvernement Condé a annoncé certaines « mesures disciplinaires conservatoires », au lendemain de l’attaque de la prison de Kouroussa, qui s’est soldée dimanche par la mort de quatre prisonniers extirpés de leur cellule de détention. A la suite donc des violences meurtrières survenues l’autre semaine à Kouroussa, dans la région de Kankan, le préfet, Dramane Condé, le chef d’Escadron de la gendarmerie, le commandant Mohamed Wonkifong Camara et le commissaire central de police de Kouroussa, le commissaire divisionnaire Alhassane Baldé, ont été révoqués de leurs fonctions, pour fautes lourdes, a souligné l’acte présidentiel. Quant au juge de paix de ladite préfecture, il a été suspendu et le Conseil supérieur de la magistrature a été saisi pour éventuellement se pencher sur son sort. A l’origine de ces émeutes, quatre détenus, accusés d’être impliqués dans le meurtre d’un vendeur d’or à Siguiri, ont été extraits de la prison et brûlés vifs par la population en furie.
Plusieurs autres cadres également chicotés à l’Enseignement technique, aux Finances et à l’Enseignement supérieur
La colère du président de la République ne finit pas de s’abattre sur des cadres de l’administration publique. Faut-il y voir le reflet d’un changement de méthode dans la gouvernance du président Alpha Condé ? Rien n’est moins sûr, puisque pas plus tard qu’hier lundi 7 décembre encore, il a limogé des cadres du ministère de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, celui de l’Economie et des finances et aussi le recteur de l’université Julius Nyerere de Kankan.
Ce sont: Ibrahima Camara, vétérinaire, secrétaire général du ministre de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi, Sékou Kourouma, ingénieur génie civil, chef service infrastructures, équipements et maintenance au même département, Fodé Samoura, chef sécurité, défense et justice à la direction nationale des marchés publics au ministère de l’Economie et des finances, Mamadou Saidou Baldé, chef section études à la direction nationale des marchés publics, Elhadj Bandjan Camara, chargé d’études à la direction nationale au ministère de l’économie.
A ces limogeages, s’ajoute la suspension du recteur de l’Université Julius Nyerere de Kankan. Dr Idrissa Magassouba, puisqu’il s’agit de lui, a aussi payé les frais de graves fautes qui, cependant, restent à la discrétion exclusive du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Bailo Telliwel Diallo et de son mentor de président Condé.
Tout de même, un bras de fer opposait depuis un certain temps les autorités du rectorat au personnel enseignant. Une crise qui a même conduit en prisons des cadres dont le chef de département philosophie, ainsi que le chef des services de la scolarité. Toute chose ayant entrainé un léger retard dans le démarrage effectif des cours au sein de cette troisième grande université du pays.
Mady Bangoura pour VisionGuinee.Info
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Il redevient notre président à tous. Bon boulot mais il faut aller jusqu’au bout, il faudrait par exemple établir un tribunal administratif pour établir la part des choses. Quel droit pour ces administrateurs?