[dropcap]D[/dropcap]écidément, Conakry est la capitale de tous les paradoxes. Ce qui n’en vaut pas la peine ailleurs peut valablement y faire force de loi. Le cas le plus illustratif remonte à ce mardi 8 mars, lors de la réception du président rwandais Paul Kagamé à Conakry.

Comme toujours, à la veille, une liste d’officiels devant prendre part au cérémonial d’accueil de l’hôte des autorités de Conakry a été rendue publique sur les ondes des médias d’Etat. Parmi eux, les présidents des institutions républicaines, les membres du gouvernement, les partenaires au développement, ainsi que les représentants de missions diplomatiques et consulaires accréditées au pays.

Bien avant 14H déjà, tous ces officiels ou presque étaient sur place, à Gbessia. Retranchés dans une pièce où seuls quelque 10% avaient droit à des places assises, ils s’y relevaient, tels des soldats en faction, les uns après les autres, suite à la fatigue causée par l’attente prolongée. Parce que celui qui était annoncé pour 15H n’aura finalement foulé le tarmac de l’aéroport de Conakry qu’à 17H.

Or, à sa descente d’avion, Paul Kagamé, avec son visage habituellement ferme, serein et sérieux, n’a eu que des poignées de mains avec les personnalités venues à sa réception. Pas plus !

A ce désagrément, s’ajoute le calvaire vécu par les pauvres populations à cause de ces innombrables embouteillages formés dans la circulation routière quand certaines issues sont bouclées à l’avantage d’autres, parce que le pays reçoit un hôte de marque.

Une situation qui amène à s’interroger pourquoi il faut mobiliser tout le monde pour des choses qui n’en valent pas la peine. Espérons qu’à l’avenir, le protocole des Affaires étrangères sera en mesure de se mettre en rapport avec son homologue du pays du président visitant pour parer à un tel disconvenu.

Avec sa forme d’entonnoir caractérisée par des mouvements monotones à sens unique suite à une mauvaise politique d’urbanisation, de déconcentration et de décentralisation, si Conakry n’existait, il fallait absolument la créer : tout simplement, parce qu’elle le mérite.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info

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