[dropcap]E[/dropcap]n janvier je vous disais que dorénavant, je pouvais me torcher le cul avec mon Doctorat en Communication. Rien à cirer de se prévaloir d’une thèse si le premier des braillards peut se vanter d’être mon patron. Oui, le criard haut-parleur perché et percé du RPG avait pris du galon. Nos oreilles elles vont en prendre pour leur grade, tonton. Oui, on veut nous faire danser du Makaréna dis-donc. Bêta Grimpeur ne pouvait pas mieux cracher sur ma vocation.
Mes années de plonge et mes réveils à 5h du mat’, pour pointer dans une station, est une vulgaire histoire de salon. Je parle en mon nom, mais aussi au nom de tous les jeunes Guinéens qui suent pour se bâtir une solide formation. Il ne sert à rien de s’emmerder pour grimper les échelons. Trouvez-vous une bonne radiodiffusion. Alignez deux trois phrases alambiquées en canon. Assurez-vous que vous sucez sec les chaussettes trouées du chefaillon. C’est bon, vous êtes en pole position de la liste du gouvernement de mission. Makaréna Kaké-teur nous donne le meilleur des filons. Les caboches fielleuses de nos gouvernants prouvent, une fois de plus, que la Guinée préfère à ces matières grises de gueulards larrons.
Dans ce bled à la con, ce sont les compétents qui doivent demander pardon. Dans ce merdier qui nous sert de pays, avec votre cerveau critique vous passez pour un con. Nos ministres sont dans les rayons et une fois de plus c’est le peuple qui est couillon. C’est lui qui avalera des couleuvres dans ses obscures maisons. Tandis que pour les avortons d’opportunistes, la pomme sera de toutes les saisons.
Pour en revenir au mystère d’excommuniassions, après l’impromptu Ces airs Trop Bas, voici l’inattendu Makaréna. Chapeau bien bas au Grimpeur de Bêta. Cet accident de nomination aurait pu nous laisser sans voix. Mais, si je la ferme, j’aurais été le mauvais élève du bois. Alors, faites comme moi, agitez-vous, hurlez toute la sueur de votre poids. Si un décret ne vous fait pas roi, vous vous en sortirez au moins avec une petite noix. Défendez l’indéfendable bilan et vous émargez au nom de l’Etat. Ce qui importe, ce n’est le service rendu à la loi, mais de faire le bon choix. Celui d’obéir au körö au doigt et à l’œil. C’est cela finalement qui paie. On n’en a rien à foutre de votre engagement au service des âmes du peuple qu’on cueille. Comme de vulgaires fruits d’un champ abandonné sur lequel personne ne veille. Comme il sera doux et plein de merveilles votre réveil ! Le temps que votre langue se repose de ses gueulantes que vous êtes bombardé ministre. C’est dans les poubelles de la démagogie que notre République extraie ses pitres. Ceux dont les clowneries nous sont servies comme un de ces infectes cidres en interminables litres.
Au secours Mandian Sidibé, le peuple a besoin de ta verve déliée. Face à leur dédain délivré, nous avons besoin de nous enivrer à la source inaltérable de ta liberté illimitée. Bêta Grimpeur ne pouvait plus mépriser les communicateurs de la cité. Celui qui ressemblait presque à un rat de studio des médias est à présent celui qui est censé leur dicter sa volonté. Lui que souvent certains journalistes appelaient dans une leur émission huppée, quand ils n’avaient personne à faire invectiver. Quand on était en panne d’invité pour faire respecter le fameux équilibre journalistique aspiré. L’invité de dernière minute devient le VIP requinqué.
Oui, chers auditeurs, alors qu’il n’était pas ministre, déjà qu’il nous avait assez saoulé, je ne sais pas ce qui adviendra désormais de nos tympans infectés. Sa voix irritante, qui se balade entre des octaves aigues et des gammes graves et gavantes, prompt à exaspérer la plus compréhensive des galantes, sa langue française abâtardie et incroyablement branlante, voilà notre curieux horizon d’attente. Ainsi se dessine l’avenir immédiat de notre profession frappée de déliquescence latente. Bêta Grimpeur nous aura marqué au fer rouge d’une négation patente.
Le message de dénigrement de notre corporation scintille de milliers sarcasmes attisés. Dis-moi qui est ton patron je te dirais ce que tu vaux dans ce que tu fais. A moins que la mission qui est confiée au nouveau ministre soit de faire de nous des décervelés.
Dans la perspective des échéances pointées, des médias bâillonnés, une liberté d’expression surveillée, des professionnels de la communication contrôlés, ça ne fera que l’affaire de Bêta Grimpeur et de sa gouvernance ratée. Mais, c’est peut-être le lieu de rappeler que nos gueules ne sont ni à museler ni à soudoyer. Nous vibrons, nous vivrons de la dose de liberté de la femme qui fout à son violeur un coup de genou dans les burnes baveuses. En récompensant quelques piaillards du RPG, ces hurleurs de dimanche ne peuvent impressionner nos plumes pulpeuses. Que notre nouveau ministre sache que s’il nous enquiquine trop, on lui concocte un con p’tit débat avec Ousmane Gaoual qui lui fera une fête bien juteuse. Mais puisque je sais qu’un ministre abêti en vaut peu, en attendant je ferme ma gueule et je dégage !
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