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Si seulement j’étais le Général Mamadi Doumbouya (Par Dr Ibrahima Chérif)

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Soutra

Depuis plusieurs décennies, la Guinée traverse une trajectoire politique marquée par les coups d’État militaires successifs, notamment en 1984, 2008 et 2021. Dans ce contexte complexe, tous ces coups d’État ont constitué un recul pour la démocratie et le développement de la Guinée. 

Depuis l’arrivée du Général Mamadi Doumbouya en 2021, il est honnête de reconnaître certains changements qualitatifs et quantitatifs orientés vers le développement. Cependant, des dérives demeurent, notamment en ce qui concerne le respect des droits humains et d’autres aspects de la gouvernance.

Son accession au pouvoir suscite à la fois espoir et interrogation. Le peuple guinéen attend de ses dirigeants non seulement des décisions efficaces pour le développement économique et social, mais aussi le respect des engagements pris et de la parole donnée.

Si seulement j’étais le Général Doumbouya, ma priorité principale serait de respecter mon serment et de garantir l’alternance politique, en évitant toute tentation de se présenter aux élections présidentielles. Une telle décision, loin d’être purement symbolique, constituerait un acte de responsabilité historique et morale, capable de renforcer la confiance des citoyens et de consolider la démocratie.

L’importance de la parole et du serment dans le leadership

Le leadership ne se mesure pas seulement à la capacité de conquérir le pouvoir politique, mais surtout à celle de tenir sa parole et de respecter les engagements pris envers la nation. À la suite d’un coup d’État, la légitimité d’un dirigeant dépend avant tout de la confiance du peuple et de la reconnaissance de la communauté internationale.

Le serment de respecter la charte de la transition et d’assurer un retour à l’ordre constitutionnel demeure la principale garantie contre l’arbitraire et l’instabilité prolongée.

Négliger ce serment entraîne des conséquences graves : affaiblissement des institutions, perte de crédibilité nationale et internationale, et risques accrus de tensions sociales pouvant mener à des conflits. À l’inverse, le respect sincère de la parole donnée renforce la cohésion nationale, consolide les institutions et favorise un développement démocratique durable.

À la place du Général Doumbouya

Si j’étais le Général Doumbouya, mes choix se baseraient sur trois principes fondamentaux.

Premièrement, je ne me présenterais pas aux élections présidentielles comme l’a dit dès la prise du pouvoir, permettant ainsi l’organisation d’un scrutin libre, transparent et crédible, véritable reflet de la volonté populaire.

Deuxièmement, je m’emploierais à renforcer les institutions pour qu’elles deviennent autonomes, efficaces et crédibles, capables de gérer le pays de manière indépendante et de garantir la continuité de l’État sans dépendre d’un individu.

Troisièmement, je pratiquerais une communication transparente, exposant clairement mes décisions et la stratégie de sortie du pouvoir, tout en impliquant activement la société civile, les partis politiques et la communauté internationale dans la transition.

Ces décisions, guidées par le respect de la parole donnée et la vision d’une Guinée démocratique, enverraient un message puissant comme le pouvoir n’est pas un privilège personnel, mais une responsabilité sacrée envers le peuple.

Les contraintes et défis du pouvoir

Respecter son serment et quitter volontairement le pouvoir n’est jamais simple dans le paysage politique guinéen. Il serait donc crucial d’écouter votre conscience et votre cœur, car, en fin de compte, vous serez seul responsable de vos choix devant le peuple.

Il est important de revenir à l’histoire du pays pour comprendre les aléas des transitions guinéennes. Il ne faut pas considérer tout le monde comme ami ni tout le monde comme ennemi. Cependant, des individus induisent le chef en erreur dans l’espoir de garder leurs propres intérêts et privilèges. Un chef éclairé repose sur la prudence, le discernement et le respect de l’intérêt national avant toute ambition personnelle.

Face à cette complicité, plusieurs obstacles peuvent se dresser ; des pressions internes encourageant à rester au pouvoir pour des intérêts politiques ou économiques, des tentations de légitimation par la force au nom de la stabilité ou de la sécurité nationale, et des influences extérieures souhaitant orienter le pouvoir selon leurs propres intérêts.

Faire face à ces défis exige un leadership courageux et visionnaire, capable de placer l’intérêt national au-dessus des ambitions personnelles. Un tel leadership démontrerait que l’alternance politique n’est pas une faiblesse mais une condition essentielle pour bâtir une Guinée stable, démocratique et prospère, où le pouvoir sert le peuple et non l’inverse.

À l’instar de tout ce que je viens d’évoquer, si seulement j’étais le ‘’Général Mamadi Doumbouya’’, mais la seule question qui me troublerait serait : À qui reviendra la responsabilité de porter le mandat présidentiel parmi des acteurs politiques qui ne nous inspirent pas confiance, alors que certains sont absents de la scène ? Le général Mamadi Doumbouya peut-il dans l’intérêt supérieur de la Guinée se présenter légitimement à cette élection ?

La décision revient au peuple de Guinée…

Dr Ibrahima CHERIF

Politologue

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