[dropcap]R[/dropcap]ien ne va plus entre le maire de Siguiri Aboubacar Sidiki Traoré et le comité directeur du Rpg Arc-en-ciel dans sa localité. Lundi 23 mai alors qu’il était dans son bureau, il a été agressé par des jeunes. Son véhicule caillassé et le contenu de sa maison mis sens dessus dessous.
Dans ce bras de fer qui dure depuis plusieurs mois, le député uninominal de Siguiri, Sékou Savané du Rpg Arc-en-ciel est pointé du doigt. Le mis en cause, lui, s’en défend et estime que la crise ne peut trouver une solution sans l’intervention du président Alpha Condé qu’il reproche d’ailleurs d’avoir délaissé les populations de Siguiri. Il livre sa version des faits dans “Le quotidien”. Lisez !
Aboubacar Sidiki Traoré, maire imposé par le régime Condé
C’est un maire imposé par le pouvoir central. Ce que je vais vous dire, la réunion du Bureau politique national a eu lieu jeudi dernier à Sékoutoureyah. Quand on a posé le problème d’installation de la délégation spéciale de Siguiri, le président a dit qu’il ne s’est jamais opposé à cela. Il a appelé Bouréma Condé et lui a dit d’installer la nouvelle délégation spéciale de Siguiri.
Vendredi dernier, quand le préfet a tenté d’installer la délégation, il a été empêché. Le lendemain, le préfet a appelé les sages pour leur expliquer que le lundi, il allait installer la nouvelle délégation. Colonel Fodé, le doyen de la ville de Siguiri, a dit qu’il vient de quitter Conakry à l’occasion de l’investiture du président de la République et que celui-ci lui a dit qu’il n’y aura pas d’installation de Sidiki parce qu’Adama Cissé et Sékou Savané ont accepté l’élection. Maintenant, c’est à vous en tant que journalistes, c’est à vous d’allumer vos torches pour chercher la vérité.
Genèse du conflit
Ce conflit est né du décret du 20 janvier. Un jour, on était avec le président. Nous, députés de la mouvance. Mamadou Diawara de PTS a dit au président ‘Savané est là, il se cache de toi’. Le président lui a dit ‘il faut laisser Savané, le jour je vais composer mon gouvernement, Savané va se mettre à compter le nombre de ministres originaires de Siguiri et ceux de Kankan. Si les deux nombres ne correspondent pas, il va me déclare la guerre’. Fin de citation. C’était le 11 janvier. Le 20 janvier, le président installe son gouvernement, il a donné six ministères à Kankan et un seul ministère pour Siguiri. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux.
L’effort fourni par Siguiri, quand on analyse ça, j’ai demandé une audience au président pour manifester mon mécontentement. C’est ce qu’il ne fallait pas. C’est pourquoi Savané et son équipe sont décriés aujourd’hui par le président de la République.
Succession à la tête de la mairie de Siguiri
Après le décret du 20 janvier, le maire Nanamoudou Magassouba est décédé. Il était question de le remplacer. Le préfet nous a informés qu’il y a Aboubacar Sidiki Traoré qui veut être installé. Nous, on a dit non. Donc, on a dit au préfet qu’on doit respecter la loi. Il y a un vice-maire qui est en vie, il faut le prendre comme maire.
Ils ont dit qu’il faut faire une élection. Je n’étais pas là, quand on m’a informé, j’ai dit qu’ils ont tort. C’est Yamoussa Sylla qui devait être le maire automatiquement.
L’intervention d’Alpha Condé
Le président est venu à Siguiri, les militants du PUP se sont habillés en tenue jaune. Quand le président a commencé à dire la vérité, ils ont commencé à se déshabiller et jeter les T-shirts du RPG parce qu’ils estiment que le président défend le camp Savané. Par la suite, le préfet est allé à Kankan trouver le président. Ce dernier est revenu sur sa décision et a demandé d’installer Traoré. Il m’a dit que ses collègues qui sont à l’étranger le critiquent en disant qu’il n’est pas démocrate qu’il y a quelqu’un qui a été élu à Siguiri et que je refuse de l’installer.
J’ai dit au président qu’un petit Savané en face du président de la République, c’est la voix du président qui va passer. Ils ont installé Traoré en piétinant la loi.
Et vint l’accord du 20 août…
Il y a eu l’accord du 20 août, la direction nationale nous a appelés et nous a dit de fournir la liste au compte des 7 communes rurales en plus de la commune urbaine de Siguiri. Sur recommandation du Bureau politique national, nous l’avons fait. A Siguiri, on n’arrive pas la délégation parce que le RPG est une propriété du président de la République. Sinon à Labé, on a installé, à Tougué aussi, à Pita, à Mamou, à Dalaba, partout en Guinée, sauf à Siguiri. Parce qu’on est RPG. Si on ne l’était pas, vous croyez que si l’opposition avait gagné à Siguiri, on allait faire tout ce temps sans installer la délégation spéciale ?
La main noire d’Alpha Condé…
Je suis en direct. Le président va écouter ou les gens vont écouter et lui dire. Laisse-moi expliquer les choses. Si vous n’acceptez pas, je vais raccrocher. Le moment est critique. Le groupe qui est là-bas (à la mairie), le président les a dotés de véhicules, de motos. Pendant ce temps, le parti est là depuis des années, il vit de cotisations. Depuis qu’on a commencé à y militer, c’est toujours des cotisations des militants du parti.
Des manœuvres pour tuer le RPG à Siguiri ?
Ne me posez pas la question-là, Alpha Condé est le président de la République et le président du parti (RPG). Les responsables du parti souffrent à Siguiri. Ils n’ont pas demandé de remplacer à Traoré, c’est l’accord du 20 août qui le recommande dans 128 mairies rurales et urbaines. On a installé 120 partout en Guinée, il reste 8 à installer uniquement à Siguiri.
Solution à la crise à Siguiri…
Personne n’a la solution à cette crise, si ce n’est le président. Le seul crime qu’on a commis, c’est parce qu’on rentré au RPG. Si on n’était pas dans le RPG, ce qui nous arrive là, on ne l’aurait vécu. Je sais que ce que je suis en train de dire, ça va me coûter cher. Je préfère le dire au lieu de me taire. Si je ne dis pas la vérité, je serais condamné un jour. Je suis l’un des membres fondateurs en vie. Je suis obligé de dire la vérité. Ça va me coûter cher. Quand j’ai dit qu’on a eu un seul poste ministériel, on a mobilisé beaucoup de cadres de Siguiri contre moi. Alors que je n’ai jamais demandé au président de nommer un de mes enfants comme ministre ou chef de cabinet.
On me dira que je suis un criminel. A Siguiri, ça ne va passer entre la population parce qu’on a accepté d’être RPG, c’est tout. Lors d’un meeting, le président a dit que lorsque le RPG va prendre le pouvoir, Siguiri sera le Petit-Paris de la Guinée. Aujourd’hui, Siguiri est devenue l’enfer de la Guinée. Je ne cesserai pas, je vais continuer à parler. Peut-être qu’ils vont demander de lever mon immunité parlementaire, mais moi j’ai fait la prison au temps de Lansana Conté.
Quitter le RPG pour l’UFDG ?
Je ne suis pas prêt à aller à l’UFDG. Quand le président de la République va me dire ‘merde, il faut aller ailleurs, je n’ai pas besoin du comité directeur de Siguiri, de sous-sections, des comités de base’, en ce moment, on va se voir et décider qui on va choisir encore.
Transcrits par Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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