Sur les murs, la poésie : Coup d’essai, coup de maître
[dropcap]E[/dropcap]n sa première édition, la Journée poésie au CCFG initiée par Marie Paule Huet des éditions Ganndal a captivé l’attention. Les candidats se sont manifestés tant de l’intérieur que de l’extérieur de la Guinée. Et le public a adoré ça !

lauréat du premier prix
En collaboration avec le Centre culturel franco-guinéen (CCFG) et son Club littéraire, les éditions Ganndal ont organisé la Journée Poésie sur les murs le vendredi 6 juin au CCFG.
L’initiative était placée sous la présidence du ministre de la Culture et du patrimoine historique Ahmed Tidiane Cissé. Des poèmes d’auteurs guinéens et étrangers ont ponctuée la fête. Des déclamations de poèmes ont été lues par le directeur du CCFG, Daniel Couriol, la directrice littéraire des éditions Ganndal, Marie Paule Huet, le représentant de l’ambassadeur de France, Philippe Lecluze et le ministre de la Culture.
Sur les murs, la poésie est le résultat d’un constat amer fait par les organisateurs, s’exprime l’animateur de l’émission Belles lettres de la RTG Idrissa Camara. Les maisons d’édition ne s’intéressent pas à la poésie de nos jours. Les poètes semblent comme oubliés des éditeurs. La poésie ne se vend pas, elle ne se lit pas. Pour les organisateurs, afficher sur les murs les poèmes pour les lire, est une occasion de donner vie à la poésie car les avantages sont multiples.
Mme Leïla Diallo en service au CCFG est la présidente du jury. Elle a indiqué que pendant longtemps, la poésie s’est enfermée dans un carcan de règles. La créativité et la personnalité du poète était bridée même si une certaine harmonie entre les mots, le poème et ses lecteurs a entre-temps grandi.
«Aujourd’hui, les styles d’écritures se sont diversifiés. Ils ont acquis une certaine liberté. Et c’est tant mieux, puisque cela permet au maximum de gens d’exprimer leurs talents. C’est pour cette raison que le jury a su faire preuve d’une certaine tolérance sur le niveau de langue en général. Certains me le reprocheront. Ils me diront quand même: il s’agit d’un concours littéraire, d’un concours de poésie. J’en conviens. Mais nous avons aussi pris en compte d’autres aspects non moins importants tels que le style d’écriture, la thématique, la Fantaisie dans l’écriture, mais également l’émotion que dégagent les différents écrits », a-t-elle affirmé.
Le jury après un long travail de dissection des textes a décerné 3 prix aux meilleurs poèmes. Le premier à Gnankoye Richard Lamah pour son poème qui s’intitule ‘‘Mal insidieux’’. Le second à Mamadou Saliou Baldé pour son poème ‘‘La mer’’, suivi de son ex æquo, Ibrahima Bangoura pour ‘‘Ressusciter l’union’’. Issiaga Kébé et Ibrahima Mothéma Barry se partagent le 3e prix dans leurs poèmes respectifs intitulés ‘‘Ici’’ et ‘‘Plus fort que le désespoir’’.
Dans le but d’encourager les poètes amateurs, le jury a décerné un prix spécial à Monka Antoine Gnahé pour ‘‘Le livre dort’’ et Harouna Diallo pour ‘‘La Guinée te commande’’. Table ronde autour de la problématique de l’édition.
Dans l’après-midi du vendredi 6 juin, la journée poésie sur les murs se poursuit autour d’une table ronde sur les planchers du CCFG avec pour thème la problématique de l’édition. Parmi les invités, la directrice littéraire des Editions Ganndal Marie Paule Huet, le journaliste-animateur de l’émission Belles lettres à la RTG Idrissa Camara. Ils s’interrogent sur les réalités complexes de l’édition du livre et des recueils de poèmes pour les auteurs.
Des réflexions et des remarques sont émises par les participants. Tous conviennent des difficultés qui ne sont cependant pas propres à la poésie. Le bon usage de la langue française comme mode d’expression, la qualité de l’écriture des poètes et le choix des thèmes, la poésie oubliée par les maisons d’édition ou très peu utilisée sont entre autres raisons soulignées.
Pour y remédier, des suggestions sont faites. Pour avoir un retour de ce que l’on propose comme texte à éditer, dit Marie Paule Huet, il importe de choisir un thème intéressant, voire captivant. De bien le rédiger et le faire lire par ceux que l’on pense capable de nous guider, nous améliorer sur notre écriture. La politique d’une aide au livre est primordiale, c’est ce qu’en pense Idrissa Camara. L’Etat pour lui, devrait s’impliquer dans la chaine de l’édition du livre dont l’éditeur reste le pilier. Voilà qui fixe les responsabilités de chacun.
Lecture de poèmes et défilé de mots.
Ramadan Sow, Jacques Tamba Millimono, Goureissy Diallo ainsi qu’Aïssata Diakité, Sékou Oumar Keïta et Alhassane Diallo déclament leur poème comme d’autres poètes professionnels ou amateurs. S’en suit une série de lectures de poèmes. Elle est accompagnée du défilé de mots dont le but consiste à trouver la phrase juste à l’aide de mots proposés sur des feuilles que tiennent sur les planchers du CCFG, de jeunes participants. Des poèmes d’auteurs nigérien et tchadien sont lus séance tenante.
L’après-midi se déroule dans une exemplaire atmosphère. Le directeur des éditions Harmattan Guinée, Sansy Kaba Diakité fait un zoom sur la lecture. Il dit son appréhension du problème de l’édition du livre et des difficultés des maisons d’édition.
La slam session est animée par Thierno Bah. Avec la guitare de My Crazy, il fait une démo. Charles Camara, Mohamed Traoré, Yara Soumah, Bakary 2 et bien d’autres s’essayent dans des thèmes différents à la rime du slam. L’initiative est salutaire et le résultat plus qu’un coup d’essai, un véritable coup de maître. La 2e édition fait déjà parler d’elle.