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Suspension de la Guinée des travaux de l’OMVS : et si le Colonel Mamadi Doumbouya avait été floué et trompé ?

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C’est une décision qui a surpris plus d’un. La nouvelle de la suspension de la participation de la Guinée aux travaux de l’OMVS a sonné dans l’opinion comme un coup de tonnerre

Alors que le pays s’apprêtait à briguer la présidence tournante de la conférence des Chefs d’Etat de l’organisation, après la Mauritanie dans quelques années seulement, la junte au pouvoir a annoncé avec fracas que la Guinée suspendait sa participation aux travaux de l’organisation après avoir constaté quelques manquements.

Le hic, cette décision prise à la hâte, dans le feu de l’action est perçue comme la conséquence de l’incurie et des jeux d’intérêt auxquels se livrent beaucoup des collaborateurs du Colonel Mamadi Doumbouya. Ceux-ci, sous le prétexte de bien le servir ou de défendre les intérêts du pays, avancent leurs propres pions, abusent de la confiance et de la bonne foi de leur mentor.

La vérité historique…

De la création de l’Organisation des États Riverains du Fleuve Sénégal (OERS) en 1967 à Labé (Guinée) au retrait de la République de Guinée en 1971 avant son retour en 2005 avec la signature du protocole d’adhésion de l’institution devenue OMVS, plusieurs infrastructures d’intérêts communs avaient été réalisées. 

C’est le cas de deux barrages hydroélectriques et d’un autre à vocation agricole et hydraulique au bénéfice des régions de Kayes (Mali), Saint-Louis (Sénégal) et Nouakchott (Mauritanie). Notre pays absent pour des raisons subjectives et à cause de querelles d’égo, n’a pas pris part à la réalisation de ces infrastructures et donc ne pourrait en bénéficier, de droit. A qui la faute donc ? 

En 2010, l’intégration de la Guinée après la signature du protocole d’adhésion en 2005 au sein de l’OMVS a, à travers le leadership de l’ancien président Pr Alpha Condé, permis à notre pays de briguer le poste de Haut Commissaire, l’un des trois organes de l’organisation. Bien avant, deux Directions étaient sous la coupole de deux nos compatriotes à savoir : Cheick Taliby Sylla et Soufiane Dabo.

La Guinée a, conformément aux statuts de l’organisation, occupé la présidence de la conférence des Chefs d’Etat de 2015 à 2017. Le Haut Commissariat de 2010 à 2014 avec Kabinet Komara et le Conseil des ministres avec Cheick Taliby Sylla, ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique d’alors. Et le pays compte un total de six (06) cadres dans l’institution. 

A qui faut-il s’en prendre au juste, surtout que la Guinée n’a jamais posé sur la table en faisant un point d’honneur la question de sa sous-représentativité comme les autres Etats membres le font en ce qui concerne leurs préoccupations, à eux ? Et, puis, il y a un adage qui dit: les absents ont toujours tort!

La grosse manipulation…

Selon des indiscrétions, contrairement aux arguments motivés dans le communiqué annonçant la suspension de la Guinée aux travaux de l’OMVS, il y a un non-dit. C’est le forcing raté de la Guinée à vouloir imposer aux Chefs d’Etat un candidat pour un poste transitoire créé pour les besoins de la cause, depuis, remis en cause, en attendant sa suppression pure et simple relevant des prérogatives des Chefs d’Etat. 

Une étude commanditée à ce sujet a révélé que ce poste taillé sur mesure est une coquille vide, parce qu’aucune attribution n’a été déterminée, au point de provoquer des tensions entre le haut commissaire désigné et son adjoint, parachuté. Et pire, le candidat présenté est un certain Mohamed Max Bangoura, un fonctionnaire déjà mis à la retraite par l’OMVS, après y avoir travaillé pendant 7 ans. C’est un retraité que la Guinée a voulu recycler pour un poste transitoire qui n’existe plus, car jugé assez budgétivore, surtout inopérant et inutile. 

Le Colonel Mamadi Doumbouya, ne disposant que d’informations sommaires et intéressées, par la faute de conseillers intrigants et de cadres ripoux, a pris la décision qu’il a estimée juste et fondée, alors qu’en réalité, il a cédé à des forces obscures, prêtes à tout pour parvenir à leurs fins.

La brouille qui a entraîné la grosse colère…

A en croire plusieurs sources contactées par notre rédaction, la goutte qui a fait déborder le vase a été le refus opposé au Président de la transition pendant la réunion, lorsqu’il a voulu évoquer un point non-inscrit à l’ordre du jour, séance tenante alors que l’article 6 du règlement intérieur dit que l’ordre du jour est fixé par le président de la conférence deux semaines avant la tenue de la rencontre. C’est impossible donc de changer la règle de jeu au cours du match. Une attitude qui a déplu au Colonel Doumbouya, qui a l’excuse de ne pas savoir forcément comment fonctionne l’OMVS et mal préparé par ses conseillers. 

Il y a eu aussi, apprend-on, le refus de recevoir le ministre Morissanda Kouyaté et le candidat controversé par deux chefs d’Etat à savoir: Goïta du Mali et Macky du Sénégal. 

L’incohérence de la Guinée…

L’un des arguments soutenus par la Guinée pour se barrer de l’OMVS a été la sous représentation du pays aux postes de décisions. Cependant, si la Guinée a 6 cadres à l’OMVS, c’est aussi le même nombre qu’il a à l’OMVG et pire à l’ABN (Autorité du Bassin du Niger) le pays ne compte qu’un seul. Pourquoi alors ne pas claquer la porte aux deux autres ? 

La Guinée, le mauvais exemple…

Pendant qu’on se bombe le torse, notre pays est le plus mauvais payeur en termes de contribution. Les dettes de la Guinée au titre des contributions dépassent les 2 milliards de francs CFA. 2017, 2018, 2019, 2020, 2021 et 2022 restent encore non payées. 

Mais comme par magie, la dette de 2023 a été soldée parce que tout simplement, on avait un candidat problématique à faire passer. Et mieux, malgré le pays n’arrivait point à remplir ses obligations vis-à-vis de l’organisation, nos six (06) représentants ont été toujours payés aux frais du contribuable des autres Etats membres. 

Au regard de tout ce qui précède, il serait important que le Colonel Doumbouya revienne à de meilleurs sentiments et d’affronter la réalité avec courage. Car la Guinée a plus à gagner en restant dans la famille OMVS qu’en claquant la porte. Elle l’avait fait avec l’ancêtre de l’organisation, avant de revenir des années après sur sa décision.  Mais, à quel coût ? Qui a invité à ne pas répéter les erreurs du passé ?

Marouane Camara 

Editorialiste

1 commentaire
  1. TMS dit

    Article pertinent

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