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Témoignage déchirant sur le destin tragique d’Ibrahim Barry

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[dropcap]B[/dropcap]lessé le 14 novembre dernier à l’occasion d’une manifestation organisée par le FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution, Ndlr), Alpha Ibrahima Barry est toujours alité. Souffrant d’un traumatisme crânien, cet élève en classe de terminale Sciences Mathématiques est aujourd’hui paralysé.

Agé de 17 ans, ce candidat au Baccalauréat unique session 2020 a eu le malheur de croiser des sbires le 14 novembre 2019 alors qu’il revenait de ses cours de révision. Les agents l’ont roué de coups à tel point qu’il est tombé en syncope. Les traces des blessures sont encore visibles sur son corps. Aujourd’hui, couché à la maison, cet adolescent a du mal à articuler deux phrases. Il ne reconnait presque personne et ne se souvient de rien. Sa situation s’aggrave du jour au lendemain. Sa maman demande une assistance de la part des bonnes volontés pour pouvoir l’évacuer.

Interrogée par notre rédaction, Madame Aïssatou Oury Barry, mère de cet enfant nous a expliqué qu’elle a passé de 00h à 6h du matin le 15 novembre 2019 à chercher une prise en charge de son enfant dans les hôpitaux de Conakry mais les médecins l’ont rejeté  avec son fils qui était dans le coma. Elle nous raconte son calvaire. Son récit est pathétique.

 « Mon fils était parti pour les révisions. En revenant, il a été pris par les forces de l’ordre entre 14h et 15h. On m’a appelé vers 16h pour me dire qu’il n’est pas revenu à la maison. De là, je l’ai appelé mais son téléphone ne passait pas, j’ai appelé ses amis. De 16h à 00h, j’étais assise j’appelais mais ça ne passait pas. C’est à 00h 5’ qu’un médecin a publié sa photo avec ses numéros de téléphones soi-disant que l’enfant est admis à Donka par la croix rouge, mais ils n’ont pas retrouvé ses parents. Il avait  une fracture crânienne. Le traumatisme crânien l’empêchait de parler. C’était une personne au  coma. Après ses amis m’ont appelé, j’ai pris une voiture pour me rendre à l’hôpital Donka. Ce qui s’est passé ce jour, je ne l’oublierais jamais.

C’est très grave ! De 00h à 4h, je faisais le tour des hôpitaux de Conakry. A Donka il était couché par terre. Lorsqu’on est arrivé, ils (les médecins NDLR) nous ont dit prenez-le il n’y a plus de places. J’ai  OK. Comme il n’y a pas de place ici peut-être que les cliniques privées peuvent le prendre en charge. Après nous nous sommes rendu à la clinique Ambroise, eux aussi nous ont dit qu’il n’y avait plus de places, de là nous sommes allés aussi au niveau de la clinique Pasteur et dès qu’on est arrivés, ils nous ont dit qu’il n’y avait plus de place donc qu’ils ne pouvaient pas nous prendre. De là, on est allé à l’hôpital Ignace Deen, eux aussi nous ont dit la même chose d’aller ailleurs et on s’est retourné jusqu’à l’hôpital Sino-Guinéen aux environs de 3h 30’, mais eux aussi nous ont dit qu’ils n’avaient pas de places. Et là j’étais inquiète, je connaissais une autre clinique vers Gbéssia et je pensais qu’eux ils allaient nous prendre mais eux aussi nous ont expliqué qu’ils n’ont pas de service traumato. Donc ils ne peuvent nous prendre et le médecin qui était là-bas nous indiqué d’aller à Donka au niveau du Camp Boiro et là c’était vers 5h.

Arrivés au camp Boiro, les médecins de garde nous ont dit qu’il n’y avait pas de places. Je  leur ai répondu que je ne pouvais plus aller ailleurs. J’ai dit que je n’avais pas où aller et que j’allais rester là-bas avec mon enfant même s’il allait mourir, qu’il meurt sur place. Comme ça,  le matin ils allaient appeler l’ambulance pour l’envoyer à la morgue. C’est avec insistance que les médecins de gardes l’avaient pris pour le nettoyer, ils lui ont donné deux perfusions. Il a vomi  vers 6h 30’, ils nous ont demandé d’aller faire le scanneur et revenir. On est  revenus vers 9h. De 9h à 13h mon enfant était sur un siège-roulant. Il ne parlait pas, il ne reconnaissait personne. C’est par la suite qu’ils ont accepté de nous recevoir, me donner un lit pour qu’il se couche. On a fait 10 jours avec des tracasseries. Certains médecins guinéens ne sont pas des humains, ils voient des gens mourir ce n’est pas leur problème, c’est l’argent qui les intéressent. C’est dommage pour ce pays, ce  sont des assassins. Moi on m’a tout volé à l’hôpital, ils ont volé mes médicaments, mes téléphones », a témoigné cette mère de famille qui affronte seule son destin actuellement.

Mère de quatre enfants, Madame Aïssatou Oury Barry fait face à plusieurs difficultés en moment. En plus de ce problème, son mari est malade hospitalisé depuis 2 ans. N’ayant pas les moyens de soigner son enfant, elle lance un appel aux personnes de bonne volonté pour lui venir en aide afin qu’elle puisse évacuer son garçon pour essayer de sauver sa vie.

 « J’ai failli perdre mon enfant, lui il n’est pas manifestant, c’est un élève et il était parti pour les révisions. Lorsque les forces de l’ordre l’ont pris, ils lui ont demandé s’il parlait soussou ou maninka. Puisqu’ils ont compris qu’il n’est pas soussou et il n’est pas malinké,  il n’avait pas le droit de vivre en Guinée. Ils l’ont tabassé, ils l’ont laissé parce que le croyant mort.  Maintenant, je suis seule avec lui à la maison, son papa est malade hospitalisé depuis 2 ans et je n’ai pas les moyens pour le soigner. Je nourris ma famille grâce à mes parents, les bonnes volontés qui me viennent en aide. Je demande aux personnes de bonne volonté de me venir en assistance afin que je puisse évacuer mon fils parce qu’il est jeune encore, il fait le Bac cette année. Il était très bien en Maths et en Anglais mais son état actuel est inquiétant, il ne peut pas parler, il me dit souvent j’ai envie de parler mais je ne peux pas. Il peut saluer, mais il ne se souvient de rien presque. Il n’arrive pas de capter réellement ce qu’il veut faire. J’ai 4 enfants deux filles et deux garçons et lui c’est le 2ème, leur papa a eu un AVC il y a de cela 2 ans. Il est hospitalisé. Donc je ne veux pas perdre mon enfant je demande l’aide. Je demande à l’Etat de veiller sur les guinéens parce que les guinéens ne sont pas en sécurité c’est pourquoi les jeunes fuient pour mourir dans la mer. On n’a pas où rester. Je demande à tout le monde de prier pour que la paix règne en Guinée », a-t-elle lancé.

Vous pouvez joindre madame Aissatou Oury sur les numéros suivants: 622 23 05 56 et le 622 65 75 74

Oumar Bady Diallo pour Africaguinee.com

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