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Témoignage d’un rescapé du camp Boiro : ‘’Nous avons souffert plus que Mandela’’

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Lamine-Kamara-620x400.jpg[dropcap]L[/dropcap]amine Capi Kamara, président des écrivains guinéens fait partie du lot restreint de rescapés du camp Boiro encore en vie. Lundi 25 janvier, lors de la commémoration de l’an 45 des pendus, cet ancien ministre a livré à VisionGuinee un témoignage poignant sur son séjour carcéral.

‘’Je suis l’un des rares guinéens qui a fait le camp Boiro à deux reprises. La première année, c’est en 1961, j’étais jeune étudiant. Quand on a arrêté nos professeurs comme Djibril Tamsir Niane, Mountaga Baldé, Bah Ibrahim Kaba, nous nous sommes révoltés pour demander leur libération. On a été tous raflés et amenés au camp Boiro. Après un triage de tous ceux qui étaient de l’école de Kindia à l’époque, on a gardé 3 et on a libéré les 2 autres. Quand il y a eu l’agression, je me suis encore retrouvé là’’, raconte l’écrivain Capi Kamara.

Parlant de ce qu’il a vécu dans les geôles, l’ancien chef de la diplomatie guinéenne soutient : ‘’On parle très souvent de Mandela et de sa souffrance. Mais j’estime que nous avons souffert plus que Mandela même s’il est resté plus longtemps en prison’’. Car, justifie-t-il, ‘’Mandela avait sa correspondance avec sa famille. Les membres de sa famille l’écrivaient et il pouvait répondre. Il pouvait aussi recevoir des journaux et les lire. Quand il a perdu sa mère, on est venu l’informer’’.

Mais, regrette-t-il, ‘’nous, durant toutes ces périodes, on était coupé du monde. On n’avait aucune nouvelle de nos parents, aucune lettre de nature que ça soit, pas de livres, pas de radios. Je l’ai raconté dans mon livre ‘Guinée, sous les verrous de la révolution’. Après 7 ans au camp Boiro, la première radio qu’un ami m’a offerte, je n’ai pas pu la mettre en marche’’.

‘’Nous avons fait neuf jours de diète sans manger, ni boire avant d’être interroger. Après ces neuf jours, on nous a attachés, ligotés, mis des électrons du courant électrique aux oreilles, certains d’entre nous aux parties sensibles pour obtenir des aveux. Nous sommes restés 4 mois sans nous laver, on avait des poux partout. On se couchait au ciment dans des cellules qui n’avaient pas de plafond’’, se souvient M. Kamara.

En tant qu’écrivain, explique-t-il, ‘’il ne s’agit de se contenter de raconter les faits, il faut en tirer de leçons et faire des projections pour l’avenir surtout en faveur des jeunes’’. Il souhaite que les ‘’fosses communes’’ où sont enterrées certaines victimes du camp Boiro soit identifiées afin de permettre aux familles de faire le deuil.

Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

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