[dropcap]P[/dropcap]rès d’une quarantaine d’agents de santé ont perdu la vie dans la lutte contre Ebola. Jean est médecin exerçant dans un centre de soins à Conakry. Infecté par le virus à fièvre hémorragique, il a lutté pendant plusieurs semaines contre la maladie. Après avoir recouvré sa santé, il s’est confié à notre reporter et raconte comment il a choppé la maladie.
Vision Guinée : Comment avez-vous contracté le virus de la fièvre hémorragique ?
Jean : Je suis médecin, je travaillais dans un hôpital de la place. Au mois de mars dernier, on a reçu un patient qui est venu de l’intérieur du pays. Un lundi, je l’ai examiné sans protection. Le lendemain, le patient est décédé aux environs de 11h. Quatre (4) jours après son décès, j’ai commencé à avoir les symptômes. J’ai été hospitalisé dans l’hôpital (il tait volontairement le nom) où je travaillais. Par la suite, on m’a transféré au centre d’isolement de Donka. Là j’ai reçu un traitement approprié pendant une vingtaine de jours. Un nouveau test a révélé que je suis guéri d’Ebola.
On disait que le virus n’a pas remède, expliquez-nous votre lutte ?
C’est sûr qu’on n’a pas de vaccin pour l’instant. Mais si le patient se présente à temps, il y a des forces chances qu’il soit sauvé puisque ce sont les symptômes qu’on traite : la diarrhée, les maux de tête ou la fièvre. Ses signes cliniques sont traitables. Grace à l’aide des agents de santé, de Médecins Sans Frontières, j’ai pu m’en sortir après une vingtaine de jours d’isolement.
Votre réaction après avoir appris que vous êtes guéri d’Ebola ?
C’était un ouff de soulagement. Dans mon lit de malade, je ne pensais pas survivre. Ma mère a quitté l’intérieur du pays pour rester à mes côtés. Même s’il y avait des risque, je voulais au moins qu’elle me voit avant de mourir.
Certains guéris d’Ebola se plaignent de stigmatisation, qu’en est-il pour vous ?
Disons que c’est le même constat. Ça n’a pas été facile après ma sortie de l’hôpital. Même mes amis de promotion me fuyaient et cherchaient à m’éviter. C’était très dur. Des personnes que je connaissais refusaient de m’approcher. Certaines refusaient de me serrer la main de peur de ne pas contracter le virus Ebola. Pour moi, cette stigmatisation n’est pas un grand problème. Je pense que j’ai été victime d’un accident de travail. Et il faut admettre que le destin est inévitable. A ce jour, les choses commencent à changer peu à peu.
Un message à lancer ?
Oui. Surtout à l’endroit de ceux qui ne croient toujours pas à l’existence du virus Ebola. Je voudrais leur dire que cette maladie est une réalité mais n’est pas une fatalité. Toute personne qui commence à présenter des signes de la fièvre hémorragiques à Ebola doit se rendre dans le centre de santé le plus proche pour se faire examiner. Se cacher à la maison jusqu’à ce la maladie avance n’est pas la solution idéale. Car en restant là, on risque de contaminer d’autres personnes donc mettre leur vie en danger. Aussi, je voudrais dire à la population de se laver les mains avec de l’eau chlorée pour prévenir la maladie.
Par Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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