Appelé ce lundi 13 novembre à comparaitre à titre de témoin dans l’affaire du 28 septempbre, Tibou Kamara, à l’époque ministre chargé de la communication du chef de la junte, Moussa Dadis Camara et du ministre de la défense, Sékouba Konaté, a révélé à la barre les discussions entre Sidya Touré et le président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) à la veille de la manifestation. Extraits.
« C’est le capitaine Dadis Camara qui m’a demandé d’appeler Sidya Touré. Cela veut dire qu’il a estimé qu’avec M. Sidya Touré, le courant passerait mieux et qu’il était le meilleur interlocuteur que les autres (…). La conversation n’a pas été à son terme. Il y a une première interruption. Je l’ai rappelé pour une seconde fois. Après, il y a eu une seconde interruption. Par la suite, le téléphone ne passait plus. En ma présence et en ma connaissance, il n’y a pas des échanges houleux.
Ce n’était pas la première fois que j’appelais quelqu’un pour le président Dadis. Pour ceux qui l’ont connu, il utilisait rarement son téléphone. Son téléphone était pratiquement souvent fermé (…). La plupart des temps, c’est sur les téléphones de ses collaborateurs que nous parvenions à entrer en communication avec lui. Ce n’était pas vraiment un homme qui était porté par le téléphone.
Lorsque j’ai appelé M. Sidya, je lui ai dit : ‘Ne quittez pas, je vous passe le président’. Le président lui a dit qu’il est d’accord que les manifestations aient lieu, mais qu’il avait deux points à discuter avec lui. Le premier point, c’est la date du 28 septembre. Il a estimé qu’à partir du moment où que c’est une date historique qui est réservée à la mémoire des guinéens comme étant une fête qui a permis de célébrer la fierté recouvrée, il souhaiterait que l’on épargne à cette date des conflits liés à des contestations, des manifestations. Il a dit qu’après le 28 septembre, n’importe quelle date du choix de l’organisation sera agréée par lui. La deuxième chose qu’il a demandée, c’est de délocaliser la manifestation vers le stade de Nongo. Si mes souvenirs sont bons, c’est qu’à cette époque, le stade du 28 septembre était en rénovation ou accueillait des travaux en prélude à un match international.
Après que M. Sidya Touré ait expliqué que l’heure était un peu tardive et qu’il aurait été difficile à une heure aussi tardive de la nuit de pouvoir discuter avec les co-organisateurs de la manifestation et les convaincre du report, il a voulu rassurer le capitaine Dadis que la manifestation sera pacifique et qu’ils ont prévu de venir rencontrer les militants et tenir des discours de circonstances avant de repartir à leurs domiciles. Ensuite, l’appel a été interrompu. Le capitaine m’a remis le téléphone pour rappeler encore. Je l’ai rappelé et ils ont refait la même conversation. Quand le capitaine m’a redonné pour une seconde fois pour l’appeler, le téléphone ne passait plus parce qu’il était éteint.
Je n’ai pas voulu le dire au capitaine pour ne pas l’énerver. Je lui ai simplement dit que le téléphone ne passe plus et qu’on va essayer d’appeler les autres organisateurs de la manifestation. On a essayé avec Cellou Dalein Diallo et d’autres, mais par coïncidence, aucun des téléphones ne passait. Finalement, puisse qu’on n’arrivait à joindre personne, j’ai vu le président Dadis un peu déçu de n’avoir pas trouvé un accord. Mais il y avait encore de l’espoir. Parce qu’il était prévu que les chefs religieux prennent la relève pour continuer les discussions avec les forces vives de manière à trouver un consensus ».