Le célèbre écrivain Tierno Monénembo estime qu’il est temps pour les guinéens de se mobiliser pour barrer la route à toute dictature dans le pays sous le règne du général Mamadi Doumbouya, président du Conseil national de rassemblement pour la démocratie (CNRD).
Face à presse mercredi, le lauréat du prix Renaudot en 2008 a laissé entendre qu’il a “l’impression que depuis qu’il est venu au pouvoir, notre lieutenant-colonel, excusez-moi, notre général n’a cessé de nous lancer des signaux, de nous adresser des messages à peine codés. J’ai l’impression que la lecture est toute faite aujourd’hui. Les guinéens savent très bien ce qui se passe. C’est la construction d’une dictature, certainement la plus féroce que le pays ait connue. On la sent venir. On sent déjà sa férocité”.
D’un ton ferme, il dit à qui veut l’entendre qu’un “régime qui commence par fermer les moyens de communication, arrêter les journalistes, interdire Internet qui est la chose la plus indispensable à la communication, c’est une dictature. Ce n’est pas un régime qui a de bonnes intentions. Tous les guinéens sont prévenus. On peut empêcher cela. Il suffit d’un minimum pour imposer un respect du chronogramme, des élections transparentes à date pour sortir du cycle infernal de dictature que nous subissons depuis 1958. Demain, quand le pire sera là, personne ne dira qu’il ne savait pas”.
Selon Tierno Monénembo, la Guinée est devenue au fil du temps une “usine à dictatures. Toutes les dictatures en Guinée ont été faites par les guinéens eux-mêmes. Les guinéens ne savent faire rien d’autre que de fabriquer des dictateurs (…). Dès que tu arrives au pouvoir, on t’applaudit. Même les intellectuels applaudissent. Un intellectuel qui applaudit est un criminel. L’intellectuel n’applaudit pas. Son arme, c’est l’esprit critique”.
Il assure qu’il “n’y a pas un seul dirigeant bon sur la terre. Le seul dirigeant bon, c’est celui dont on contrôle et limite le pouvoir. Tout homme qui arrive au pouvoir est un fauve en puissance. Dans les pays normaux, on n’applaudit jamais un président. On les critique”.
L’écrivain prévient que la “Guinée ne survivra pas à une sixième dictature. On est déjà très mal en point (…). Il suffit de la moindre étincelle pour que le pays s’embrase. Pas par la faute des guinéens, mais par la faute des irresponsables qui nous dirigent depuis 1958. C’est le moment ou jamais d’agir. Si on laisse arriver une sixième dictature, le pays sera foutu. Nous n’allons pas laisser la Guinée dans les mains de quelques-uns. Chacun d’entre nous a son mot à dire pour l’avenir de la Guinée”.
Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info
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