C’est quand même bizarre et inquiétant de constater, malheureusement, par un simple fait du hasard ou par une programmation bien mijotée, que la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) ne sort ses griffes ou ne tire au loto que les numéros (acteurs) politiques.
La Cour est en phase de devenir la corde pour « pendre » les leaders politiques les plus encombrants, ceux qui sont susceptibles de contrarier les velléités des adeptes d’une transition sans fin.
Pas question de jeter la pierre gratuitement à notre justice, mais on on se doit de reconnaître qu’elle n’inspire plus confiance depuis belle lurette, pour ne pas faire dans l’euphémisme on dira qu’elle est profondément malade.
La crainte aujourd’hui, avec tous ces procès aux relents politiques qui s’annoncent par le biais de convocations très sélectives, c’est de ne pas avoir la garantie d’un procès juste et équitable.
Le doute, à ce propos, doit être de mise le plus logiquement du monde. La CRIEF apparait aux yeux d’un bon nombre de personnes aujourd’hui, comme une arme de persécution politique massive, entre les mains d’une junte dont on a toutes les raisons de penser qu’elle travaille à se scotcher le plus longtemps possible au pouvoir, à travers une transition trop longue et pour les privilèges afférents.
Curieusement, notre CRIEF, à cause d’un hasard qu’elle semble avoir le don de forcer, ne dépoussière que des dossiers où sont incriminés, à tort ou à raison, des acteurs politiques majeurs de l’heure. Ceux qui sont les mieux outillés, les mieux placés pour remplacer les maîtres du moment à la fin de la transition.
Ne serait-elle pas une arme au service exclusif de ceux qui prônent, même par des méthodes qui jurent avec les principes de la démocratie, un renouvellement forcé de la classe politique ? Le temps nous edifiera davantage.
Cellou Dalein Diallo est ainsi invité à comparaître dans un dossier vide, donc facile à défendre même par un avocat stagiaire, mais qui ressemble à s’y méprendre à un guêpier du fait des soupçons sur l’indépendance réelle de la CRIEF.
Sinon, c’est le dossier le plus squelettique qu’on puisse opposer à un leader politique de la trempe de Cellou Dalein Diallo dans le but de l’accabler. Si la CRIEF n’est pas un instrument politique, nul ne doit se faire des soucis. Cellou Dalein Diallo pourra s’en sortir indemne et pourquoi pas en grand vainqueur ?
Mais, connaissant bien le passé peu honorable de notre justice longtemps sous ordres, on ne peut qu’avoir des appréhensions devant la célérité avec laquelle elle bondit aujourd’hui sur ses «proies » reconnues comme étant des mastodontes politiques.
Qu’est-ce qui a été fait en moins de neuf (09) mois pour que notre justice, qui faisait son mea-culpa au lendemain du coup d’Etat, soit subitement devenue indépendante et juste ? A moins que ça ne soit par une opération du Saint-Esprit.
Pourquoi, pour l’heure, ce sont essentiellement les hommes politiques – nouveaux et anciens – qui sont concernés ?
Cellou Dalein a eu confiance en notre justice, en lui confiant le soin de trancher dans le différend qui l’oppose au Patrimoine bâti public à propos de sa propriété de Dixinn, on connaît la suite.
Et curieusement, sa convocation n’est intervenue qu’au lendemain de son impressionnante sortie politique du côté de Banjul, en Gambie. Bizarre, tout cela.
A Cellou de décider : se livrer sans la garantie d’un procès impartial, ou attendre sans crainte l’éclatement de la vérité avec une justice indépendante au moment opportun. Personne ne décidera à sa place, pourvu que son choix soit le meilleur.
N’oublions pas que même le Prophète Muhammad (Psl) a dû se mettre hors de portée de ses ennemis en quittant la Mecque pour Médine. Non pas par peur, mais par raison et sagesse.
Sa revanche sur l’histoire est le récit le plus aisé à raconter de l’histoire. Cellou Dalein, en pieux musulman, gagnerait à s’en inspirer.
Habib Marouane Camara
Editorialiste