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Tout sur l’Institut de recherche agronomique de Guinée avec le Dr. Famoi Béavogui

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[dropcap]L[/dropcap]e docteur Famoi Béavogui est le directeur de l’Institut de recherche agronomique (IRAG). Dans cet entretien qu’il a accordé à VisionGuinee, il nous parle de la mission de sa structure ainsi que le rôle qu’elle joue pour l’autosuffisance alimentaire en Guinée.

DG IRAGVisionGuinee : On entend parler de l’IRAG, dites-nous M. le directeur, que faites-vous concrètement sur le terrain ?

Famoi Béavogui : Placé sous l’autorité du ministère de l’Agriculture, l’IRAG a pour mission de contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique nationale de développement des secteurs de l’agriculture en entreprenant des recherches sur les productions végétales, animales, forestières; piscicoles. Nous nous intéressons aussi à la transformation agro-alimentaire et agro-industrielle; la préservation et l’amélioration des ressources naturelles concernées par ces productions; les exploitations agricoles et leur environnement humain et socio-économique.

Les mêmes préoccupations ont été abordées à Kindia lors de la caravane agricole 201 à laquelle vous avez d’ailleurs pris part…

Il faut préciser que cette caravane agricole s’inscrit dans le cadre d’une convention qui existe entre la Guinée et le Royaume du Maroc. Elle vise à accompagner la Guinée dans ses efforts de développement rural notamment en lui donnant des engrais et produits d’élevage. Durant la caravane, une unité mobile de laboratoire d’analyse des sols sillonnera toute de la Guinée d’un site agricole à un autre pour pouvoir identifier les principaux éléments majeurs qui peuvent contribuer dans la nutrition des plantes en azote, phosphore , le potassium et autres afin de formuler les formules d’engrais appropriées à chaque type de sol et à chaque produit. Elle va permettre de détecter des éléments fiables permettant de raisonner les applications d’intrants, des engrais et auprès des paysans.

Justement le ministère de l’Agriculture a aussi organisé une journée du paysan dans la cité des agrumes…

Oui, il s’agit d’un événement annuel pour faire un peu le bilan de ce qui a été fait et essayer de se fixer des objectifs à atteindre dans l’avenir. Le président de la République, le professeur Alpha Condé a demandé aux pays de contribuer au développement de l’agriculture, et lui il les accompagne par le financement, l’appui en matériel et équipement. C’est ce pacte moral qui a commencé depuis 2011, on était à la 3ème édition en 2015.

Pour revenir à l’IRAG, votre institut dispose-t-il de moyens suffisants pour faire des recherches dans le secteur agricole ?

A ce jour, je puis vous rassurer que nous avons deux laboratoires fixes dont un qui se trouve au Service national des sols et sous-sols et l’autre à l’Institut de recherche agronomique de Guinée qui se trouve être au centre de recherche de Foulaya. Nous avons aussi un laboratoire mobile qui nous permet d’être encore plus proches des producteurs. Les analyses que nous faisons nous permettront d’établir des cartes de fertilité des sols pour pouvoir mieux conseiller les agriculteurs et les décideurs. Avoir un laboratoire mobile est un grand pas en ce sens que nous serons plus prêts des paysans. Nous avons aussi de petites unités pour faire des analyses sur l’aridité du sol, pour connaitre les propriétés des sols, leur densité apparente, réelle, leur composition, ainsi que le pourcentage de sable.

Votre institut à vocation nationale est-il suffisamment représenté à l’intérieur du pays où se trouvent d’ailleurs le plus grand nombre de producteurs ?

L’Institut pour la recherche agronomique de Guinée est décentralisé. La direction générale se trouve à Conakry avec des chercheurs mais nous avons aussi 4 centres régionaux à l’intérieur du pays. Le centre de Foulaya à Kindia pour les recherches agronomiques concernant la Guinée maritime, celui de Timbi-Madina à Pita pour la Moyenne Guinée; le centre de Bordeaux pour la Haute Guinée ; et le centre de Sérédou qui couvre la Guinée Forestière.

En plus de ces centres régionaux pour la recherche agronomique, nous avons trois autres stations dont celle de Koba qui est spécialisée dans la riziculture de la mangrove ; la station de recherche de Kilissi spécialisée dans la création variétale de riz, de maïs, d’arachide et la station de recherche de Faranah qui s’occupe des questions d’élevages ( volailles, petits ruminants et de bovins).

Toutes ces structures décentralisées fonctionnent même si certaines d’entres elles sont encore dans des bâtiments vétustes. Dans chacun des centres régionaux de recherche se trouvent de petits laboratoires d’analyses comme c’est le cas du laboratoire de technologies du café à Sérédou ; celui d’analyse du sol qui est à Kankan.

A Foulaya, nous avons huit centres hectares de terre. Ces huit centres hectares de terre, il y a 300 hectares battues et 500 autres sur lesquelles, nous pouvons faire nos activités d’expérimentation, d’essai agricole et de production pour pouvoir générer des ressources propres. C’est dire que nous avons le minium d’infrastructures et aussi des moyens de déplacement qui nous permettent d’aller sur le terrain. Depuis 2011, le gouvernement nous appuie de façon substantielle. Au cours de l’année 2011, nous avons eu 7 milliards de francs guinéens et qui se sont accrus au fil des ans es jusqu’à atteindre 15 milliards de francs guinéens.

Nous avons chaque année près de deux millions de dollars qui nous permettent d’assurer le fonctionnement de base de notre Institut. Et, actuellement, nous avons à notre disposition 128 chercheurs chevronnés et du personnel d’appui, des techniciens qui nous permettent de faire des observations, des analyses dans les laboratoires. Mais, ce personnel mérite d’être augmenté. Quand on voit le ratio des gens qui ont fait des formations diplomates de haut nivau, ils ne sont pas nombreux. Le pourcentage de hauts cadres se situe aux alentours de 16%. C’est insuffisant pour un institut qui souhaite avoir plus de forces.

Si je compare à l’IRAS du Sénégal ; au CENIRA de la Cote d’Ivoire, le ratio de doctorat, eux, ils sont à peu près à 90% de docteurs dans les différentes institutions .C’est pourquoi, nous avons envoyé une vingtaine de jeunes cadres à l’étranger qui reviendront au terme de leur formation pour renforcer les ressources humaines de notre institution. Vous savez, quand on sort de l’université, on a des acquis théoriques mais on n’est pas forcement chercheur. C’est l’expérience, le contact avec d’autres institutions, d’autres personnes qui ont de l’expérience qui permettent d’avoir du recul pour pouvoir formuler de très bonnes questions de recherches, poser des hypothèses qu’on doit pouvoir confronter à la réalité pour les vérifier. Ça, c’est une démarche qui n’est pas acquise forcement dans les classes mais sur le terrain.

L’IRAG a-t-elle pu mettre sur commercialisé un produit qui est le fruit de ses recherches ?

Oui. D’ailleurs, le produit phare qui est transformé dans notre Institut, c’est le café Ziama. Nous avons identifié cinq clones de café en Guinée Forestière. Il a un label, une indication géographique mais sur le marché ce produit n’est pas encore très connu parce que le niveau de transformation est assez faible. On peut étendre cette faiblesse de transformation à tous nos produits que ça soit le riz, même si nous en avons de très bonne qualité.

Quels sont les perspectives de votre institution pour les cinq prochaines années ?

Jusqu’en 2020, nous avons établi un plan stratégique qui prévoit dans son axe 1, le renforcement des capacités des ressources humaines. Si l’on veut être une institution capable et crédible, qui donne des résultats, il faut que les ressources humaines soient compétentes. On nous dit souvent que les résultats des chercheurs sont oubliés dans les tiroirs, nous voulons donc avoir un service de communication pour le développement.

Toujours dans notre plan stratégique, nous envisageons la mise en place de plateformes de concertations qui permettront de prendre en compte les contraintes soulevées et de les transformer en projets de recherches tout en les mettant place en partenariat avec les utilisateurs (paysans, les services de développement, de conseil agricole, autres services de vulgarisation, etc.).

En plus, comme nous sommes un établissement public à caractère autonome, nous devons faire en sorte que nous puissions générer en interne des ressources. Nous avons déjà créé un service de production de ressources propres. Pour les années à venir, il faut qualifier notre institution, nos ressources humaines, nos méthodes de travail en nous rapprochant davantage des utilisateurs, mieux communiquer pour innover en créant des partenariats utiles et pratiques avec les utilisateurs immédiats des technologies.

Réalisé par Boussouriou Doumba, pour VisionGuinee.Info

00224 666 905 416/boussouriou.doumba@visionguinee.info

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