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Traite d’êtres humains en Libye : le bout de l’iceberg de l’échec des élites politiques africaines

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[dropcap]L[/dropcap]e monde entier est pris d’effroi par les images médiatiques qui dévoilent le calvaire des migrants sur les terres libyennes d’Afrique. En espérant avoir mieux à l’autre rive, ils ont trouvé pire chez eux.

Oui chez eux, chez nous en Afrique. Des trafiquants, pas d’armes, pas de stupéfiants, mais d’êtres humains. Des voyous scandalisants et sans âme, sinon la pire des âmes. Ils empochent le prix de vente des jeunes d’Afrique, leurs frères. Quelle honte !

Je ne fais pas partie de ceux qui associent facilement cette pratique au racisme arabe contre noirs, à la responsabilité de la Libye. La Libye qui n’existe pas aujourd’hui dans le vrai sens de l’Etat. J’associe plutôt ces faits criards à la barbarie des Etats faillis.

D’ailleurs, penser autrement revient à ne pas trouver de qualification pour les massacres des étrangers en Afrique du sud ces dernières années, les morts froides des dizaines de noirs en Angola. Pourrions-nous  lucidement parler de racisme noir contre noirs dans ces deux cas de même gravité ? Objectivement non ! Nous tomberons, plutôt, dans la facilité d’appellation : la xénophobie.

Le racisme arabe contre noirs dans les pays arabes de la méditerranée est bien réel. Les noirs en Algérie peuvent éloquemment témoigner. Mais cela est un autre sujet bien réel qui ne devrait pas appeler à l’amalgame et à la division de l’Afrique en deux : blanche et noire. Ce serait le pire remède possible. S’attaquer à des citoyens libyens vivants ailleurs ne sera qu’absurde.

Ce dont il s’agit en Libye actuellement est, me semble-t-il, la face cachée de la faillite des Etats africains à donner, ne serait-ce que de l’espoir, aux milliers des jeunes qui s’aventurent en empruntant les routes d’horreur, de souffrances, d’humiliation, bref, de mort quasi-certaine.

L’émotion que suscitent ces images de l’esclavage au 21ème siècle n’est pas le fait de l’esclavagiste des autres temps. Non, c’est plutôt la situation économique, sociale, politique, voire même culturelle qui prévaut dans les pays de départ des migrants.

Les africains que nous sommes, nous devrions plutôt nous interroger sur la gestion quasi-calamiteuse qu’ont fait les élites africaines depuis les indépendances. Ces images consternantes sont sans doute les conséquences de cette gestion.

Comment pourrions-nous sérieusement expliquer le choix de la route de la mort par des majeurs, des adultes parfois ? Ce choix est condamnable certes, mais se limiter à la seule condamnation ne paraît pas moins que léger comme analyse si l’on connaît l’histoire de la migration des peuples arabes vers l’Egypte ou des européens vers l’Afrique du nord.

Les dirigeants africains devraient se mouvoir depuis longtemps au lieu de s’émouvoir aujourd’hui devant les tristes réalités qu’ils ont probablement crées. Condamner une Libye en faillite depuis la guerre impériale sous les yeux impuissants de l’Union africaine n’est pas moins que démagogique. Où était la cinquantaine d’Etats africains lorsque les autres démolissaient la Libye pour des causes que l’on cherche vainement aujourd’hui, du moins, si l’on devait trouver des objectives ?

Pourrions-nous encore imputer la misère de l’Afrique aux anciens colons ? L’hypothèse devient rapidement ridicule et banal  si l’on regarde les autres colonisés devenus quasi-colons devant leurs anciens oppresseurs, en tout cas économiquement parlant. La Chine, le Japon, les Emirats… effleurent la tête.

Certes, le mal de l’Afrique est venu de loin, mais depuis les indépendances, il est devenu interne, national, local. Nous devrions, à mon sens, taire nos émotions faciles et réveiller nos élites. Les pousser au bien ou les forcer à partir loin des pouvoirs. Les plus brillants parmi eux deviennent « collabo » dès leur arrivée au pouvoir. Ils deviennent les nouveaux colons au service des anciens.

Ces images choquantes démontrent combien de fois la face de prévarication de l’Union africaine. Œuvre des nouveaux chefs fainéants, pour ne pas dire désœuvrés. Ils humilient les africains par leur non-vision, leur cécité cynique…. Que vaut aujourd’hui l’Union africaine devant l’Union européenne ? Devant les Etats-Unis ? Devant la Chine ? Pas loin d’un groupuscule de fauteurs ou de fouteurs de honte devant la scène internationale.

Nous ne leur demandons pas l’impossible. Non, ce que nous leur exigeons, c’est un peu de dignité, un peu de morale, de décence, de logique. Nous leur demandons d’honorer la mémoire de Nelson Mandela, de Thomas Sankara, de Gamal Abdel Nasser, de Khadafi aussi, de Sékou Touré. Ces derniers n’étaient pas des prophètes dans tous leurs actes, bien au contraire, mais ils avaient le sens de l’honneur et de la dignité de Dirigeant.

Mamoudou BARRY

Chercheur, Université de Rouen Normandie

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1 commentaire
  1. Alfa dit

    Mr Barry, citer sekou touré comme reference est une ignorence totale de l’histoire de votre propre pays la Guinée.
    Sekou Touré a enterré ou fait enterré des Africains vivants, j’y etais á Dixinn, Sekou Touré a pendu ou fait pendre des Africains dans chaque prefecture de la Guinée, j’etais present.
    Sekou touré a jetté des Africains en mer ligotés dans des sacs . Sekou Touré a laissé mourrir des Africains de faim et de soif dans ses geoles.
    Face á ces crimes, les petits trafiquants libyens sont des enfants de coeur… nos dirrigents sont des monstres. Ils sont artisants de ce qui arrive á ces jeunes aujourdhui. SVP revoyez vos references au risque d’ajoutter á la confusion.

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