Le président Alpha Condé est arrivé au pouvoir par suite des manipulations ethniques et de haute complicité avec une élite militaire coiffée par Sékouba Konaté, alors président de la transition.
Après sa défaite au premier tour des élections présidentielles, le leader du RPG choisit de gagner le deuxième tour par tous les moyens. Il se jeta dans une campagne électorale purement ethnocentriste : il faut diviser pour gagner.
La bataille fut gagnée. La dépréciation de l’ethnie peuhle fut stratégique et concluante. Notre « professeur local » venait de gagner les élections présidentielles.
Mais, ne dit-on pas dans le terroir, que l’habitude nous fait agir aussi spontanément qu’un instinct naturel ?
Alpha Condé est convaincu que si la manipulation ethnique l’a faite élire président, pour quelle raison, elle ne lui donnera pas aussi la majorité des députés à l’Assemblée.
Notre « professeur local », est persuadé et convaincu que la même manipulation ethnique qui l’a hissée à la tête de la nation guinéenne, lui permettra aussi de résoudre certains problèmes épineux de la société guinéenne, tel le conflit actuellement en cours en Forêt.
Au sud du pays, deux communautés ethniques sont en conflit. Les Guérzés et les Koniakés s’affrontent avec une telle passion, que le débordement se fait ressentir même dans le cadre de l’identité religieuse : les mosquées et les églises ne sont pas épargnées.
Les incidents à N’Zérékoré sont déplorables. Mais ne mystifions absolument rien, les conflits identitaires se passent partout. Même dans les pays occidentaux, où le niveau du processus démocratique est très élevé, des violences communautaires ne sont pas épargnées.
Cependant, si aucun pays au monde n’est épargné par de tels incidents, le mode de gestion n’est pas le même pour tous les pays.
En Guinée, le président Alpha Condé, face aux violences en cours à N’Zérékoré, trouve un mode de réaction (ou de gestion) très particulier.
Les colonels Claude Pivi et Tiégboro Camara sont délégués par le gouvernement pour aller calmer les tensions en Forêt.
C’est-à-dire que Claude Pivi (proche des Guérzés, qui serait une sorte de star en forêt), et Tiégboro Camara (proche des Koniakés, qui serait le célébrissime des fils de la région de Beyla), doivent user de leurs identités ethniques (et pourquoi pas de leur passé obscur autour du massacre du 28 septembre 2009), pour calmer les passions entre les frères surexcités.
La suite, le président donne un discours pour condamner les violences, en déclarant : « …Dans un Etat de droit, les citoyens ne doivent pas rendre justice eux-mêmes. Il faut faire confiance à nos traditions et à la justice de notre pays ».
C’est bien dit de la part du président qu’il faut faire confiance à la justice du pays !
Mais, faut-il expliquer aussi au président, qu’en Guinée, aucun conflit communautaire ou ethnique ne peut être résolu en utilisant des manœuvres ethniques et détournées.
Les conflits guinéens doivent être résolus dans le cadre strict de nos institutions démocratiques et de manière transparente. Un soulèvement, ou des affrontements populaires sont immédiatement rappelés à l’ordre par les services de sécurité. Et la suite, la justice, et seulement la justice, pourra faire son travail conforment aux lois en vigueur dans le pays.
Une proposition ethnique ne résoudra pas définitivement un conflit ethnique. La preuve est évidente. Depuis maintenant trois ans, le président Condé gouverne la Guinée. Une gouvernance mouvementée et tordue parce qu’elle repose sur une mauvaise structure. Elle fut établie par suite de manipulation ethnique.
Résolvons tous nos conflits par voie démocratique, en usant tous les moyens légaux prévus dans notre Constitution. La propagande, la démagogie et la manipulation sont des voies contraires à toute démarche démocratique.
Naby laye Camara
Bruxelles