L’UFDG est une formation politique incontournable de la scène politique guinéenne pourra-t-il survivre au lendemain des prochaines présidentielles de 2015 ?
Nul ne pouvait prédire, au début des années 90, lors des premiers balbutiements du multipartisme en Guinée, que ces hommes politiques, à l’exception d’El-Hadj Bah Ousmane, allaient se retrouver aujourd’hui dans la même formation politique (UFDG). Le Doyen de la classe politique, feu El-Hadj Bah Mamadou pilotait l’UNR (Union pour la Nouvelle République) avec comme lieutenant, El-Hadj Bah Ousmane. Ils étaient proches d’Alpha Condé du Rassemblement du Peuple de Guinée). Bah Oury et ses amis militaient à l’UFD (Union des Forces Démocratiques) présidé par le Professeur Alpha Sow (décédé il y a quelques années), ami et compagnon du Professeur Alpha Condé. Professeur Alpha Sow a même dirigé la campagne du candidat Alpha Condé lors de la présidentielle de décembre 1998. Et il avait a ses côtés Bah Oury.
Dans un autre camp on retrouvait Siradiou Diallo et d’autres qui ont finalement mis en place le PRP (Parti du Renouveau et du Progrès). Au lendemain des présidentielles de 1993, constatant qu’ils ont le même électorat, le PRP de Siradiou Diallo et l’UNR de Bah Mamadou fusionnent leurs formations, qui devient l’UPR (Union pour le Progrès et le Renouveau) à la tête de laquelle trône maintenant El-Hadj Bah Ousmane, Ministre d’État conseiller a la Présidence guinéenne. Feu Bah Mamadou Bhoye est désigné candidat pour l’élection et feu Siradiou Diallo directeur de campagne.
La suite, comme on le sait, le candidat du PUP et du gouvernement est proclamé vainqueur dès le premier tour, alors que la quasi-totalité des observateurs et analystes politiques, au regard de la campagne de l’UPR, s’attendaient minimalement à un second Tour entre le Général Lansana Conté et Bah Mamadou. L’arrestation et l’emprisonnement d’Alpha Condé, candidat du RPG, étoufferont cet autre trucage électoral. Le pouvoir en place à Conakry a ainsi réédité son coup de 1993, opéré contre le leader du RPG, Alpha Condé.
PUP ou UPR ?
Il semble que Cellou Dalein Diallo était dans les rangs de du PRP (une des branches ayant fusionné avec l’UNR pour fonder l’UPR) jusqu’à son entrée dans le gouvernement de Sidya Touré, en 1996. Comme tout fonctionnaire guinéen, Cellou Dalein Diallo, une fois ministre, se met au service du gouvernement et contribue aux mascarades électorales. Labé, bastion du PRP, tombe dans le camp gouvernemental. Tout comme d’ailleurs Kankan, connue pour être un bastion du RPG… Cellou Dalein ne s’éloignera du PUP (Parti de l’Unité et du Progrès de Lansana Conté), qu’en avril 2006, après avoir été chassé de la Primature par l’entourage du Général Conté. Notamment les Mamadou Sylla Futurelec, Fodé Bangoura…
Entre-temps, au début des années 2000, le pacte UNR/PRP, qui a donné naissance à l’UPR, a éclaté. C’est que Bah Mamadou et Siradiou Diallo ne convenaient plus des mêmes positions à adopter, notamment, cellesa relatives à la participation aux élections législatives (2002) et présidentielles (2003). Le doyen de l’Opposition (Bah Mamadou) guinéenne devenait un Général sans troupe. Occasion qu’a saisie Bah Oury, pour tendre la perche à celui qui aidera l’UFDG à devenir une force politique incontournable en Guinée.
« Parti de salon »
C’est El-Hadj Bah Mamadou Bhoye, alors Président de l’UFDG, qui a imposé El-Hadj Cellou Dalein Diallo à la tête de ce parti, fondé quelques années plus tôt par Bah Amadou Oury et certains de ses amis. Ces trois personnalités, avant de se retrouver au sein de l’UFDG, ont emprunté différents chemins, sur lesquels ils ont notamment rencontré et même cheminé avec feu Siradiou Diallo et El-Hadj Bah Ousmane.
Faut-il rappeler, qu’à peine installé aux commandes du gouvernement, en décembre 2004, pour décrisper le climat sociopolitique, Cellou Dalein a initié un rapprochement entre l’Opposition et la mouvance ? C’est en ce moment qu’a commencé ses relations politiques avec le Doyen Bah Mamadou, son parrain à l’UFDG. Et au moment de se lancer en politique, explique un de ses proches «Cellou Dalein se demandait comment choisir entre l’UPR, hérité par Bah Ousmane, suite au décès, en mars 2004, de Siradiou Diallo, chef de la formation, et l’UFDG présidé par El-Hadj Bah Mamadou. C’est ce dernier qui lui a facilité la tâche en le présentant aux militants et responsables comme étant son dauphin. Le clan Bah Oury a été obligé d’accepter ce choix car, le Vieux avait mis tout son poids et menaçait même de démissionner. Ce qui aurait ramené l’UFDG à sa dimension antérieure de parti de salon. Et c’est qui pourrait arriver lorsque Cellou va quitter le parti ».
C’est après les présidentielles de 2015 que l’éclatement de l’UFDG pourrait intervenir. Son chef est en train de jouer ses dernières cartes : en perdant l’élection (ce que certains prédisent déjà), il va sans doute rendre le tablier, car il lui sera difficile, voire même impossible de regagner la confiance des militants. Ce qui ne va pas arranger les choses pour le clan Bah Oury, qui sera accusé d’avoir torpillé la campagne de Dalein. Chaque camp va prendre un morceau..
Dans cette lutte à finir entre Cellou Dalein et Bah Oury, c’est plus Bah Oury et des irréductibles du parti qui seront perdants. Le membre-fondateur de l’UFDG est en train de démolir ce qu’il a bâti des années durant, au prix fort (en sacrifiant une carrière professionnelle dans le secteur financier) en subissant le régime du PUP et celui de la transition et en étant aujourd’hui exilé. A la mort de Sékou Touré, en mars 1984, ce jeune et brillant banquier, a été de la première vague de la diaspora guinéenne à prendre les chemins du retour. Engagé au sein de la société civile, il a contribué à la mise sur pied et à la gestion de l’ONDH (Organisation nationale de défense des droits de l’Homme). Il a contribué a l’éducation civique et populaire de nombreux guinéens occupés par la politique.
L’UFDG d’aujourd’hui est une création de Bah Oury et de ses amis. Mais il est certain que sans Cellou Dalein et les siens, ce parti ne sera plus le même.
Ibrahima Sory BALDE