L’histoire politique d’un parti se joue parfois à des instants charnières, où les choix opérés – ou au contraire évités – peuvent sceller son avenir.
Aujourd’hui, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) traverse l’un des tournants les plus critiques de son existence. Entre désillusion militante, blocages internes et inertie stratégique, le parti semble s’éloigner de sa vocation première : celle de porter haut et fort la voix du peuple dans le combat démocratique.
Pourtant, tout n’est pas perdu. Une voie existe : celle du rassemblement des forces réformatrices, non pas dans un esprit de rupture, mais dans une dynamique de relance. Non comme une rébellion, mais comme un acte de responsabilité.
Refonder le parti, un impératif démocratique
L’inquiétante dérive autoritaire qui s’installe au sein de l’UFDG ne peut être ignorée. Trop souvent, l’expression d’une opinion divergente est sanctionnée avec brutalité, dans une logique liberticide qui affaiblit l’essence même du parti.
Les cas récents des fédéraux de Siguiri, Kouroussa et Kankan, brutalement démis de leurs fonctions de secrétaires fédéraux pour avoir osé exprimer leurs opinions, sont autant de signaux alarmants. Ces mesures répressives ne renforcent pas l’unité, elles fracturent davantage la base militante.
Face à ces dérives, nous proposons une alternative avec des ambitions claires :
- Rétablir la confiance entre la base et la direction,
- Créer un espace de dialogue structuré et inclusif,
- Redonner à notre parti sa vocation démocratique, celle d’un acteur majeur du jeu politique capable de se réinventer sans se renier.
À la direction nationale de l’UFDG, disons que la réforme n’est pas un crime.
Toute tentative de réforme au sein du parti est trop souvent perçue comme un acte de défiance, une remise en cause de son leadership. Il faut lever cette confusion.
Notre engagement n’est pas dirigé contre la personne de Cellou Dalein Diallo, mais contre un système qui menace l’existence même de notre mouvement. Nous appelons à la lucidité, à l’ouverture et à l’adaptation. Il est temps de bâtir, d’organiser et surtout de rassembler.
La direction du parti ne peut plus continuer à s’enfermer dans une logique d’exclusion et de répression. Elle doit entendre la voix des réformateurs comme une proposition d’avenir et non comme une menace.
Dans cette dynamique, les responsables locaux et militants doivent être encouragés à revendiquer une gouvernance plus transparente, plus participative et plus ambitieuse.
Ne trahissons pas nos martyrs
L’UFDG ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans les sacrifices consentis par ses militants, tombés sous les balles pour la démocratie.
Leur engagement ne peut être réduit au silence par des luttes internes stériles et des jeux de pouvoir. Nous devons leur rendre justice, non pas par de vaines commémorations, mais par des actes courageux et refondateurs :
- Faire vivre leur mémoire à travers un projet collectif fort,
- Refuser que leurs sacrifices soient trahis par l’inaction ou les querelles internes.
L’heure du choix a sonné
Nous ne pouvons plus nous contenter de discours incantatoires, de stratégies électorales sans vision ni de victimisation perpétuelle.
L’union des courants réformateurs ne doit pas être vue comme une menace, mais comme une opportunité historique de redonner à l’UFDG un souffle nouveau, de panser ses plaies et de se projeter, enfin, vers l’avenir.
Car au fond, il ne s’agit pas de choisir entre fidélité et réforme. Il s’agit de comprendre que la fidélité véritable consiste à vouloir le meilleur pour le parti, même – et surtout – lorsqu’il faut en revoir les fondations.
Joachim Baba Millimouno