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Ultime adieu : lettre posthume d’Amadou Boukariou Baldé

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[dropcap]E[/dropcap]t le 31 mai 2019 fut mon tour. Moi, Amadou  BALDE. A qui le suivant ? Je venais juste d’avoir 22 ans. Dans ma dernière demeure où je suis maintenant couché, fauché par des mains criminelles, je vous écris cette lettre d’ultime adieu.

Ces derniers jours, mon nom est à la une des journaux, dans la bouche de tous les guinéens. Mes photos circulent sur les réseaux sociaux comme si c’était le jour de mon anniversaire. Et mon sujet se pose et oppose les uns des autres. Sur les publications, mon est écrit en rouge ou sur fond « RIP ». Rouge de mon sang versé par les coups et blessures volontaires de ceux qui étaient pourtant censés me protéger. Seulement qu’à la place de protection, ils ont préféré m’ôté la vie. Désolation, chagrin, regret,… ma disposition étonne les uns, et d’autres clament haut et fort Justice ! Justice ! Justice !

Je suis, ou devrais-je plutôt dire, j’étais un jeune. Jeune guinéen, un citoyen comme tout le monde. Mais peut être malheureusement Etudiant. Pour une solidarité amicale, ma vie a été mise en jeu et à la fin c’est mon âme qu’on m’a prise. Les bourreaux m’ont sacrifié. Oui, je suis parti, mes rêves avec moi. Oui, j’avais des rêves comme tout jeune étudiant : tenir mon diplôme en main, devenir quelqu’un, servir ma nation et l’humanité toute entière.

Hélas ! Que va devenir mon projet professionnel ? Devenir ingénieur en informatique, participé à des concours numériques, décrocher des prix d’excellences, avec l’outil par excellence, la Tic. Oh ! Que deviennent maintenant ces rêves ?

D’autres pensent que le cataclysme qui m’a ôté la vie n’est qu’un incident qui s’est passé à l’Université de Labé. J’en appelle au chef suprême de la nation, au gouverneur de la région de Labé, sans ignorer le préfet, aux donneurs d’ordre qui crée de désordre qui violentent, tabassent et détruisissent sur leur passage. Ils pensent que les intimidations, les menaces proférées à l’endroit des combattants que nous sommes allaient apaiser les cœurs après que mon âme s’est envolée. Je pense au Ministre de l’Enseignement supérieur et aux autorités universitaires de Labé. Oui, je vous attends tous.

Hélas ! Un coup violent, fatal, a arrêté le battement de mon cœur alors que mes condisciples de la ‘’cité de Paris’’, non loin de ‘’Panama City’’, sans oublié que les différentes structures estudiantines de Hafia, désormais solitaire, avaient besoin de cheminer avec moi.

Ne savent-ils pas que je suis un espoir pour des parents qui avaient tout investi sur moi, dans mes études ? Pauvres parents ! Que deviendront maintenant tous ces efforts sacrifiés ? Les voir pleurer était mon dernier souhait. Aujourd’hui, leurs larmes vont arroser ma tombe jusqu’à leurs derniers souffles et je ne pourrais rien faire pour les consoler. N’ont-ils pas pensé que j’étais un étudiant qui avait des rêves à réaliser avec ses amis de promotion ?

Si seulement ; je pouvais rouvrir les yeux pour revoir ma maman, la prendre dans mes bras, la serrer très fort, la donner un bisou sur le front et lui dire avec tout mon cœur une dernière fois : « Je t’aime maman ». Si seulement, j’avais le pouvoir de faire pareil pour mes sœurs, mes frères, mon père, tous les membres de ma  famille, tous mes amis…Hélas ! Mon corps reste inerte, je n’ai plus ce pouvoir. S’il me restait une seconde de souffle, c’est ce souvenir que j’aurais gardé en moi. Le souvenir d’un homme présent pour sa famille et ses amis.

Mais je n’aimerais pas du tout qu’on se souvient de moi comme l’étudiant battu à mort par des gendarmes et tué à tort, mais comme celui qui, en sacrifiant sa vie a rendu service à son pays, a fait qu’il n’y ait plus de blessés ou encore de morts pour avoir exercé leur droit le plus absolu. Si vous pensez que c’est normal  que je meurs, et que mes bourreaux continuent à se réjouir de leur pouvoir sombre en exerçant leur fonction sans crainte ni peur, laissez-les délecter donc le gout de mon sang. Sinon, exiger leur départ à tous, puisqu’ils ne vont jamais démissionné. Vous avez ce pouvoir. Vous pouvez le faire.

Faites-le, pas pour moi, ni pour ma mémoire. Mais, pour la nation, pour la future génération. Que tous ceux qui restent après mon tragique départ soient assurés qu’ils ne seront plus tués dans les temples du savoir.  Chers amis (es), pour votre avenir, la dignité de notre pays, les responsables d’exécution des innocents doivent être punis.

Pour finir, j’aimerais remercier tous ceux qui ont compati à mon sort, ce tragique sort qui m’a couté la vie. Mais également vous inviter à ne jamais baisser les bras, à ne jamais céder au désespoir. Car au bout du bout, l’espoir est bien permit. L’avenir de notre pays est entre vos mains. Que ma mort ne soit guère briseuse de vos rêves. Mais booster plutôt vos envies de réussir.

Dites à mes parents que je suis désolé d’être parti sans pouvoir les amener voir et se recueillir sur la tombe du prophète (PSL). Dites à mes amis d’enfance que mon cœur est désolé de ne pas pouvoir résister à la violence des policiers et gendarmes. Dites au gouvernement, au gouverneur de la ville de Labé, au préfet de Labé, au recteur de l’université de Labé, que l’eau de javel encore moins le savon ne pourront laver mon sang innocent de leurs mains meurtrières.

Dites à toutes et à tous, de ne pas oublier  de prier pour moi.

Je suis votre regretté ami, Amadou BALDE, hier étudiant en licence 2 informatique.  Je vous dis : adieu.

« Que juste soit faite pour Amadou BALDE »


Par Alsény BALDE.
Ancien Etudiant à l’Université de Labé à la FST
Département MIAGE
Président de la promotion « MIAGE 2016 ».
https://www.facebook.com/profile.php?id=100007987835986

1 commentaire
  1. Soul dit

    Ehhhhh Allah, Eh seigneur que c’est pathétique cette lettre. Frère que par l’amour du prophète, le seigneur pardonne tes péchés et qu’il t’accorde son paradi eternel  » firdawssi » #Amine yah raball ahlamine#

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