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Un chroniqueur au Premier ministre : ‘’Quand arrêtera-t-on de jouer de la comédie ?’’

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[dropcap]L[/dropcap]a Guinée et sa litanie sans fin de drames, de pleurs, et de décomptes macabres s’enchaînant telle dans une symphonie lugubre. Alors qu’elle se contusionne toujours de meurtrissures suite au drame de Womey, le sort s’est acharné à nouveau contre elle, cette fois-ci à Forécariah. Mais plus qu’une colère de la nature, c’est le prix payé à une maladie qui la ronge à petits feux.

Mohamed Said FofanaOui on dira que c’est une embarcation qui a culbuté, mais c’est bien plus. C’est un euphémisme ! Bien plus, c’est l’image d’un pays qui va à vau-l’eau, d’un pays qui n’est pas loin de toucher le fonds, d’un pays qui se consume dans la combustion de ses tares quasi-congénitales, qu’il traine tel un boulet qu’il ne peut tirer de ses pieds.

Diantre ! Quand arrêtera-t-on de jouer de la comédie dans le bled des damnés de la terre ? Quand arrêtera-t-on dans l’univers chaotique de ma Guinée des malédictions de verser à flots démagogiques des torrents de larmes de crocodile ? Monsieur le Premier ministre et toutes ces dévoyées de fichues autorités à l’esprit aliéné par l’envie incoercible de s’en mettre pleines les poches, souffrez que je vous dise que la comédie, que votre plaisanterie rossarde a assez duré, arrêtez de jouer les étancheurs de larmes qui ne rien ne justifient qu’elles soient versées.

Marquez une pause et regardez-vous dans la glace au réveil, vous vous découvrirez une âme dégoulinante de honte, un visage cramoisi de balafres de la déchéance et de la décrépitude pour avoir failli, pour avoir échoué à redonner espoir à un peuple qui vous a porté sa confiance voici quatre ans, vous vous sentirez, vous devez vous sentir atrabilaire pour avoir collectionné autant de drames en quatre ans qu’il n’y a en a eus en 53 ans d’indépendance.

Marquez une pause et demandez-vous pourquoi êtes-vous finalement ravalé au rôle de chef d’orchestre d’une grosse farce dont le peuple est dindon, mais une farce que vous continuerez à jouer jusqu’à quand ? Trop, trop, nous vous avons assez soupé !

A présent, nous savons que vous et votre gouvernement, jamais vous ne casserez la patte à un canard, à présent nous sommes convaincus qu’avec vous au gouvernail, rien n’arrêtera notre descente aux enfers, rien n’arrêtera le dépérissement continu de notre pays, personne ne viendra nous tirer du rouleau compresseur de la faucheuse, chaque semaine suffira, nous en sommes sûr, son lot de vies humaines emportées. Sinon, comment comprendre que vous ne soyez pas fichu de changer d’un iota la moindre tare de ce pays.

Qu’est-ce que je raconte, où vais-je chercher cela ? Que peut-on espérer d’un gouvernement qui ne peut ne même pas réguler les loisirs, qui a observé l’anarchie emporter 33 âmes innocentes et laisser faire ? Et qui au lieu de trancher les vraies têtes de turcs, se complait à torturer d’innocentes personnes à la responsabilité discutable ? Comment se farcir le fait que les mêmes défaillances se perpétuent sans discontinuer et produisent les mêmes effets ? Depuis toujours, nos populations empruntent les mêmes barques faites de bois et de pointes en acier coulant, depuis toujours, elles sont embarquées sans management, entassées les unes sur les autres avec de la marchandise, pour un voyage à destination incertaine.

Depuis toujours, on savait que ces barques mouroirs sur mer, mettent flamberge au vent, sous le regard fatalement irresponsable des agents de l’agence de la navigation maritime, sans le moindre contrôle technique, sans qu’on ne s’assure de leur fiabilité, le prix du manifeste payé, le tour est joué, la plus vétuste des barques peut conduire nos pauvres populations à l’abattoir sous le fond de l’eau.

Depuis des années, au ministère des transports, on renâcle à passer aux embarcations à fibre de verre, pour rien qui vaille. Dites-moi quel choix restait-il à ceux qui ont péri dans le naufrage de Contah si ce n’est de s’embarquer, entendez le mot au sens second, faute de mieux, dans la barque de la mort, quête du quotidien oblige? N’y avait-il pas moyen de nous faire l’économie de ces autres morts de trop, 18 âmes emportées et 25 autres portées disparues dans le flot meurtrier d’une mer déchaînée qui ne demande pas mieux, depuis qu’elle a englouti 33 premières il y a près de trois, elle sentait la pépite d’en avaler d’autres pour assouvir sa soif insatiable de notre abîme et de notre apocalypse collectives.

 Aboubacar Diallo, dans La Plume

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