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‘‘Un enfant dans la rue, c’est une société en perdition’’, soutient Binta Ann

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[dropcap]L[/dropcap]a fondation Binta Ann pour les enfants et les femmes (FONBALE) est une ONG qui opère sur le terrain depuis plusieurs années. Comme son nom l’indique, elle est versée dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) et réalise plusieurs activités liées à l’insertion et à la réinsertion des enfants issus des familles défavorisée.

??????????A l’occasion de la célébration de la fête internationale des Femmes, notre rédaction a rencontré sa présidente, Mme Binta Ann. Dans cette entrevue, cette écrivaine,  auteure deux ouvrages et professeur d’anglais au Lycée français et à l’Ecole américaine de Conakry, a accepté volontiers de se prêter à nos questions. Interview !

VisionGuinee.Info : A quand remonte la mise en place de  la Fonbale ?

Binta Ann : La FONBALE existe depuis près de 6 ans. Mais, elle a été enregistrée en 2008 aux Etats-Unis où je vivais, et en Guinée, en 2011. Donc, depuis pratiquement 6 ans, elle existe.

Quelques réalisations à l’actif de la Fonbale ?

Le plus grand projet de la FONBALE, c’est la lutte contre les mutilations génitales. En partenariat avec l’Unicef, l’ambassade des Etats-Unis et le ministère de l’Action sociale, de la promotion féminine et de l’Enfance, nous avons un projet de communauté et de communication sur les MGF dans la commune de Ratoma. Nous l’avons commencé depuis le mois de décembre dernier, qui consiste à sensibiliser les gens sur les fléaux et autres dangers liés à l’excision et aux mutilations génitales.

Ensuite, il y a la scolarisation des enfants que nous assistons gratuitement. Nous leur donnons des cours des cours de soir et des cours de vacances gratuits au siège de notre fondation à Nongo. Nous avons près de 250 enfants.

Aussi, nous luttons contre la mendicité des enfants. Nous donnons également des cours gratuits aux enfants mendiants à la Cité de solidarité.

Avez-vous des représentations au pays profond ?

Ce ne sont pas des représentations en tant que telles. Mais nous travaillons de concert avec des ONG à l’intérieur du pays. Tout récemment, nous y avons fait une tournée où on s’est rendu compte qu’il y a d’autres ONG qui font la même chose que nous. Et au lieu qu’on aille pour créer d’autres structures, nous préférons travailler avec celles qui existent déjà et qui connaissent mieux le terrain. Donc, nous n’avons pas voulu en créer. Nous travaillons avec ces ONG, notamment en Haute et Moyenne Guinée.

Les perspectives de la Fonbale cette année ?

Nous continuons toujours la lutte contre l’excision et les mutilations génitales qui constituent un problème de santé publique. En même temps, nous avons un projet de construction d’un centre un peu plus large où nous pouvons accueillir mieux aider ces enfants. Parce que sont mes bureaux que j’ai transformés en centre pour les recevoir.

Aussi, nous avons un projet avec la sécurité, pour pouvoir mettre en place des points focaux pour lutter contre le viol et les violences faites aux femmes.

C’est trop tout ce que vous venez d’énumérer là. Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent ou que vous exercez sur fonds propres ?

Nous avons des partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent sur le projet de l’excision et des mutilations génitales : l’Unicef, l’ambassade des Etats-Unis, le ministère de l’Action sociale. Ensuite, nous avons eu un autre partenaire qui s’appelle Geneva Global basé aux Etats-Unis, qui nous a assistés sur le projet Trans-Ebola. Nous sommes en train de sensibiliser à la gare-routière de Madina. Nous avons donné des formations et procédé à la distribution des kits sanitaires et d’hygiène aux transporteurs ainsi qu’à leur syndicat, et qui, à leur tour, sensibilisent les passagers. Donc, ce sont ces partenaires qui nous assistent pour le moment.

Vous vous faites également dans l’écriture. Pour preuve, vous avez sorti deux ouvrages, à ce que sache. Parlez-nous brièvement de ces œuvres ?

C’est vrai, je suis écrivaine. J’ai fait deux ouvrages : le premier, c’est Hawa, la petite mendiante. C’est sur l’éducation de la jeune fille. On l’appelle l’école de la seconde chance. Ce ne sont pas tous les enfants qui ont la chance de continuer les études jusqu’à l’université. Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent faire que ces enfants échouent ou abandonnent l’école ; des raisons peuvent être d’ordre familial ou autres. Donc, pour lutter contre cet abandon, pour que ces filles qui ont abandonné l’école puissent se soutenir, avoir une indépendance financière pouvant leur permettre de bien évoluer dans leur vie sociale, on les encourage à faire des métiers comme la coiffure, la couture, la teinture, pour ne pas qu’elles restent à la maison et qu’elles deviennent dépendantes. Donc, c’est un petit qui a été transformé en film-documentaire par l’Unicef-Guinée.

Ensuite, il y a le mariage par colis. Là, il s’agit d’un roman qui essaie de brosser les réalités de jeunes africains qui quittent l’Afrique pour aller en Occident. Les parents, sans savoir les conditions dans lesquelles vivent ces jeunes, ils leur envoient une épouse. Et ça devient un colis empoisonné. Donc, c’est juste pour attirer l’attention des parents afin qu’ils arrêtent de piéger les jeunes, en leur donnant des épouses ou des époux qu’ils n’ont pas choisis. Et comme nous luttons aussi contre le mariage précoce, je fais également des écrits sur cette réalité. Parce c’est très dangereux de donner une enfant de 12 ou 13 ans en mariage. Elle est encore enfant. Il y a sa vie qui peut être mise en danger en accouchant. Elle peut donc avoir d’énormes problèmes de santé, de problèmes physiologiques liés à sa croissance.

Il y a aussi des livres d’enfants et de sensibilisation que j’ai écrits en collaboration avec l’Unicef et une maison d’éditions africaine. Ça va être publié bientôt. Ce sont 5 livres d’enfants.

Binta Ann a-t-elle un modèle, une référence ?

Mon modèle de femme, ma référence, c’est ma mère. Elle n’a pas été à l’école, mais avec son petit commerce, elle a réussi à nous envoyer, mes 5 sœurs et moi, à l’école. Elle a dit qu’elle n’a pas étudié, mais tous ces enfants vont étudier. C’était un courage. Elle a eu à le faire, parce que mon père ne la comprenait. Mais elle est arrivée au but de ses aspirations. Elle constitue ma héroïne. Je suis vraiment fière d’elle. Elle reste mon modèle, ainsi que toutes les autres les autres femmes qui lui ressemblent.

Nous nous acheminons vers la célébration de la fête internationale de la Femme – le 8 mars -. Quels conseils prodiguerez-vous aux autres femmes qui conçoivent la féminité comme étant un handicap à leur émancipation ?

La féminité ne peut pas être un handicap. Celles qui pensent que c’est un handicap, c’est qu’elles n’ont pas compris. La féminité définit ce qu’on est. On ne doit pas se cacher derrière elle pour dire que je suis femme, et je dois rester les bras croisés. Parce que je suis appelée à être mariée, à ce qu’un homme s’occupe de moi. C’était avant ça. Cette considération ne reflète plus la réalité actuelle.

Les femmes doivent avoir confiance en elles, pouvoir se dire qu’elles peuvent et doivent faire ceci ou cela. Si les autres ont pu le faire, c’est que nous aussi, on peut bien le faire. Il y a certaines activités qu’on disait réservées aux hommes que les femmes parviennent à faire. Mais si la femme est là en croisant les bras ou en se victimisant, c’est qu’elle a juste envie de se laisser et qu’on s’occupe d’elle. Et l’indépendance financière de la femme commence déjà par l’indépendance intellectuelle. Il faut que les femmes acceptent d’aller à l’école, de se former, de se reformer. On ne finit jamais d’étudier.

Les femmes ont besoin vraiment de se soutenir mutuellement, de créer les choses ensemble, afin de pouvoir évoluer. Donc, la fête internationale des Femmes le 8 mars, nous saluons la fête en tant que telle. Mais la femme doit être célébrée tous les jours. La femme est l’actrice principale de nos sociétés. Elle est là. Surtout quand nous prenons chez nous en Guinée, c’est très dur actuellement. Il y a plusieurs facteurs qui font que les hommes ne travaillent pas. Les femmes, avec leurs petits, sont là pour subvenir aux besoins des familles. Donc, elles sont à saluer. Pas seulement les femmes qui sortent à la télé, mais celles dont on parle peu ou presque pas : les couturières, les coiffeuses, les teinturières, les femmes dans les champs, aussi dans les marchés, ces femmes anonymes qui se lèvent à 5 heures du matin pour aller vendre du pain. Toutes ces femmes sont à saluer. Je prends toute mon inspiration à ces femmes. Tout ce que je fais est vraiment minime par rapport à ces femmes.

Votre mot de la fin ?

Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer dans les colonnes de votre médium. Et pour répondre à votre question, je termine par attirer l’attention des parents pour qu’ils prennent leurs responsabilités, qu’ils soient là pour les enfants qui n’ont pas où aller. Et si nous ne nous occupons pas de ces enfants, ils risquent de se retrouver dans la rue. Et un enfant dans la rue, c’est une société en perdition. Il faut donc que nous assistions ces enfants, parce qu’ils sont l’avenir de demain.

Réalisée par Mady Bangoura

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