[dropcap]A[/dropcap]vec un siècle de retard par rapport aux autres pays africains notamment limitrophes, les autorités guinéennes viennent seulement de se rendre compte que les guinéens vivant à l’étranger pouvaient constituer un atout et un levier de développement.
Ainsi, le gouvernement guinéen à travers son ministère des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger (avec la bénédiction financière de l’OIM et de la Belgique) se lance avec précipitation et impréparation dans une aventure risquée : fédérer les guinéens de l’extérieur pendant qu’il divise ceux de l’intérieur.
Malgré tout, l’ambition reste louable même s’il a fallu attendre un financement étranger pour rappeler aux autorités que de millions de guinéens et guinéennes vivent en dehors du pays et qu’ils pouvaient apporter une petite contribution à son développement économique et social. Mais mieux vaut tard que jamais a-t-on coutume de dire.
L’échec du forum de la diaspora guinéenne du 24 au 25 janvier 2018 à Conakry n’a été que l’épilogue d’une chronique annoncée en octobre 2017 lorsque le Ministère des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger a rédigé une note de deux pages à l’attention de la diaspora intitulée « Termes de références pour le mise en place des conseils des guinéens dans les différents pays de résidence ».
Le but de cette note (au contenu très discutable par ailleurs) était de fixer les modalités d’installation par processus électoral d’un conseil des guinéens de 19 membres dans chaque pays dont l’importance démographique atteignait 1000 compatriotes. C’est seulement au bout de ce processus que les élus des différents conseils des guinéens de l’étranger devaient se réunir pour élire à leur tour le Haut Conseil des Guinéens de l’étranger.
Malheureusement, la volonté de manipulation et les agendas politiques cachés ont poussé les autorités à convoquer une élection avec des personnes qui ne représentent pas toute la diaspora. En effet, tous ceux qui connaissent bien l’histoire de notre pays savent qu’un forum de la diaspora guinéenne destiné à élire ses représentants à quelque niveau que ce soit ne peut valablement se tenir en l’absence des représentants des pays à forte communauté guinéenne comme la France, la Belgique, les Etas-Unis, le Royaume Uni et le Canada. Or, dans ces différents pays le Conseil des guinéens est encore soit inexistant soit non représentatif.
Mes compatriotes de la diaspora qui pleurnichaient de s’être déplacés pour rien suite à l’invalidation par les autorités guinéennes de l’élection du Haut Conseil jouaient à la comédie face camera. Car s’ils ont l’intention de représenter toute la diaspora guinéenne, ils devraient savoir que la représentativité n’y était pas à l’intérieur de ce Noom Hôtel au moment du vote.
J’exhorte mes compatriotes de la diaspora à ne pas tomber dans ce piège de la division et de se concerter en la circonstance au lieu de jouer en solo chacun sa partition dans son petit coin. Car à vrai dire, les autorités n’ont pas à interférer dans ce processus électoral.
BAH Abdoul Diaïla
Liège, Belgique
abdoul.diaila@gmail.com
Toute initiative visant à diviser les guinéens dans leur ensemble est nulle et de non effet et ne saura aboutir. Alors, unissons d’abord ceux de l’intérieur avant de parler de ceux de l’extérieur et faisons en sorte que les guinéens sans exception s’aiment, se regardent et se parlent en conjuguant le même verbe, c’est ça le premier pas d’un développement durable.
Bien dit monsieur Bah.