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Un guéri d’Ebola se confie à VisionGuinee

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ebola[dropcap]L’[/dropcap]épidémie virale due à Ebola a fait plusieurs milliers de victimes à travers le pays. Le corps soignant en a payé le lourd tribut, puisque méconnaissant tout au début ce virus tueur en séries. Le docteur Mamadou Oury Diallo aurait été une de ses nombreuses victimes s’il ne se référait pas aux structures adéquates.

Alors qu’il était à son poste, aux services de chirurgie générale de l’hôpital Ignace Deen, CHU de Conakry, le médecin a contracté le virus par l’intermédiaire d’un patient qui s’était échappé du système de surveillance élaboré par la Coordination de riposte à la maladie. Le patient était suivi. Et de son suivi, il est parti à Koba. De Koba pour Landréah, à Dixinn. Puis, à Ignace Deen.

‘‘Mais moi je n’ai compris tout cet itinéraire qu’après que j’aie été contaminé. Parce que moi, il me disait qu’il venait de Tombo. Et en ce temps, Tombo n’était pas un foyer infecté. C’est dans cette situation je l’ai donc géré, mais j’étais ganté. Et après, suant au front, il s’essuie le visage avant de me donner l’argent. Je mets dans ma poche. Et voilà que j’ai mis le virus dans ma poche’’, nous confie Dr Diallo.

De son séjour au Centre de traitement des soignants (CTS)

Admis au Centre de traitement des soignants sis à l’époque à l’Aéroport, Dr Mamadou Oury Diallo déclare qu’il y était psychologiquement bien assisté. Tant par les amis qui ne cessaient de l’appeler en longueur de journée pour lui remonter le moral, que par la prise en charge au niveau du CTS lui-même, avec la mission Tamarin de l’Armée française.

‘‘Vraiment, on était très bien pris en charge. Parce que dès l’arrivée, on nous donnait des unités pour communiquer. Le système informatique était là pour dire connectez-vous, dialoguez avec vos amis. Donc, ils nous réconfortaient psychologiquement si fait qu’on n’a pas mis la maladie dans la tête, parce que, tout simplement, ils ont déployé à nos côtés des gens qui nous faisaient monter le moral’’, témoigne notre interlocuteur.

De son intégration au sein de la communauté

Les guéris sont souvent victimes de stigmatisation et de discrimination. Toute chose qui rend difficile leur intégration au sein de leurs communautés respectives. Parlant de son intégration, Mamadou Oury Diallo, indique que celle-ci a été tant bien que mal acceptée en des endroits, et bien acceptée par sa famille, parce qu’étant le premier médecin de la famille.

‘‘Ça a été ainsi dans mon service, notamment au niveau de mon patron et de certains collègues de service. Par contre chez les autres, ils n’étaient pas contents. Ils ont interprété la chose autrement. Et aujourd’hui, on remercie Dieu pour nous avoir encore gardés en vie’’, témoigne le guéri d’Ebola.

Appel aux autorités…

A Kindia où nous l’avons rencontré, Dr Diallo prend part à un atelier axé sur la gestion des survivants de la maladie à virus Ebola initié par l’Organisation mondiale de la Santé. Et pour rendre effective cette thématique, Mamadou Oury Diallo demande à l’Etat, à travers la Coordination d’assister les organisations nationales et internationales, de leur dire surtout d’assister les associations des personnes guéries.

‘‘C’est nous les guéris qui connaissons nos difficultés. A l’issue de cette rencontre de Kindia, nous souhaitons qu’ils respectent leurs engagements vis-à-vis de nous, pour qu’il n’y ait plus jamais les notions de stigmatisation, de discrimination et tout ce qui s’en suit. Je souhaiterai, au sortir de cet atelier, que nous soyons plus grands qu’avant. Puisqu’on était petits à un moment. Mais on se rend compte qu’on est en train de grandir petit à petit. Beaucoup sont en train de considérer que nous ne sommes pas victimes de cette maladie parce qu’on a été quelque part maudits. Mais c’est parce qu’on voulait sauver des vies’’.

‘‘C’est dans l’exercice de notre métier que nous avons contracté la maladie. Un militaire ne peut pas venir du front, tiré au pied et qu’on lui dise que c’est sa malédiction qui a fait qu’il a été tiré. S’il a remporté la victoire, il faut l’ovationner, le réconforter et même le récompenser pour qu’il puisse être sur d’autres terrains d’attaques demain. Mais si on le décourage, demain  même s’il y a des cas, il dira qu’il n’est pas maudit pour subir ce qu’il avait déjà subi il y l’autre fois. Donc, je me méfie. Je ne vais pas assister les malades. Pourtant, il a juré le sermon d’Hippocrate. Donc, le corps médical doit être assisté tant psychologiquement que financièrement, pour qu’il puisse se réconforter et se déclarer prêt à aller en guerre contre le virus, parce que ce n’est fini pas encore dans le pays. Aussi, il peut y avoir d’autres épidémies. Mais si nous les premiers sommes découragés, vous pensez qu’on va encourager d’autres à partir ? On va leur dire de se méfier, parce qu’on a été les premières victimes’’.

Aux populations

Même si l’on est en passe de maitriser l’épidémie, la bataille n’est pas d’avance gagnée. Inutile donc de crier victoire. Parce que certains foyers continuent encore de notifier de nouveaux cas. Aux personnes qui se camouflent et qui refusent de se rendre dans les structures sanitaires pour se faire soigner, le message de Dr Diallo est clair : ‘‘Ebola n’a pas une solution traditionnelle. Mais il a plutôt une solution médicale, hospitalière. Les malades doivent rallier les structures sanitaires adéquates pour qu’on puisse les prendre en charge que de se camoufler. Parce que si tu te camoufles, tu vas non seulement tuer ta personne, mais aussi tes parents. Si j’étais le dernier porteur d’Ebola, j’allais dire qu’à partir de moi, personne d’autre ne va contracter la maladie. Parce que j’ai pris des mesures pour que ça s’arrête juste à mon niveau’’, conclut-il.

Mady Bangoura, pour VisionGuinee.Info

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