[dropcap]A[/dropcap]vant d’aller vers le vif du sujet qui sera entre autre répondre ou tenter de répondre à ces quelques questions, j’aimerai bien savoir pourquoi en lisant ou en écoutant l’autre on regarde son nom avant de réfuter ou d’approuver ce qu’il dit. Beaucoup ont en tête que la Guinée a un problème qui est plus lié au taux record d’analphabètes, mais le hic est surtout quand le lettré est plus têtu que le non lettré.

Nous avons un problème d’élites intègres. Le professeur Paul R. Brass a dit que… « L’étude de l’ethnicité et la nationalité est une étude du processus par lequel les élites et les contre-élites aux seins des groupes ethniques sélectionnent des aspects de la culture des groupes, attachent de nouvelles valeurs et significations à ceux-ci et les utilisent comme des symboles pour mobiliser le groupe afin de défendre ses intérêts et rivaliser avec d’autres groupes. (Ethnicité et nationalisme : la théorie et la comparaison, 1991)

Voici comment se dessine le problème actuel du « social guinéen », qui est plus que malade et n’accepte pas de se faire ausculter ni traiter par un spécialiste. C’est impossible de tomber malade du cœur et de se faire traiter par un spécialiste des problèmes neuronaux. Le problème social, s’il n’est pas administré par un spécialiste en la matière, provoque l’anarchie et la désorganisation. » in La Guinée : le point de vue d’un sociologue sur des éléments du holon social  publié le 25 juin 2016 par les éditions EDILIVRE.

Pour revenir sur la politique, je commencerai par cette question simple à travers laquelle, je vais dresser le portrait de la politique dite guinéenne.

C’est quoi la politique guinéenne ?

La politique guinéenne est purement propagandiste et ethnostratège, elle ne vise pas de surcroît la satisfaction du peuple, mais elle vise la plupart du temps la satisfaction égoïste d’un individu et de ses complices. Les deux grands partis chez nous sont des associations ethniques conçues sur une base haineuse, donc, les partisans sont presque tous des combattants de l’autre d’en face parce qu’il est tout simplement « autrui, mais au fond c’est une partie de moi justement reniée».

En outre, c’est enlaidir notre diversité le fait d’entretenir ou envenimer la haine intercommunautaire. Il faut que de part et d’autre que chacun s’asseye et qu’il se dise que l’exploitation de la population pour des fins personnelles ne passera pas par moi et mon parti ne sera objet de propagande ethnique. Si non le mieux serait de sursoir au lieu de continuer l’enfoncement dans le trou de la haine appuyé par une misère explicite. C’est cela la réalité, elle est différente des idéaux bien écrits dans les projets de chaque parti.

Pourquoi sursoir ?

J’ai longtemps réfléchi, mais je n’hésite pas en disant que l’on doit sursoir à la politique des politicards guinéens qui ne nous arrange pas. Nous –populations- devons comprendre que ces gens se moquent de nous. En carences de projets de société, ils surfent tous sur la fibre ethnique pour attirer les uns qui se sentent comme victimes de je-ne-sais-quoi qu’ils peuvent eux seuls définir.

Rencontrez les politiques du bled, faites-leur un challenge, celui de parler une heure entière exclusivement –développement-, vous verrez combien réussiront et combien vont retomber tout bas pour revenir à la pratique traditionnelle qu’ils usent souvent qui est soit celle d’attaquer ou celle de contre-attaquer, c’est bien de critiquer, mais proposez des suggestions, car ce pays est un bien commun. Il faut parler de : politique éducative ; politique sanitaire ; politique environnementale…

En un mot, sortir du nihilisme politique qui consiste à ne pas croire à l’autre parti pour des différences d’opinions, en vérité, la vérité n’a pas une valeur strictement réservé à un parti bien donné. Il faut accepter de s’accepter, accepter son tort quand on a tort et faire avancer ce pays.  Sortir de l’orgueil teinté d’ethnicité, aller vers une vraie union où c’est seulement le travail qui sera la vertu première. C’est seulement, avec un esprit nationaliste réaliste, on pourra avancer. Nous ne pouvons pas continuer à nous victimiser et à faire des exactions, c’est absurdes tout ça. La Guinée, un pays avec toutes ces potentialités naturelles se retrouve prise en otage par des politiques autorisés et supportés par une populace aveuglée dans sa démarche de soutien et de militantisme.

Ça nous mène où tout cela ?

Facilement, on peut aller vers le développement, si on est uni sans lâcheté. L’union n’est pas dire dans la bouche que l’on est ensemble alors que dans le for intérieur de chacun, il cache une mauvaise intention contre son prochain qu’il prend pour un intrus. Ce n’est qu’ensemble que ce pays sera beau mais pour ce faire sursoir à la politique afin de faire comprendre aux partisans que –la différence idéologique- ne doit pas créer une divergence qui puisse atteindre le social et qui affectera ensuite le reste des domaines de la vie du guinéen.

Il faut que les partis arrêtent les discours inflammatoires et contribuent à l’éducation spirituelle de ses partisans. Les (Assemblée générales, meetings et autres regroupements) des partis politiques doivent servir de point focal pour inculquer à chacun l’esprit citoyen et l’amour du prochain même dans l’opposition d’idée. Sans ces préalables, nous avons vraiment du chemin à faire pour comprendre que le combat politique n’est pas un combat nécessairement corps à corps mais un combat d’idée. Chacun expose ce qu’il veut faire et suite à des analyses ; la population choisie celui qui offre une vision profitable pour le pays et non le contraire.

Si ça va tout le monde le sentira, et si ça ne va pas c’est pareil. Alors pourquoi ne pas choisir la positivité au-delà de la sensitivité qui cautionne la nullité ?

En comptant sur la compréhension de nos politiques, je les prie d’agréer, l’expression de ma très profonde inquiétude.

Par Elhadj Ousmane BALDE

Sociologue – Ecrivain