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Un médecin tire la sonnette d’alarme sur les maladies cardiovasculaires en Guinée : ‘’C’est un véritable problème de santé publique’’

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En Guinée, les maladies cardiovasculaires constituent un problème de santé publique majeur, touchant une part importante de la population et contribuant à une part significative des décès. L’hypertension artérielle et les cardiopathies rhumatismales sont particulièrement préoccupantes.

Pour en savoir plus sur les causes des décès, surtout chez les jeunes, votre quotidien en ligne VisionGuinee est allé à la rencontre de Dr Alpha Ousmane Bah, médecin au service de cardiologie de l’hôpital national Ignace Deen, ce samedi 14 juin 2025. Dans une interview exclusive, Dr Bah nous explique les causes et comment prévenir cette maladie qui touche beaucoup de personnes dans notre pays.

VisionGuinee : Quelles sont les maladies cardiovasculaires les plus fréquentes en Guinée ?

Dr Ousmane Bah : Je suis ravi de participer à cet échange. Alors, les maladies cardiovasculaires, comme vous le savez tous, sont vraiment un véritable problème de santé publique dans notre pays. Ce sont des infections souvent silencieuses, qui occupent une part vraiment très importante et grandissante dans la population, surtout à un âge jeune, que les gens ignorent, parce que les jeunes aussi sont concernés. Il faut également reconnaître que ce sont des maladies responsables de beaucoup de décès, mais ce sont des décès qui peuvent être évitables. En tant que médecin en formation en cardiologie, il est impératif pour moi de sensibiliser, d’informer, mais surtout de proposer des solutions adaptées pour la bonne prise en charge de ces maladies.

Maintenant, pour répondre à cette question, il faut savoir que les maladies du cœur en Guinée sont vraiment diverses. Mais il y a des principales maladies qui sont, entre autres, les infections cardiaques, l’insuffisance cardiaque, les valvulopathies, les maladies coronariennes, c’est-à-dire les cardiopathies ischémiques, les troubles du rythme cardiaque, et aussi les troubles de conduction, que nous rencontrons le plus souvent dans notre service.

Quels sont les principaux facteurs de risque des arrêts cardiaques dans notre contexte, qui coûtent souvent la vie, surtout aux jeunes aujourd’hui ?

Les arrêts cardiaques résultent souvent de facteurs multiples. Comme je l’ai dit, les pathologies que nous rencontrons le plus souvent, ce sont les hypertensions. Alors, l’hypertension, les gens la négligent le plus souvent, mais c’est actuellement un facteur très important dans les arrêts cardiaques. Ensuite, nous avons le tabagisme. Les jeunes qui fument actuellement, c’est un facteur très néfaste pour la santé.

Le diabète aussi est une maladie qui entraîne un arrêt cardiaque. La sédentarité, les gens qui ne font pas du tout d’activités physiques, c’est aussi un facteur qui peut entraîner un arrêt cardiaque ou une maladie cardiovasculaire. Les maladies coronariennes, comme je l’ai dit, les maladies qui atteignent les artères coronaires, sont aussi des pathologies qui peuvent entraîner un arrêt cardiaque.

Et l’âge avancé, les personnes qui ont un certain âge avancé, est un autre facteur de risque. Et, comme je l’ai dit tantôt, le sexe masculin aussi est un autre facteur de risque des maladies cardiovasculaires.

On entend souvent des jeunes dire qu’une personne est morte subitement suite à un arrêt cardiaque. Quelles sont les causes réelles de ces décès soudains ?

C’est une question très essentielle pour comprendre les failles de ces maladies ou ce qui peut vraiment entraîner ces maladies. La première des choses, il y a le retard diagnostique. Le retard diagnostique est une cause qui peut vraiment entraîner cela. Ensuite, nous avons l’accès aux soins qui est très limité. Parce que la population est pauvre et les hôpitaux spécialisés sont très limités aussi. Après ça, nous avons le coût élevé des soins, ce qui limite aussi les gens. Et ensuite, nous avons une faible sensibilisation, non seulement des médecins, mais des autorités, sur ces différentes pathologies. Et l’automédication : les gens ici partent d’abord vers des traitements traditionnels quand ils ont une douleur. Ils n’ont pas le réflexe d’aller à l’hôpital. Ils partent d’abord vers l’automédication ou vont dans la pharmacie la plus proche pour se procurer des médicaments. Et enfin, le manque d’équipement dans nos différentes structures sanitaires.

Comment expliquez-vous le taux élevé de décès liés aux crises cardiaques en Guinée ?

Le taux élevé de ces décès s’explique principalement par le retard de consultation, l’accès limité aux soins spécialisés, le manque de sensibilisation. Voilà, entre autres. Et surtout, surtout, le retard diagnostique. Les patients qui vont dans les structures en périphérie, qui se font consulter, et là, les médecins qui y sont les gardent, sans pour autant être à la hauteur de pouvoir soigner ces patients. Au lieu de les transférer dans des services spécialisés, ils retardent le patient. Donc, c’est là aussi que je voulais expliquer toutes ces choses.

Quels sont les signes d’alerte d’une crise cardiaque que la population devrait connaître ?

Là, c’est extrêmement important. Quand je parlais tantôt de la sensibilisation et de l’information, c’est concernant ces signes. Nous, en tant que médecins, nous nous battons à chaque fois, comme ce que vous êtes en train de faire, les journalistes. L’État, tout le monde devrait s’impliquer pour sensibiliser, pour informer concernant ces signes. Alors, les pathologies cardiaques, comme je l’ai dit tantôt, ont des signes. Des personnes ressentent une douleur thoracique brutale pendant qu’elles sont en train de regarder la télé, de conduire, ou sont dans les marchés. Le patient vous dira : ‘C’est la première fois que je ressens une douleur pareille’. C’est une douleur constrictive qui irradie le plus souvent au niveau du bras gauche, qui remonte au niveau des mâchoires, une douleur qui vient parfois même au niveau des omoplates. Donc, lorsque vous ressentez cette douleur, il faut automatiquement faire une consultation.

Ensuite, il y a des signes qui viennent s’associer notamment des sueurs profuses, des palpitations, et une dyspnée qui vient s’installer aussi. Alors, c’est une dyspnée appelée couramment le souffle court. Si vous constatez des signes pareils, vous, en tant que voisin d’un patient qui ressent cette douleur, la première des choses, il faut l’envoyer à l’hôpital le plus proche.

Qu’entendez-vous par douleur thoracique ?

Douleur thoracique, c’est quand vous êtes avec quelqu’un qui ressent une douleur au niveau de la poitrine. Il dit : ‘Ah, j’ai mal’. Et cette douleur, c’est la première fois qu’il la ressent, il dit : depuis que je suis né, je n’ai jamais ressenti cette douleur. Alors, le patient va prendre sa main, sa paume, et la déposer sur le thorax. Ce qui veut dire que vous voyez ce signe, qui est un signe majeur. Qu’est-ce que vous, vous devez faire en tant que voisin ? Prenez le patient, ne le faites pas marcher, faites-le monter sur une moto ou dans une voiture. Envoyez-le dans la structure sanitaire la plus proche.

Mais attention, il y a une douleur atypique, surtout chez les diabétiques. Les personnes diabétiques ne vont pas ressentir la même douleur que celles qui ne sont pas diabétiques. Ils vont penser qu’ils ont une douleur épigastrique, une douleur qu’ils ressentent au niveau de l’épigastre. Ils pensent que c’est similaire à une douleur gastrique. Mais par contre, ce n’est pas ça. Donc, quand vous ressentez cette douleur, quel que soit le type de douleur thoracique, faites une consultation au service de cardiologie.

Quels sont les examens et les traitements cardiologiques disponibles dans les hôpitaux publics guinéens ?

Les examens sont l’Electrocardiogramme (ECG), Holter ECG, échographie transthoracique, radiographie pulmonaire, tests sanguins (bilans des facteurs de risque cardiovasculaire, troponine…). La coronarographie n’est pas à la portée de tout le monde, car le coût est élevé.
Alors ici, nous faisons avec les moyens de bord, avec les traitements disponibles dans les instituts sanitaires. D’abord, nous avons le traitement médicamenteux que nous utilisons ici. Nous avons, comme vous le savez, les diurétiques, les bêta-bloquants… Tout le traitement médical que vous connaissez est disponible ici. Avant, il n’y avait pas tous les médicaments disponibles dans notre pays. Mais aujourd’hui, à travers nos éminents maîtres, avec la formation de beaucoup de cardiologues, la prescription est là, et les pharmaciens essaient de rendre disponibles ces médicaments qui autrefois n’étaient pas accessibles.

Et ensuite, nous avons également le cathétérisme artériel qui est disponible. Quelqu’un qui fait une crise cardiaque dans notre pays, aujourd’hui, nous pouvons déboucher l’artère ici, chez nous, par exemple, à la Caisse. C’est possible qu’on le fasse à la Caisse, c’est possible qu’on le fasse à Sino-guinéen. Actuellement, nous débouchons des artères coronaires.

Si, par exemple, le cœur est ralenti, ou s’il y a un trouble de conduction, actuellement, on fait la pose de pacemakers. Actuellement, ce que nous faisons à la CNSS et également dans une clinique de Conakry. On place une batterie pour aider le cœur à bien pomper, à bien fonctionner. Donc, voilà, entre autres, les traitements disponibles chez nous.

Existe-t-il des centres spécialisés en cardiologie en Guinée ?

Disons, le centre mère, c’est le service de cardiologie de l’Hôpital national Ignace Deen. C’est vrai que les autres hôpitaux préfectoraux et régionaux ont des unités de cardiologie, mais le service mère, c’est celui de l’hôpital Ignace Deen. Mais il y a des cliniques, comme les cliniques de cardiologie à Conakry, qui font pas mal de choses aujourd’hui dans notre pays. Là, ils font la pose de pacemakers pour aider le cœur à bien fonctionner.

Quels conseils simples donneriez-vous pour prévenir l’hypertension et les crises cardiaques ?

La première des choses, il faut vraiment jouer sur notre nourriture. Actuellement, la plupart des maladies cardiovasculaires viennent de la nourriture. Il faudrait que les gens mangent moins salé, moins gras. Il faudrait que les gens évitent la sédentarité, c’est-à-dire qu’ils contrôlent leur poids, qu’ils évitent l’obésité. Il faudrait également que les gens arrêtent de fumer et de boire de l’alcool. C’est extrêmement important. Et il faut pratiquer un exercice physique régulier. Ce n’est pas une activité physique intense, mais elle doit être régulière. Par exemple, vous pouvez dire : ‘Je vais faire du sport deux fois par semaine’. Il faut que ce soit régulier. Donc, ce sont des conseils vraiment pratiques que je pourrais donner pour minimiser les maladies cardiovasculaires. Alors, mon message est clair : prenez soin de vos cœurs, car la santé cardiovasculaire, c’est la base de la vie. Le cœur ne trahit pas, mais l’ignorance de ses signaux peut nous coûter cher. Mieux vaut prévenir une crise cardiaque que de pleurer une victime.

Salimatou BALDE, pour VisionGuinee.Info
00224 662 78 58 57 /salimbalde91@gmail.com

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