[dropcap]U[/dropcap]ne fuite est survenue sur la principale conduite dans la nuit de lundi 10 à mardi 11 novembre au quartier Kissosso, dans la commune de Matoto. Pas de pertes en vies humaines, mais plusieurs blessés et d’importants dégâts matériels sont à déplorer.
Cet énième accident a irrité la colère des jeunes quartier qui ont manifesté leur ras-le-bol face au ‘‘laxisme’’ des autorités à s’occuper pleinement d’un danger qui les guette à chaque moment. Ils dénoncent la mauvaise qualité du travail réalisé par les agents de la Société des Eaux de Guinée (SEG). Dès 6 heures, ils ont barricadé l’autoroute avec des blocs de pierres et de bois, empêchant ainsi les véhicules de circuler avant d’être dispersés par les agents des forces de l’ordre.
Selon les témoignages recueillis sur place, il était 4 heures 25 minutes quand une explosion violente s’est fait entendre. Ce qui a du coup alerté Monsieur Youla qui dit avoir plutôt pensé à un ouragan. ‘‘C’est entretemps que les premiers jets sont rentrés par les persiennes. Et tout de suite, ma femme m’a dit que c’est le tuyau à la devanture de la cour qui a éclaté. En une fraction de seconde, l’eau avait envahi toute la concession. Nous avons tenté de sortir, mais la porte était déjà barricadée par la pression de l’eau’’, raconte l’ingénieur géologue dont toute la concession a été envahie, la clôture dévastée, une chambrette écroulée suite à la pression et deux personnes emportées par les eaux avant qu’elles ne soient repêchées avec des blessures sur tout le corps.
Egalement victime de la tragédie et visiblement sous le choc, l’institutrice M’Balia Sylla est inconsolable. Larmes aux yeux, elle se déclare malheureuse et sollicite une assistance de la part des autorités et des personnes de bonne volonté.
Pour s’occuper de la maladie de ses deux enfants, elle dit avoir récemment revendu un terrain à Kindia. Mais ce souci ne sera pas résolu de façon imminente. Car, cet argent et plusieurs autres biens ont été emportés par les eaux, se lamente la pauvre femme.
Rescapé du drame, Thomas Doré loue Dieu qui l’a sorti même avec des blessures dans cette situation. Mais avant, il se souvient de ce qui lui est arrivé. ‘‘On était couché dans la maison quand nous avons entendu un bruit. C’est ainsi que j’ai ouvert la fenêtre pour voir ce qui se passait. Alors, j’ai vu de l’eau venir avec force vers le mur qu’elle a cassé. Son courant nous a trainés dans les fossés et grâce à Dieu, on a réussi à s’en sortir avec les traces que vous voyez là’’, conte le jeune homme désemparé.
Dans son appel, il interpelle les autorités à trouver un terme à leur souffrance. Car, dit-il, ‘’ce n’est ni la première, ni la seconde et encore moins la troisième fois que nous enregistrons de tels drames dans notre quartier, et qui coûtent même des vies humaines par moments à des familles’’, clame-t-il.
La famille d’Abdoulaye Camara est une ancienne victime des précédentes fuites d’eau à Kissosso. Très remonté contre les promesses ‘‘fallacieuses’’ des autorités quant au dédommagement des victimes et à la prise en charge des blessés, au nom de la jeunesse du secteur, le jeune demande le démantèlement du tuyau et son remplacement par un autre. Mais cette fois-ci en fer. Car, trop c’est trop, lance-t-il.
Le président du Conseil de quartier se dit être dans une situation de regret et de désolation. Pour avoir été lui-même victime de pareilles situations il y a un moment, Ahmed Cissoko en appelle au calme et à la retenue pour une sortie heureuse de cette crise qui, selon lui, sera la dernière. ‘’Nous venons de tenir une réunion au cours de laquelle il a été demandé à tous les chefs de quartiers traversés par ces tuyaux de sensibiliser leurs populations sur l’envoi à partir du 13 novembre prochain d’une équipe pour faire l’état des lieux en vue du remplacement de ces tuyaux qui ont fait assez de dégâts dans nos différents quartiers. On attendait donc cette équipe quand malheureusement cet autre accident et qui je pense d’ailleurs être le dernier, est survenu’’, a-t-il déploré.
Depuis ces derniers temps, les populations riveraines des abords de ce tuyau sont exposées aux fuites récurrentes des eaux. La dernière en lice remonte à quelques mois quand ces eaux ont trainé un bébé dans les fossés avant qu’il ne soit retrouvé mort dans un bas-fond.
Mady Bangoura pour VisionGuinee.Info
00224 664 294 851/ mady.bangoura@visionguinee.info