Les relations diplomatiques entre l’Afrique et l’Europe sont multiséculaires. L’Afrique et L’Europe ont partagé de nombreux chapitres de leurs histoires. Parfois tourmentées ,il est vrai, mais aussi côte à côte comme cela fut le cas lors du soutien des tirailleurs lors des guerres mondiales.
Il n’est pas nécessaire de faire un retracé de l’histoire et des relations des deux continents, mais il est surtout primordial d’analyser les rapports actuels entre l’Afrique et certains pays du continent Européen pour trouver des solutions à une relation plus horizontale et pacifiée.
La tension récente entre Paris et Bamako et le départ précipité des troupes françaises du Mali témoigne d’une fragilisation des relations entre ces deux pays pourtant ‘’proches’’. Bien évidemment le récent coup d’état contre Ibrahima Boubacar Keita et la prise de distance réciproque des deux gouvernements l’un face à l’autre associé à la crise sécuritaire et la persistance des attaques terroristes dans la région ont conduit à entériner la rupture entre les deux pays, du moins pour le moment.
Mais, j’estime qu’il y a des raisons encore plus profondes qui peuvent expliquer ces tensions persistances entre certains pays Africains et des États européens. On se souvient tous de la joute verbale entre l’ex président Alpha Condé et les journalistes de la chaîne France 24, évidemment que ces images ne sont pas une belle publicité pour les relations entre certains pays africains et européens.
Pour ma part, j’estime qu’il y a encore une tension entre ces pays du fait du rapport des deux continents à cette histoire récente, je précise bien du rapport et non de l’histoire, car c’est notre interprétation et la manière dont nous ressentons ou nous vivons cette histoire parfois complexe qui nous conduit à avoir une relation de défiance réciproque. Mais je pense profondément qu’une nouvelle diplomatie est possible et qu’on peut se projeter vers des relations plus saines avec le vieux continent.
Bien sûr comme on le voit aujourd’hui, l’Europe elle-même ne porte pas le même regard, et les mêmes intérêts en Afrique. Chaque État a sa politique étrangère en Afrique et parfois comme on y assiste au Mali on peut avoir des États qui se concurrencent pour mettre en œuvre leurs politiques. Mon intérêt n’est pas de juger telle ou telle politique, mais j’estime que le renouvellement de la politique de l’Europe de l’ouest vis à vis de certains pays africains réside dans la capacité à faire face à aux nouveaux acteurs venus de l’Europe de l’est, dans cette aptitude à montrer enfin toute l’Africanité que l’Europe a en elle. C’est-à-dire sortir d’une diplomatie ou on revendique notre histoire commune avec l’Afrique mais justifier cette relation en associant les diasporas dans les relations Europe Afrique comme le fait déjà des pays comme le Canada et la Corée du Sud.
L’idée n’est pas seulement de nommer des ambassadeurs français issus de la diversité dans leurs pays d’origine mais de s’appuyer sur leurs réseaux, leurs carnets d’adresse, leurs expériences et proximités avec les pays Africains pour créer des relations d’interdépendance plus fraternelles.
Il est par ailleurs nécessaire de renouveler la diplomatie ‘’bureaucratique’’ en Afrique. Il est. Fondamental d’aller vers les populations, les acteurs des sociétés civiles pour créer une proximité. C’est le moment de la diplomatie de terrain. L’heure n’est plus aux relations ‘’verticales’’, c’est le moment de casser les barrières de poste ou de pouvoir. Bien évidemment la défiance face à l’Europe est plus que jamais présente en Afrique, mais elle n’est pas irréversible. Mais cela demande de plus en plus de sincérité et de renouvellement des rapports et des positions.
Cela passe par une diplomatie nouvelle intégrant les nouveaux enjeux et les nouvelles perspectives. Cela demande aussi aux pays de l’Europe de l’ouest de s’appuyer sur toutes les cartes dont ils disposent, et aussi aux leaders Africains aussi de faire l’effort de s’engager sur de nouvelles bases plus saines avec l’Europe.
Par Alseny THIAM