[dropcap]L[/dropcap]a Guinée est confrontée à une épidémie d’Ebola sans précédent. Le samedi 7 mars, une opération d’essais cliniques d’un vaccin contre Ebola a été lancée à Conakry. Il s’agit des derniers essais cliniques avant la commercialisation du vaccin VSV-EBOV, contre le virus Ebola. VisionGuinee a rencontré le coordinateur national de riposte contre Ebola, Dr. Sakoba Keita pour en savoir plus sur ce vaccin. Entretien.

VisionGuinee : Docteur Keita, l’épidémie d’Ebola continue de faire des ravages en Guinée. De quels moyens dispose aujourd’hui la coordination nationale de riposte contre Ebola pour venir à bout de la maladie ?

Sakoba Keita : Il faut dire que nous avons eu beaucoup d’apports en ce qui concerne les ressources humaines venant des Etats-Unis, de l’Europe et de l’Afrique. A ces humanitaires s’ajoutent les moyens de locomotion : (motos, vélo, véhicules et des hélicoptères). Actuellement, nous avons quatre hélicoptères qui sont à notre disposition pour nos déplacements dans les foyers de l’épidémie.

Le moyen le plus sûr pour nous est le soutien de la population surtout des ressortissants, leader religieux, communautaire sur lesquelles nous comptons pour le coup de pouce pour atteindre l’objectif final et en finir avec Ebola.

Nous assistons au lancement des tests du vaccin contre Ebola. Votre sentiment ?

C’est pour moi un sentiment de fierté en voyant enfin un vaccin contre ce virus. Etant le premier responsable de la coordination nationale de riposte contre Ebola et surtout étant à ma 25e gestion d’épidémie, je sais que pour la plupart des épidémies que j’ai gérées, il faut traiter les malades, vacciner les ayant-droits pour empêcher que des individus sains ne tombent malades.

On n’avait jusque-là pas d’armes pour traiter nos malades, mais aussi éviter que ceux qui ne sont pas malades n’attrapent le virus Ebola. Grâce aux bénédictions et aux efforts des recherches, en décembre 2014, nous avons eu un premier médicament qui est en train de réduire le nombre de morts. La 2e arme que nous venons d’avoir, c’est le vaccin VSV-EBOV. C’est ce qu’on attendait.

Si les tests d’efficacité sont concluants, ça sera la future arme contre d’Ebola pour toute l’humanité. Moi-même, j’ai été vacciné. Je me sens bien et réconforté par le courage que j’ai pris pour être le premier guinéen en ma qualité de responsable de la lutte contre Ebola à bénéficier de ce vaccin en donnant l’exemple au peuple de Guinée.

A quel titre ce vaccin est utilisé en Guinée ? Avez-vous d’importants stocks ?

Pour le moment ce vaccin est à titre d’essai. Il a été testé au Gabon, Etats-Unis et dans d’autres pays. Ces premières phases permettent d’évaluer les anticorps des personnes vaccinées. Une fois dans le corps de l’être humain, le vaccin stimule la production d’anticorps. Le sang des vaccinés sera testé à trois reprises pendant 84 jours pour comparer notre niveau d’anticorps à celui du niveau d’anticorps des personnes guéries d’Ebola en Guinée.

Ce sont 15 000 doses qui sont attendues en Guinée. Je vous annonce que 2 000 doses sont déjà disponibles et tout patient n’a droit qu’à une seule dose.

Quelles sont les personnes visées par cette opération de vaccination ?

On a visé les personnes qui ont plus de 18 ans. Les enfants, les femmes enceintes ou nourrices ne sont pas concernés par ce premier essai. En plus de la moyenne d’âge, elle s’effectue avec le consentement du sujet. Pour l’instant, ce n’est pas une vaccination de masse. Le vaccin ne sera à la portée de tous les citoyens que lorsque les résultats de essaies seront concluants.

Réalisé par Sidy BAH, pour VisionGuinee.Info

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