Vente illicite de manuels scolaires : la principale accusée reconnait les faits et charge le DCE de Matoto
Mme Binta Diallo, magasinière à la direction communale de l’éducation (DCE) de Matoto, est accusée d’avoir vendu des manuels scolaires destinés aux élèves et encadreurs. Si elle ne nie pas les accusations portées en son encontre, elle reconnait avoir commis cette forfaiture en complicité avec le directeur communal de l’éducation de Matoto Kenda Bailo Diallo.
La principale accusée assure que c’est une pratique qui est courante dans presque tous les établissements scolaires publics du pays. Elle fait le grand déballage. Extraits…
« Je suis venue montrer au DCE, Kenda Bailo Diallo, le bordereau de livraison pour lui dire ce qu’il y a dans le magasin. Il m’a dit puisqu’on n’utilise pas tous ces livrets, Mme Binta, vous allez nous aider à liquider quelques-uns. Il ne peut pas nier cela.
Les livres que l’Etat éditent et que les bailleurs de fonds envoient se retrouvent dans tous les marchés du pays. C’est le fait que mes chefs se sont acharnés contre moi jusqu’à m’envoyer en prison, c’est ce qui m’a un peu révoltée.
Si je prends les cartables, c’est 50 cartons et chaque carton contient 20 cartables, ça fait 1000 cartables. Ils ont parlé de 8000 cartables disparus, mais ce n’est pas vrai. Mais cela ne me préoccupe pas, parce qu’il y a des documents officiels qui existent.
Depuis que cette histoire a commencé entre le DCE Kenda Bailo Diallo et moi, beaucoup sont au courant de ce problème. Ça a été discuté dans son bureau plusieurs fois. Moi je n’en avais jamais parlé. C’est quand il a parlé jusqu’à m’envoyer en prison, c’est en ce moment que j’ai décidé de briser le silence. Quand tu fais une affaire avec ton chef, tu vas accepter d’endosser la honte et la souffrance pour vous deux. Mais à un moment donné de la situation, chacun a une dignité.
L’histoire de la vente…
Il venait d’arriver à la DCE, il n’avait pas d’argent, je le comprenais. Suite à un problème à Yimbaya, il a compris qu’il y avait ce genre d’affaires. Quand il était venu nouvellement, lui-même m’a dit aucun chef de service ne lui a dit ce qui s’est passait dans son service. Quand je lui ai tendu l’enveloppe de 10 millions GNF. Il m’a dit que je suis la seule et un certain Konaté qui travaillent ici qui lui ont tendu de l’argent. Il a pris les 10 millions. Il ne peut pas nier les faits.
Quand il m’a parlé de ça dans son bureau, je suis allé pour m’intéresser au prix. J’ai pris un livret fabriqué par un commerçant et un par l’Etat. Je suis allé chez lui à la maison la nuit. Quand j’ai sorti les deux livrets dans mon sac pour lui montrer. Il m’a dit : ‘Allons dehors, je ne veux pas que ma femme connaisse mes affaires’. On est allés dehors, il était en débardeur et culotte. On s’est arrêtés et on a parlé.
Quelques jours après, je suis venu chez lui pour l’annoncer que je suis passé à l’acte. J’ai eu ça pour vous. Il m’a demandé combien ? J’ai répondu 10 millions. Il m’a dit : ‘Est-ce que vous avez l’argent avec vous ?’ Je dis non. Ce n’était pas prudent pour moi de venir avec l’argent. Il m’a demandé d’envoyer l’argent le lendemain à son bureau.
L’affaire éclate au grand jour
La police m’a dit qu’ils ont évalué les manuels scolaires et qu’il parait que j’ai pris 30 millions. Mais je ne savais pas. Parce que quand tu prends seulement, tu vas dépenser sans le savoir.
Quelques jours après, le DCE m’appelle pour me demander si je vais venir au bureau. J’ai dit oui mais que je devais passer quelque part. Il me dit : ‘Non venez directement’. Quand je suis arrivée, j’ai trouvé le SAF en train de réunir l’argent jusqu’à accumulé 10 millions. Ça m’a un peu tiquée. Je me suis dit le DCE est en train d’ouvrir un feuilleton. Il sort l’enveloppe d’argent et dit : ‘C’est Mme Binta qui m’avait donné les 10 millions comme cadeau, mais je les rétourne’. J’ai répondu : ‘Directeur, moi qui n’ai même pas un salaire de 2 millions et demi, comment puis-je vous donner 10 millions comme cadeau ?’.Je reconnais que j’ai fait ça, mais c’est avec le DCE. Si je l’accuse, ça va se retourner contre moi.
Après cet événement malheureux, tout le monde saura qu’il y a des livres qu’on distribue gratuitement. Parce que parfois, il faut accepter de te sacrifier pour toute une nation.
Je me mettrai à la disposition de la justice de mon pays. A un moment donné, que ça soit du négatif ou du positif que vous faites, il faut assumer. Celui qui reconnaît une erreur, il purge si c’est une peine ou quoi que ça soit, il ne répétera pas. Celui qui continue de cacher sa fausseté va continuer dans ça ».
Djiwo BARRY, pour VisionGuinee.Info
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