[dropcap]L[/dropcap]e président gambien Yahya Jammeh a limogé son ministre de l’Intérieur Ousman Sonko, remplacé par Momodou Alieu Bah, un officier condamné en 2006 pour une tentative de putsch et gracié en 2010, a-t-on appris lundi de sources officielles.
La notice biographique de M. Sonko, un des plus anciens ministres de M. Jammeh, avec près de dix ans en fonction, encore visible lundi en début d’après-midi sur le site de la présidence gambienne, avait disparu quelques heures plus tard.
Celle de M. Bah se résumait à une ligne: nommé ministre de l’Intérieur le 16 septembre. Le décret de nomination, lu dimanche soir à la télévision d’Etat, mentionne également la date du 16 septembre, sans donner d’explication à ce remaniement.
Momodou Alieu Bah était jusqu’à présent directeur des finances des forces armées. Condamné en 2006 à 25 ans de prison pour participation à une tentative de putsch, il a été gracié à la suite de son témoignage pour l’accusation au procès du chef d’état-major, le général Lang Tombong Tamba.
Ce dernier, condamné à mort en 2010 pour trahison, a bénéficié d’une série de grâces décrétées par le président Jammeh en juillet 2015 pour le 21ème anniversaire de sa prise du pouvoir sans effusion de sang.
Yahya Jammeh, qui dirige d’une main de fer la Gambie, petit Etat anglophone d’Afrique de l’Ouest enclavé dans le territoire du Sénégal, hormis sa façade atlantique, a déjoué de nombreuses tentatives pour le renverser.
Il procède régulièrement à des remaniements gouvernementaux inexpliqués pour des raisons de sécurité, selon des observateurs.
Son régime est accusé par des ONG et le département d’Etat américain de disparitions forcées et de harcèlement de la presse et des défenseurs des droits humains, accusations qu’il rejette régulièrement.
Elu une première fois en 1996, puis constamment réélu depuis, il briguera un cinquième mandat en décembre.
Par AFP