[dropcap]Y[/dropcap]amoussa Sidibé n’est plus le directeur général de la Radio Télévision Guinéenne (RTG). Il a passé le témoin lundi à son successeur Sékouba Savané. Notre confrère a dressé le bilan de son passage à la tête du média. Extraits de son discours…
Au moment inoubliable où je prenais mes fonctions à la tête de la RTG, trois défis importants parmi de nombreux s’affichaient pour nous. Le premier concernait le niveau d’équipement technique.
Le constat était qu’à tous les échelons de chaque service, les équipements ne répondaient pas aux exigences et au standing d’une radio ambitieuse et d’une télévision à la hauteur de la modernité d’une Guinée qui avance.
La modernisation des contenus et programmes de la télévision et de la radio se présentait sous la forme d’un pari à gagner. A ce sujet, les émissions peinaient à retenir, pendant longtemps, les téléspectateurs. Il fallait apporter dans des délais relativement courts des changements visibles à l’antenne. Dans cette perspective, nous avons réalisé l’exigence de nous attaquer simultanément aux contenus des émissions et à la valorisation de l’antenne.
Nous avons antérieurement observé avec une forte préoccupation le manque cruel de formation promouvant la remise à niveau, le réarmement moral et la capitalisation de l’expérience professionnelle des agents à tous les niveaux de la radio et de la télé.
De ces trois défis, la RTG ne pouvait pas prétendre se rapprocher des standards internationaux pour la simple raison qu’elle manquait de politique et de programme propices à une formation capable de hisser ses agents à un niveau de compétence suffisant. On ne pouvait s’empêcher de relever le caractère criard d’un manque de formation.
Face à la situation et en l’absence de ressources financières, nous avons consulté le carnet de nos relations dans l’espace audiovisuel francophone qu’on a couvert durant les 16 années où nous avons été correspondant de France Télévision en Guinée, en Sierra Léone et au Libéria.
Saisissant l’opportunité que nous offrait ce privilège, nous avons pu inscrire la RTG dans l’assiette de la coopération française. A Conakry à l’ambassade de France et à Paris, à l’Agence française de coopération média, nous avons pu réussir à faire accepter un plan de relance de la RTG, d’équipement et de formation.
Une mission du projet européen ‘promotion de la paix et du désenclavement’ a été organisée pour l’amélioration de l’accès à une information objective en Guinée. ce projet comporte deux volets. Un premier consacré à l’achat de matériels techniques, un second à la modernisation des émissions du plateau et à la formation des journalistes.
Un inventaire détaillé des besoins matériels de la RTG a été réalisé. Canal France International, sur un financement de l’Union européenne, a procédé à la sélection et à l’achat du matériel ainsi qu’à son transport sur Conakry. Ces équipements concernaient tous les aspects de la production et de l’exploitation audiovisuelle (caméra, boite de montage, son, lumière, régie, unité mobile de production vidéo, etc.).
En ce qui concerne l’expertise éditoriale, deux formations seront proposées qui font suite aux demandes que nous avons exprimées. La première se rapportait à la professionnalisation des journalistes reporters, une quinzaine, participeront à des ateliers. L’un consacré à l’écriture des sujets, et l’autre au tournage et au montage. Le deuxième volet de cette deuxième formation visait la création d’une émission citoyenne. L’un des résultats de cette formation est la création de l’émission Guinée actu.
Ces différentes formations qui s’étendront sur deux ans imprimeront une dimension novatrice à la professionnalisation des journalistes reporters et techniciens de la RTG. Des métiers de la télévision qui avaient disparu, comme l’éclairagiste, le machiniste et autres, font leur éminente réapparition et entraine une mutation dynamique.
A mon arrivée, il n’y avait qu’un seul journaliste reporter d’images. Aujourd’hui, une dizaine a été formée sous notre initiative dont 5 sont capables, selon les formateurs, de travailler dans n’importe quelle rédaction des pays occidentaux. Des techniciens et réalisateurs découvrent les secrets des émissions de plateau. La lumière, le son, les images et les subtilités d’une réalisation n’auront plus de secret pour les jeunes techniciens de la maison.
Lors des législatives de 2013, des journalistes et techniciens ont été initiés à la préparation, l’animation d’une soirée électorale en multiplexe. Cette expérience a été reconduite à la présidentielle de 2015 avec succès.
Nous avons aussi pu diversifier nos interlocuteurs. Une rencontre avec l’ambassadeur de Chine nous a permis de bénéficier d’un don d’équipements (…). L’année dernière, en avril, nous avons pu obtenir deux places pour des agents de la rédaction JT qui se sont rendus à Dakar pour se former en techniques de montage et de traitement de sujets internationaux envoyés par des agences, comme l’AFP.
Dans le cadre de la formation, l’école de service avec l’institut Nako Diabaté a permis l’accès de la majorité des travailleurs de la RTG à l’indispensable outil informatique.
En matière de contenus, des innovations ont été effectuées à partir de février 2013. Je peux citer les émissions comme Kolomatin, Une heure pour convaincre, Guinée actu, Musique d’ailleurs, Archives de Guinée, Débats sur Koloma, Echos de nos régions, Dites-moi tout docteur, Sports-débats, Secrets des femmes, etc. A la radio, Kolamatin, Koloma soir, L’instant Aya…
Pour le plus grand profit des téléspectateurs, depuis le 14 mai 2016, la télévision nationale émet 24h24. Les principaux postes de production et d’exploitation sont mis en réseau avec la régie ou le nodal. Presque toute la chaine d’exploitation est numérique. Construction d’un site internet compatible avec les applications Windows, Mac et mobile. La RTG est présente sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter, YouTube. Le réseau local a été connecté sur la fibre optique.
Nous pouvons dire avec fierté qu’en ce qui concerne la RTG, Guinea is back est une réalité. Parce que désormais, nous pouvons, malgré les difficultés persistantes, tenir la compétition dans une sous-région où la télé la moins dotée dispose d’un budget annuel supérieur à 10 milliards de francs CFA.
Rien tu étais là simplement pour alpha vous ne faites rien d important band d incapable