[dropcap]L[/dropcap]e porte-parole de l’opposition et fondateur de l’un des premiers groupes de presse en Guinée serait-il moins regardant sur le traitement de ses employés ? Aboubacar Sylla, ancien ministre de la communication serait à couteaux tirés avec plus d’une dizaine d’employés de L’Indépendant/Démocrate.

Des informations que nous avons pu recueillir, il ressort que les grévistes majoritairement journalistes réclament le paiement de plusieurs mois d’arriérés de salaires. Mais, depuis le déclenchement de leur grève, ces journalistes titulaires pour les uns, pigistes et stagiaires pour les autres peinent à trouver des interlocuteurs afin de trouver une solution à la crise.

Face au ‘’mépris’’ de leur direction, ils ont décidé d’assigner leur employeur en justice. Et en attendant un procès juste et équitable, ils ont animé ce jeudi une conférence de presse afin d’attirer l’attention des uns et des autres sur leur situation qui n’a que trop duré.

Parmi les intervenants, le témoignage d’une secrétaire employée à L’Indépendant/Démocrate a ébloui plus d’un. Hadja Anne Marie Diawara travaille pour le groupe depuis plus de 17 ans. Pendant ce temps, son salaire n’a guère dépassé les 300.000 GNF après 15 ans de  service.  ‘’Depuis 1995, je suis employée au groupe de presse L’Indépendant/Démocrate. Je suis la plus ancienne et sous-payée. J’ai vraiment duré. Mais, je suis très déçue de M. Sylla (Aboubacar). Très déçue, quand on sait les conditions dans lesquelles nous travaillons. Je suis la mieux placée pour témoigner et défendre les intérêts de tous les journalistes qui sont partis du journal’’, campe cette mère de famille.

‘’Je ne suis pas journaliste’’, précise-t-elle à l’assistance. ‘’J’ai commencé par être claviste, ensuite informaticienne. Je pleure aujourd’hui parce que je ne suis plus à L’Indépendant. On a enlevé mon nom dans l’ours du journal’’, déplore Hadja Anne Marie Diawara qui coiffait le pool de secrétaires, mais navrée aujourd’hui de voir le vrai visage de son employeur Aboubacar Sylla.

Pendant 17 ans, révèle Hadja Anne Marie Diawara, la salle de saisie de cet important groupe de presse n’a qu’un seul ordinateur pour 4 secrétaires. ‘’C’est dans ces conditions pénibles qu’on a toujours continué à travailler. Je le dis haut et fort devant tout un chacun pas pour le dénigrer, il (Aboubacar Sylla, Ndlr) le sait. Nous n’avons pas été récompensés pour le dur labeur que nous avons effectué’’.

Malgré les subventions annuelles que l’Etat verse aux différents médias locaux, les employés du groupe de presse  L’Indépendant/Démocrate n’ont jamais vu un seul franc de ces montants, pourtant alloués pour améliorer les conditions de travail des employés.  ‘’Outre que mal payée, j’ai été emprisonnée le siège du groupe de presse se trouvait en ville. Il (Aboubacar Sylla) peut le témoigner. C’est mon mari qui m’a fait sortir de prison. L’Etat subventionne les médias, nous n’avons jamais eu quelque chose. Tout ça c’est pour vous dire combien de fois, nous avons enduré pour L’Indépendant’’, évoque Hadja Anne Marie Diawara.

Aujourd’hui, ‘’si nous voyons  Aboubacar Sylla en train de politiser notre grève, je dis que c’est regrettable. Ce n’était pas la peine de nous amener jusque-là. Y a eu beaucoup de journalistes qui ont été employés à L’Indépendant. Certains d’entre eux ne me connaissent même pas’’, murmure la responsable des secrétaires qui se rallie aux autres grévistes pour être rétablie dans ses droits.

‘’C’est loin d’être une déclaration de guerre. Il revient à Aboubacar Sylla de voir  notre situation et de nous comprendre. Nous ne voulons pas politiser la chose. On n’est pas arrivé à ce niveau’’, précise-t-elle.   ‘’Pendant les 15 premières années, mon salaire à L’Indépendant était de 300.000 GNF. De 2013 à 2014, j’ai eu une augmentation de 100.000 GNF donc je suis payée à 400.000 GNF aujourd’hui’’, déballe Hadja Anne Marie Diawara.

Ciré BALDE, pour VisionGuinee.Info

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