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Accusé de tentative de coup d’Etat contre Alpha Condé, un militaire parle depuis la prison : ‘’Nous sommes abandonnés…’’

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[dropcap]E[/dropcap]n mars 2020, à la suite de tirs sporadiques dans l’enceinte du camp Alpha Yaya de Conakry, des militaires accusés de vouloir renverser Alpha Condé, ont été arrêtés et déférés dans les prisons guinéennes. Plus d’un an après leur arrestation, ces éléments de la grande muette attendent toujours d’être situés sur leur sort.

Depuis la prison civile de Siguiri où il est détenu, le sous-lieutenant Jacques Maomy en service au Bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA) du camp Alpha Yaya Diallo revient sur les circonstances de son arrestation et les conditions de détention. Extraits…

Arrestation…

‘’Dans la journée du 20 mars 2020, il y a eu des tirs au camp Alpha Yaya. Moi, j’habite à Sonfonia, ce jour-là, je n’étais au camp. Après une semaine de patrouille au camp, je suis rentré à la maison pour me reposer. Le 25 mars, on m’a appelé pour me dire qu’ils ont besoin de moi au camp. C’est là qu’ils m’ont arrêté pour m’envoyer à l’Etat-major général des armées. Arrivé là-bas, c’est un autre groupe qui m’a pris pour m’amener au tribunal militaire. Le même jour, vers 19 heures, on a été soumis à un interrogatoire. On m’a demandé si je connaissais le commandant Pascal. J’ai répondu que oui !

Par la suite, ils m’ont envoyé au camp Makambo où j’ai fait 2 mois. Ceux qui venaient m’interroger, me demandaient si je connaissais le projet du commandant Pascal. Je répondais toujours que le commandant Pascal, c’est mon frère, mais je n’ai aucun projet avec lui. Le commandant, même est venu pour leur dire que je ne savais rien. Après, on m’a déféré à la maison centrale de Conakry où nous avons été détenus jusqu’à l’approche des élections. Après, on nous a envoyés à Kindia. De Kindia, ils nous ont envoyés à Soronkoni, puis à Kankan. Aujourd’hui, je suis à Siguiri.

Sentiment d’abandon…

Nous sommes abandonnés, on n’a pas de nouvelles de nos familles. Nos enfants ont abandonné les écoles. Pourtant, nous sommes en prison pour quelque chose que nous ne connaissons pas. On a juste été accusés de tentative de coup d’Etat. Moi, par exemple, je suis venu au camp Alpha Yaya de moi-même. Comment pus-je être impliqué un complot de coup d’Etat, qu’on m’appelle de Sonfonia et que je vienne de moi ? Je pouvais me cacher ou sortir du pays. Quand il y a eu les tirs, je ne me suis pas caché parce que je ne me reproche de rien.

Des morts dans le groupe…

Depuis qu’on nous a arrêtés, il y a eu juste l’instruction du dossier, mais pas de procès jusque-là. Pendant ce temps, nous sommes en prison et on ne parle pas de nous. Ça fait près de deux ans maintenant. Nous sommes une trentaine de militaires dans cette situation. Certains sont à Kankan, d’autres à Conakry et un peu partout.

On sait tous que qui parle de la prison parle de la souffrance. Notre santé devient de plus en plus précaire, il faut qu’ils nous viennent en aide. Nous ne sommes pas en occident pour dire que les droits des prisonniers sont respectés. Imaginez ce qu’on réserve en prison à ceux qui sont accusés de vouloir renverser un président de la République. Nous avons subi des tortures morales. D’autres ont succombé de leurs blessures. Nous les rescapés, nous voulons enterrer la hache de guerre. Nous qui sommes vivants et malades, il faut qu’ils pensent à nous libérer.

Espoir avec l’avènement du CNRD…

Quand il y a eu l’avènement du CNRD le 5 septembre, nous nous sommes dit que vu que nous sommes des compagnons d’armes, ils vont penser à nous. Parce que nous avons été injustement accusés par le régime d’Alpha Condé. Notre groupe est composé uniquement des forestiers, des soussous et des peulhs. On disait c’est une manière de nous éloigner de Conakry. Mais de nos jours, il y a un silence total sur notre situation. La justice ne prend pas notre dossier. Pourtant, toute personne en conflit avec la loi a droit à un procès équitable.

Nous connaissons des membres du CNRD. Je suis de la promotion de 2000, je ne suis pas un enfant. J’ai fait 20 ans dans les forces armées guinéennes. Quand j’étais chef de patrouille, c’est le colonel Balla Samoura qui enregistrait mon nom parce que c’est lui qui était le commandant de la gendarmerie régionale de Conakry. Il me connait physiquement, le colonel Mamadi Doumbouya aussi. Tout ce que nous leur demandons, c’est de penser à nous. Car c’était une mise en scène pour nous nuire ou nous mettre en prison. Je les supplie de penser à nous, nos femmes et nos enfants’’.

Par Boussouriou Doumba, pour VisionGuine.Info

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