Ce pays est une farce, une sinistre farce ! On en rirait presque si cette farce loufoque et généralisée n’engageait pas l’honneur et le destin de tout un peuple. Hélas … « Les gens pourraient apprendre de leurs erreurs s’ils n’étaient pas si occupés à les nier », Carl Gustav Jung
Dialogue bloqué, conduite solitaire et martiale de la transition, restrictions arbitraires, indéfinies et continuelles des droits et libertés des citoyens, harcelement et intimidations des acteurs politiques et sociaux considérés comme hostiles au CNRD, arrestations arbitraires, liberté d’expression menacée, liberté de la presse attaquée, accès aux fréquences des médias brouillé, émetteurs radio confisqués, l’accès aux sites d’informations perturbé, menaces de fermeture des médias (par le gouvernement), l’accès à l’Internet bloqué, manifestations interdites, l’armée réquisitionnée, tentatives de manifestations réprimées, le droit à la vie sacrifié, instrumentalisation et théatralisation outrageuse de la justice, où va la transition guinéenne ?
Qui l’eût cru ?
Décidément se jouer de l’avenir et des besoins démocratiques d’un peuple,avec des complicités politiques, sociales et intellectuelles, est devenu une triste une marque de fabrique dans ce pays.
Nous sommes bien dans le pays de l’absurde et du perpétuel recommencement ! Quand est-ce que nos gouvernants respecteront leur peuple, leurs paroles et leurs engagements, et comprendront que les normes sont faites pour être respectées et pas pour habiller leurs caprices de puissants ?
Quand est-ce que l’élite guinéenne sortira de sa torpeur et de sa complaisante compromission morale et intellectuelle ? Quand est-ce que dans ce pays sortirions nous de la tentation « totalitaire » récurrente, des manoeuvres stériles et de la politique politicienne de mauvais goût ? Comme si notre pays avait ce luxe coûteux de jouer contre l’évidence et la réalité misérable et alienante qui étreignent déjà ce peuple…?
Quand comprendrions nous dans ce pays que la vérité des principes est têtue, que nulle volonté aussi puissante soit elle ne saurait l’enssevelir durablement ?
Nous chantons à longueur de temps la paix, pourtant nulle volonté politique réelle n’accompagne, et n’a jamais accompagné ce besoin impératif pour notre pays ! Je parle d’une juste paix et non d’une paix injuste qui ferait taire les peines, les douleurs et les souffrances des citoyens !
Nous convoquons la démocratie à tout bout de champ, alors même que les règles les plus élémentaires de celle ci peinent à se faire respecter sous nos cieux, à cause de la volonté manifeste et habituelle de nos dirigeants à vouloir toujours régner en maîtres absolus sur les desirs démocratiques, les droits et la vie des citoyens, faisant ainsi de nos lois et de nos engagements internationaux comme bon leur semble.
Dans quel pays saint, on constate autant d’injustices commises, autant d’humiliations causées, autant de misères vécues, autant de légèretés, et le peuple vague tristement et désespérément à ses occupations, s’il n est pas occupé à jouer aux spectateurs impuissants et nihilistes.
Pauvre Guinée…! On ne peut pas servir et défendre un peuple qu’on n’aime pas et ne respecte pas plus que soi-même, et dont on ne place pas les intérêts au dessus des siens !
Une crise morale profonde qui nous detruit
De toutes les crises qui hantent notre pays, la crise morale reste la plus forte, la plus profonde et la plus dévastatrice. Elle touche toutes les strates, toutes les composantes de la vie de ce pays. Elle est le cancer de notre pays.
Elle est le poison inoculé à ce peuple et à ses élites. Aucune institution, aucune structure, aucune organisation, étatique, politique, social, civil n’y échappe.
Nous sommes un pays en manque de socle morale et en décomposition profonde, qui se contente d’exister sans avancer, de se mouvoir sans grandir. Nous sommes un pays agonisant, tant nos rêves semblent inateignables.
A force de mensonges et de dénis de réalité, nous avons réussi à faire de la vérité un péché intolérable dans ce pays et de nos mensonges des promesses sans lendemain.
A force de lâchetés, nous présentons nos démissions morales et intellectuelles comme l’expression d’un patriotisme et d’un pragmatisme incarnés. Foutaise !
Un pays qui a été transformé en une jungle, où chacun travaille en réalité pour soi, son clan et les intérêts ssinguliers y afférents. Peu importe si le peuple n’a pas de quoi manger, ni se soigner. Peu importe si la jeunesse n’a pas de travail digne de nom, encore moins de formations de qualité. Une jeunesse abandonnée à elle même dans une profonde détresse.
Peu importe si nos droits et libertés sont sacrifiés. Peu importe si nous avons un peuple en miette, manipulable et achetable à souhait, qui baigne dans une marée de haines diffuses et d’oisiveté suicidaire. C’est la volonté de Dieu, nous dit-on.
Circulez, il n’y a rien à dire !
Finalement, l’on se demande si le sort ne s’acharne pas sur ce pays non pas seulement parce que nous avons des mauvais dirigeants qui s’aiment plus que leur peuple et leur pays ( cela est une banalité !), mais aussi parce que nous sommes, un peuple sans courage, sans ambitions, plein de vices, d’immoralités et de paradoxes.
Un peuple qui adule le mensonge et execre la vérité. .., comme ses dirigeants ! Des autorités morales et intellectuelles qui ferment les yeux sur les injustices et tournent le dos à la justice. Comme nos dirigeants !
Une élite qui, face aux défis sociétaux, s’est transformée en théoriciens de l’absurde et de l’asservissement volontaire. Une société qui diabolise la liberté et enjolive l’aliénation…comme nos gouvernants ! Un système qui déteste l’excellence et le mérite en pactisant avec la médiocrité et la démagogie pathologique. Un peuple qui fuit la réalité, refusant de l’affronter, et se réfugie dans les rêves chimériques….,comme ses dirigeants !
Nous sommes en réalité un peuple qui ne croit plus en rien, des dirigeants qui n’ont jamais crû en rien, ni en la démocratie ni en l’humanisme, ni à notre réelle capacité de relever les défis qui s’imposent à nous.
Pendant ce temps, le triste quotidien nous expose aux instincts les plus bas et aux travers les plus immoraux et les plus destructeurs.
Nous sommes un drôle de pays qui est gangrené d’absurdités spectaculaires, de haines tenaces, d’ethnicismes vicieux et maladifs, de mensonges ravageurs, de cupidités mortifaires, de lâchetés arrogantes, de médiocrités théâtrales, d’oisivetés légendaires, de jalousies stupides, de méchancetés pernicieuses, de lâches compromissions, de démagogies pathologiques, de tricheurs et d’imposteurs invétérés, de violences verbales et physiques nauseueuses, d’illusions et de chimères infantiles….et suicidaires.
Nous sommes un pays ridicule qui n’assume ni son passé, ni son présent, ni ce qu’il faut pour son futur respectable. La comédie affligeante et mortifaire restent notre sport favori avec un peuple inconscient et bestialisé en spectateur parfait.
Ces perversités sont entretenues par une culture et une psychologie sociales et politiques totalitaires, répressives et ethnicisantes, tant dans la société que chez nos gouvernants.
Ainsi, nos fausses exigences démocratiques faites à nos dirigeants sont sans effet, parce qu’ils savent qu’ils sont eux mêmes les produits de nos vices les plus destructeurs et les plus détestables. Et Parce qu’ils savent que de démocratie on en a cure….en réalité !
La liberté, Parce qu’elle va avec la responsabilité, nous effraie. La justice Parce qu’elle nous exige, nous révulse.La vérité,Parce qu’elle nous concerne, nous offense. La violence Parce qu’elle soumet, nous fascine.
« Nous sommes nos choix », disait J.P Sartre. A défaut de sérieux, le cirque ambiant et la culture du mensonge sont devenus nos compagnons les plus fidèles dans ce pays. En Guinée, les vérités morales et démocratiques universellement consacrées ne comptent pas.
Nous en inventons pour nous et nous avons la folle arrogance de penser qu’avec ça, nous serons un pays qui se relèvera dans le concert des nations. Nous sommes un pays malade, qui se complaît dans sa maladie ! Nous sommes un peuple en souffrance qui se lamente sur le sort qu’il s’inflige lui même!
Nous sommes moralement malades car nos gouvernants et notre peuple ont renoncé à distinguer le bien du mal, la vérité du mensonge, le fort du faible, la justice de l’injustice, le justifiable de l’injustifiable, la liberté de l’aliénation, aidé en cela par une certaine « élite » assujettie à la compromission et à l’hypocrisie, renonçant ainsi à son sacré devoir moral et intellectuel.
Nous sommes politiquement malades, parce que nous avons en réalité tourné le dos à tout ce qu’il faut pour bâtir sérieusement une nation de libertés et de justice, en s’évertuant à tout faire pour rendre impossible l’émergence et l’existence effective d’un Etat de droit démocratique sérieux et responsable au service exclusif du bien collectif et de l’intérêt général.
Une crise démocratique permanente et à dessein…
Quand serions nous sérieux dans ce pays où la violence d’État, l’arbitraire et l’injustice ont toujours été des marques constantes de gouvernance ? Puisqu’on ne peut pas convaincre, il faut par la force, soumettre, obliger, humilier, insulter, intimider et réprimer !
Dans un pays où les lois sont (et ont toujours été) soumises aux intérêts, à la volonté, aux caprices et aux humeurs narcissiques des gouvernants, comment espérer un État de droit démocratique…. ? Surtout avec le soutien d’une certaine « élite » intellectuelle, sociale et économique toujours prompt à s’adonner au festin des rapaces sur le dos d’un peuple désemparé.
Nous sommes bien en Guinée, dans un pays où la vie humaine, la liberté et la dignité humaine ont toujours été des détails insignifiants pour l’Etat, mais aussi face aux intérêts partisans et claniques des citoyens eux mêmes.
Comme disait l’autre, « notre société est devenue si profondément malhonnête que la vérité offense ». Dès lors que peut on tirer d’un pays qui a un Etat outrageusement partial et violent, une administration vulgairement politicienne et une justice théâtrale qui juge à la tête du client et selon les désirs et les intérêts des puissants ?
S’agissant de la justice, les élites de cette belle et noble institution, si indispensable à la bonne vie sociale et à la démocratie, attendent toujours du ciel et du gentil prince, qu’on leur offre sur un plateau d’or et qu’on leur garantisse une indépendance que les lois nationales et internationales lui reconnaissent.
Pourtant, l’indépendance d’une institution au-delà de sa consécration légale, est une question de caractère et d’honneur. On l’assume ou on ne l’assume pas. L’accusation perpétuelle du pouvoir politique et exécutif, est une fuite en avant et une irresponsabilité.
La justice guinéenne ne pourra pas continuer éternellement à se défausser de sa responsabilité sacrée. Après avoir tout mis sur le dos de l’ancien régime, on ne souhaiterait pas les entendre demain mettre tout sur le dos du CNRD. L’indépendance est comme la liberté, cela à un coût, même un risque. Il n’y a que ceux et celles qui les méritent qui sauraient et pourraient en user.
Lorsque dans une société politique, nous habillons pernicieusement les injustices des apparats de la justice, l’arbitraire des costumes de la légalité, nous trahissons dangereusement toutes les grandes causes humanistes et démocratiques qui fondent la paix et le vivre ensemble, en mettant en péril notre harmonie nationale et notre devenir collectif.
Avouons-le, il est pénible de parler de ce pays tant il parait de plus en plus évident que L’Etat guinéen n’a en réalité jamais été honnêtement et rigoureusement disposé à s’engager sur les voies d’une véritable démocratisation de ce pays .
Nous avons un État qui a toujours vécu et qui s’est toujours nourrit de la confiscation des droits et libertés de son peuple. Notre système étatique s’est habitué à régner en maître absolu, sans jamais rendre de comptes, sur la vie et le destin de tout un peuple.
Pour cela, il faut maintenir le peuple dans la dépendance existentielle, l’ignorance, l’incivisme, le manque d’éducation adéquate, la confusion morale et normative, ainsi que le flou politique. La corruption et la répression sont des instruments efficaces pour cette stratégie de contrôle de masse et de soumission d’un peuple.
D’une certaine manière en Guinée, mieux se portent L’Etat et le système qu’il entretient, moins bien se porte le peuple. Autrement dit, quand le peuple va mal, nos gouvernants et leurs alliés vont bien. Après tout, il faut bien que quelqu’un paie la note de cette bourgeoisie d’État et le système patrimonial qu’il a mis en place. Et voilà comment faire d’un peuple un fantôme.
Nous sommes devenus un pays fantôme. Nous sommes fantômes de nous mêmes. Nos compromissions collectives et individuelles ont fini par faire de nous, des individus sans âme et un peuple sans défense, sans grandeur, ni avenir serein !
Les maîtres puissants, installés dans leurs conforts illégitimes tiennent en laisse leurs obligés et leur peuple soumis, occupés qu’ils sont à trahir la nation , la vérité et à souiller la justice dont on a pourtant tant besoin dans ce pays.
Il faut coûte que coûte soumettre le peuple, vaille que vaille, à défaut, le réduire au silence des misérables et des renégats. Nous sommes devenus un asile de fous (pardonnez-moi!), en répétant inlassablement les mêmes choses, les mêmes bêtises, avec les mêmes méthodes acculées, les mêmes certitudes arrogantes, pour espérer obtenir des résultats différents. Impossible !
Pourtant, tant que la démocratie, les droits humains et la justice seront subordonnés aux intérêts, aux humeurs et caprices de nos gouvernants et de nos puissants, nous seront un pays sans horizon sérieux, à la paix compromise et au grand destin sacrifié dans un désert de malheurs.
Lorsqu’on a un pays abonné aux jeux de cirques et de farces, à l’absurdité presque professionnelle, au ridicule ostentatoire, l’avenir restera sombre. La démocratie, si c’est de cela qu’il s’agit, aussi bien dans sa conception que dans son exercice obéit à des principes, à des règles et à une éthique de fonctionnement.
S’y soustraire est un danger pour le pouvoir et la société. On ne viole pas impunément et continuellement les besoins démocratiques d’un peuple épuisé et trahi. On ne défie pas impunément la vérité ni parce qu’on est le peuple, encore moins parce qu’on est/a le pouvoir. Mais manifestement, ce peuple et ses dirigeants en tout temps, ont aimé défier l’évidence et les vérités qui ont résisté aux événements de l’histoire.
En attendant, dans ce pays de désespoir permanent, avec un peuple constamment floué, il doit impérativement y avoir des hommes et des femmes, qui refuseront toujours d’être l’esclave des forts et des puissants.
Des hommes et des femmes qui n’acceptent pas que L’Etat parcequ’il se sent fort s’autorise tout, se permette tout. Après tout, le temps a toujours vaincu la force injuste, le mensonge et l’imposture.
Quoiqu’il en coûte !
Ces hommes et ces femmes savent qu’on ne renonce jamais à ses droits et libertés pour une hypothétique paix ou une improbable sécurité, puisque seuls le respect et la consécration effective des droits et libertés garantissent une paix et une sécurité durables dans une société…et pour chacun d’entre nous.
Démocratie un jour, autocratie toujours !
La dynamique démocratique n’a jamais longue vie en Guinée. La culture autocratique et totalisante sont si profondes qu’elles ont toujours le dernier mot. Nous sommes dans le pays des vérités aléatoires et fluctuantes au gré des intérêts et des opportunités des uns et des autres.
En Guinée, quand on est hors du pouvoir et de ses avantages, tout le monde est démocrate, tous défendent les droits humains et la justice. C’est de bon ton et ça sert. Mais cela cohabite mal avec le parfum du pouvoir.
On a des valeurs, des convictions et on jette à la moindre occasion des leçons démocratiques à la figure des coupables « parfaits » du moment. Une fois le pouvoir acquis ou dans les faveurs du pouvoir, l’amnésie nous prend et les convictions mutent en convulsions. Les valeurs et les convictions d’avant deviennent dérangeantes. Il faut les réadapter à nos intérêts, à nos positionnements nouveaux et aux caprices des nouveaux maîtres.
Les vérités d’hier ne sauraient être valables aujourd’hui, Parce qu’il en est ainsi. Ces faussaires de notre idéal démocratique, nous prenant pour des « idiots » nous expliqueront qu’hier est différent d’aujourd’hui, comme si nous autres guinéens nous buvons l’eau par les narines.
Hier avec le régime d’Alpha Condé, l’interdiction des manifestations étaient injustifiables, anti démocratiques à juste titre. Aujourd’hui, certains de ceux qui défendaient celà nous expliquent avec un raisonnement pour le moins tordu et une mauvaise foi sans égale, qu’au nom de la « paix » et de la tranquillité de la transition en cours, l’interdiction des manifestations est nécessaire.
Une question s’impose : au temps d’Alpha Condé, n’avions nous pas besoin de paix dans le pays ? Son régime n’avait il pas besoin de tranquillité? D’ailleurs, qui a dit que les libertés et les droits fondamentaux des citoyens étaient conçus pour faire plaisir aux dirigeants et à leurs régimes ? Ou que leur exercice était incompatible avec la paix ?
Hier, les arrestations arbitraires ou abusives étaient injustifiables, aujourd’hui certains de ceux qui disaient cela nous font des acrobaties intellectuelles pour justifier l’injustifiable, pour rendre légal ce qui est manifestement arbitraire, et normal ce qui est abusif.
Hier, la démocratie avait un sens et la souveraineté du peuple un contenu. Aujourd’hui, ce besoin démocratique est devenu gênant, et pour la souveraineté du peuple pas besoin, on sait ce qu’il faut pour le peuple et on décidera à sa place. Qu’il le veuille ou pas d’ailleurs.
Et pourtant, n’en déplaise, on ne peut pas s’opposer aux dérapages antidémocratiques, aux violations de la Constitution et au 3eme mandant, et légitimer à ce point un pouvoir militaire issu d’un coup d’État, en lui reconnaissant tous les droits et toutes les légitimités, et en lui offrant carte blanche sur nos droits, nos libertés… et nos mêmes nos rêves. Inconcevable !
La démocratie est un système de valeurs et de règles. On ne peut pas la manipuler à sa guise, on ne peut pas se prévaloir de ce qui nous arrange dedans et nier ce qui nous dérange. Elle n’est pas basée sur une prétendue » bonne foi » ou « bonne volonté » de ceux qui gouvernent, encore moins sur « leurs projets et leurs réalisations ».
Les plus grandes dictatures et autocraties dans le monde se sont toujours prévalues de leurs supposées » bonnes volontés » et de leurs » grandes » ambitions pour leur peuple. On connait la suite…..
La democratie, sans etre un systeme parfait, reste neamoins un ensemble de valeurs qui interagissent entre elles. Elle n’est pas un supermarché de libre service. On ne peut pas être démocrate et nier les droits les plus fondamentaux et les libertés les plus essentielles d’une société démocratique.
On ne peut pas dire vouloir une dynamique de démocratisation et s’inscrire dans la haine des voix discordantes, des corps intermédiaires en général et la détestation des partis politiques en particulier, surtout lorsqu’ils ne sont pas en phase avec l’idéologie officielle. La démocratie est un système dynamique qui recèle en lui la capacité de faire vivre ensemble des options contradictoires et opposées dans le cadre de la diversité des opinions, la force des lois et les respects des valeurs consacrées.
Elle n’est pas une boîte à jouets. C’est une philosophie d’intelligence sur la nature humaine et la complexité des sociétés politiques, une fois bien conçue et intégrée, elle détient tous les ressorts adéquats pour faire vivre toutes les nécessités ensemble, toutes les énergies positives et toutes les libertés dans une harmonie interactive.
C’est un système qui a conçu et consacré une chaîne de libertés et de droits qui sont liés les uns aux autres. La négation arbitraire d’une liberté ou d’un droit entraîne de facto la perturbation de tous les autres…,non sans conséquences.
Ce système qui tient sa force de sa fragilité apparente, repose fondamentalement sur la loyauté des différents acteurs vis à vis de ses prescriptions normatives et fonctionnelles.
Chaque deloyauté, qu’elle vienne du peuple, de la société civile, des partis politiques….ou de l’Etat, est une fissure dangereuse sur l’ensemble de l’édifice. Mais, de toutes les deloyautés, celle de l’Etat, de la puissance publique reste la plus problématique, la plus dévastatrice et la plus handicapante, parce que c’est lui (l’Etat) qui incarne et représente l’intérêt général et qui détient tous les instruments et leviers de régulations légales de la vie de cette société politique.
En faillite et déloyal vis à vis des principes et des règles de fonctionnement démocratiques, il remet en cause et met en péril l’ensemble des paramètres et des données qui tiennent la société en vie.
Alors disons le clairement, ni hier ni aujourd’hui le besoin de paix et de sécurité ne peuvent et ne sauraient justifier les violations graves et inaceptables des droits et libertés des citoyens.
Ni hier ni aujourd’hui l’allergie pathologique et répressive du pouvoir en place face aux critiques et à la contestation de ceux qui ne partagent pas leurs choix, ne saurait justifier ces atteintes graves et inacceptables aux droits humains, à la liberté de la presse et aux droits des citoyens à l’information et à l’expression de leurs opinions, par des manifestations ou pas.
Dès lors, si nous voulons et aimons la paix, il revient à nos gouvernants d’agir dans le cadre de l’Etat de droit démocratique, pour favoriser et consolider un environnement de paix sans sacrifier nos droits et libertés. Il n’est pas concevable que des gouvernements violent les droits naturels et fondamentaux des citoyens sous prétexte de paix et je ne sais de quel autres motifs….et espérer sérieusement construire une société durablement paisible. Que nenni !
Aussi, il est insensé, politiquement et juridiquement qu’un gouvernement interdise de façon générale et indistinctive la liberté de manifester et s’étonner du désordre et des violences qui en résultent.
On ne bâillonne pas un peuple ! On le respecte et fait respecter ses lois qui s’imposent à tous. D’ailleurs, qui peut dire à nos chers gouvernants que dans un Etat normal, il ne revient pas aux citoyens d’encadrer des manifestations (encore moins lorsque celles ci sont illégalement interdites) mais bien à l’Etat et à la puissance publique.
A moins que l’interdiction et le non encadrement des manifestations soient pour nos gouvernants ( hier comme aujourd’hui ) un moyen cynique de diabolisation et de criminalisation du droit légitime des citoyens à appeler à manifester et à manifester….dans le respect des lois.
C’est surprenant qu’on nous vende à tout bout de champ l’effectivité de notre État, sa souveraineté, sauf lorsqu’il s’agit pour lui de garantir l’exercice libre et effectif des droits et libertés (notamment la liberté d’opinion et celle de son expression). Un gouvernement qui ne respecte pas ses propres lois peut il exiger legitimement de ses citoyens le respect de ces mêmes lois?
On ne favorise pas la démocratie en criminalisant ses exercices. Comme disait S. Beckett, « voilà l’homme tout entier, s’en prenant à sa chaussure alors que c’est son pied le coupable ».
Hier comme aujourd’hui, les meurtres de citoyens lors des manifestations sont profondément odieux, injustifiables et révoltants. Les tentatives intellectuelles et politiques pour justifier ces méfaits odieux relèvent d’une profonde forfaiture morale et démocratique. Malheureusement dans notre pays, toutes les limites ont deja été franchies, on justifie tout, même l’injustifiable. Tout est désacralisé, même la vie humaine !
Certain(e)s, nous expliquent que la responsabilité des morts et des blessés incombe à ceux qui ont appelé à manifester et ceux qui sont sortis. C’est presque de leur faute s’ils ont été tués ou blessés. Ils l’ont cherché ! Les coupables peuvent dormir tranquillement !
Dieu du ciel ! On aura tout vu et entendu dans ce pays. Après ils n’ont que la paix à la bouche, comme si la paix supposait que les victimes acceptent sans rechigner leurs tristes sorts et les injustices qu’on leur fait subir honteusement. Ça, ce n’est pas la paix. C’est de la lâcheté! C’est de l’esclavage !
Et pourtant, la vérité est simple, rien n’autorise et ne justifie qu’un État brime, opprime, oppresse son peuple. Rien ne justifie à ce qu’on ôte la vie si atrocement et si impunément à un citoyen guinéen en leur tirant dessus comme des gibiers, manifestant ou pas, avec des cailloux ou sans, que cette manifestation soit autorisée ou pas. Après tout, l’Etat en Guinée a toujours été le bourreau impitoyable de son propre peuple avec arrogance et insouciance.
Le silence coupable d’une elite qui ne se soucie que d’elle–même !
La démission et la complicité de l’élite guinéenne avec le système patrimonial conçu par l’Etat guinéen sur le dos de son peuple, est une des sombres réalités les plus tristes et les plus dommageables dans et pour notre pays.
Une élite intellectuelle qui a abandonné la réflexion rigoureuse, la pensée libre et l’espace public à la propagande politiennce, à l’absurdité et à la démagogie qui rabaisse et met en péril notre pays.
Une élite administrative qui a plus de talents pour la politique et la démagogie que pour le service public et l’intérêt général. Une élite sociale qui est devenue la caution morale et inconditionnelle de tous les régimes et de tous les systèmes dans ce pays depuis l’indépendance. Au milieu, un peuple orphelin, sans défense et sans modèle judicieux.
Avec un seul but, un seul objectif, une seule visée, survivre et survivre, et au mieux gagner sa petite part. Le reste, la providence s’en occupera.
Hélas dans notre pays, face aux horreurs et aux injustes, peu de voix intellectuelles et morales se font entendre pour rappeler à nos gouvernants que le peuple n’est pas leur chose et qu’ils ont le devoir sacré de le servir (si ce n’est pas trop leur demander)…à défaut les protéger de la mort et des violences arbitraires et illégitimes.
On entend généralement que des politiques pour dénoncer ces injustices, même s’il n’est pas certain qu’ils ne feront pas pareil une fois au pouvoir. Rien n’est moins sûr avec nos politiques dans ce pays. Mais au moins ils se font entendre à temps.
Le pouvoir change nos hommes et femmes de convictions dans ce pays. Drôle de pathologie! Tout le monde donne sa langue au chat par peur de se la voir couper. On ne mange pas sans sa langue !
Notre belle élite, ces femmes et ces hommes « courageux » qui ne disent la vérité qu’aux faibles qui se font écrasés par les forts, qui ne donnent des leçons de morale et de légalité qu’aux victimes pour qu’elles acceptent avec philosophie leur asservissement par les gouvernants et les puissants.
Ces courageux qui ne haussent le ton que contre les faibles pour mieux les maintenir à leur place, celle de la soumission et de l’aliénation. A défaut, nos beaux esprits théorisent et intellectualisent les abus et les violences d’Etat, pour les minorer et mieux les faire accepter par des victimes ( le peuple) qui se font berner et dépecer chaque jour que le bon Dieu nous offre.
Dans ce beau pays, on insulte les faibles pour les forts, on humilie les démunis pour les Puissants, on emprisonne les faibles pour le plaisir des Puissants. On s’en prend aux victimes pour faire plaisir aux coupables. On applaudit les bourreaux pendant que les victimes se font culpabiliser et assermoner. Malgré tout cela, on promet le paradis à ce peuple, mais pour l’instant l’enfer reste toujours sa triste résidence habituelle.
La haine de la democratie pluraliste
On ne construit pas une démocratie avec des cultures et des comportements incompatibles avec la philosophie démocratique. On ne favorise pas l’émergence et l’enracinement d’une culture démocratique en étant hostiles à ses principes et à son exercice quotidien.
« La démocratie, c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité : c’est un type de moeurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral » proclamait P.M.F
Hier, nous voulions pour notre pays la démocratie, aujourd’hui ce désir démocratique serait il devenu un detail ? Il serait même en train d’être perçu comme un caprice. Il faut désormais se remettre à la volonté messianique de nos dirigeants. On s’en fout de la démocratie, la bonne volonté et les projets suffiront…., n’est ce pas?
Ceux et celles qui se battent pour une démocratie pluraliste et exigeante peuvent alors ranger leur folle prétention, l’heure à la « démocratie » du doigt sur la couture…
L’heure est à la démocratie minimaliste, faite de théâtralité, de mysticisme, de slogans performatifs, de communications, de propagandes farfelues, de colloques redondants, de théorisations tordues, de compromissions et d’approximations intellectuelles.
Il nous faut une démocratie qui refleterait nos cultures et traditions, il nous faut un homme fort, il nous faut , il nous faut..nous dit-on. En réalité, c’est un discours conçu pour décrédibiliser l’option démocratique réelle, et ouvrir la voie à sa négation et à la négation de ses principes et de ces exigences.
Après tout, nous enseignent-ils, tant que le CNRD travaille, tout le reste n’est désormais qu’un caprice de jaloux, de frustrés, de ceux qui seraient contre le CNRD et de ceux qui ne veulent pas que ce pays « avance »…sermonent ils !
« Nous voulons que la Guinée avance, la bonne justice, les droits et libertés peuvent attendre, on verra ça plus tard » tel est le nouveau slogan !
Hier, la liberté de la presse était tellement sacrée qu’elle devait légitimement être défendue et protégée à tout prix, aujourd’hui, au nom de la paix et du développement messiaque, cette liberté est gravement menacée dans le silence mortifaire des bons esprits d’hier, s’ils ne sont pas eux mêmes à la base de ces menaces liberticides.
Mais disons le nettement si besoin en était, nous ne pouvons pas laisser cette liberté essentielle pour notre vie démocratique être confisquée.Cela n’est ni acceptable, ni possible!
Des citoyens sont humiliés, privés de leurs libertés, emprisonnés arbitrairement, en violation flagrante de nos lois et de nos engagements internationaux, le pays et certains de nos beaux esprits dorment tranquillement….et quand ils ne dorment pas, ils nous tampanisent de leurs mauvaises fois et de leurs opportunes acrobaties intellectuelles, faites de mensonges, d’incohérences et vaine arrogance.
Ceux et celles qui se sont aisement et opportunément taillés des jolies costumes de démocratiques hier sur le dos large d’un régime certes imprudent, souvent arrogants et hors cadre démocratique, ont aujourd’hui donné leurs langues aux chats, si elles ne sont pas entrain de cajoler les nouveaux maîtres absolus du pays.
La charte de la transition et les instruments juridiques internationaux auxquels notre pays est partie prenante, garantissent à tout citoyen guinéen le droit et la liberté d’exprimer leurs opinions, manifester leur mécontentement ou leur contentement face à leurs gouvernants.
Aucune exceptionnalité ne justifie la violation ou la restriction de ces droits fondamentaux. Une société humaine, une communauté politique, se distingue des animaux par la conception des règles de vie, le consensus autour de celles ci et sa capacité de les respecter.Quoique même chez des êtres animaux des règles existent et ils les respectent.
En Guinée, un animal s’y perdrait, tellement que les règles, les normes, les principes n’y ont aucune valeur, aucun sens. On ne les respecte qu’en fonction de l’intérêt égoïste qu’on en tire soi même. A chaque situation, ses propres règles, ses propres normes. A quoi sert de fixer des règles dans ce pays ? Si ce n’est pour en faire un prétexte de domination et d’asservissement du peuple!
Dailleurs, quelles normes gouvernent ce pays, les normes étatiques ou civiles, les normes culturelles ou les normes religieuses ? En réalité, c’est en fonction du moment, des contextes et des intérêts en jeu.
Mais au final, les normes utilisées sont toujours définies en fonction des intérêts des gouvernants et du système qui l’accompagne. Si l’intérêt des gouvernants se retrouve dans les normes religieuses ou culturelles, elles prévaleront sur toutes les autres, y compris la plus légitime, la norme civile, étatique établie par les mêmes gouvernants.
Drôle de pays !
Esperons que l’on revienne tous et vite à la raison. Je le dis ici avec gravité : si nous n’y prenons pas garde, notre naufrage national sera inéluctable. Il est encore temps de le stopper , à défaut, nous allons tout droit vers une véritable désillusion collective, extrêmement douloureuse.
Nos grands donneurs de leçons démocratiques hier, sont tout à coup devenus les braconniers des principes démocratiques. Hier défenseurs exigeants des valeurs démocratiques, aujourd’hui ils sont les défenseurs enthousiastes d’une « démocratie à papa », où les gouvernants et les puissants dictent leurs lois au nom d’un intérêt général imaginaire, préfabriqué, fantasmatique….qu’ils ont eux mêmes « magistralement et souverainement » conçu et défini, qu’il faut imposer au peuple de gré ou de force.
L’on nous dit presque de renoncer aux valeurs démocratiques, à la souveraineté du peuple, aux droits de l’homme ( qui serait un caprice de « blancs » et dont notre peuple n’est bien évidemment pas digne de prétendre ) …..au nom d’un pragmatisme désincarné et d’un développement chimérique.
Mais hier comme aujourd’hui, la vérité même bâillonnée, emprisonnée, ensevelie, torturée, malmenée, masquée, embastillée, n’a que pour seul allié le temps. C’est une constance de l’histoire. L’on ne se bat pas contre l’évidence sans risque.
L’Etat de droit démocratique a ses règles et ses principes, on n’inventera pas l’eau chaude dans ce pays. Il faut noter que malheureusement, le CNRD dans sa certitude amnésique et étonnante, manque d’humilité démocratique, de sagesse politique et pratique. Quand on arrive au pouvoir par un coup d’Etat, on se fait humble dans la livraison des leçons démocratiques et la gestion transitoire du pouvoir.
La condescendance suspecte et l’autisme inattendu du CNRD, font courir à notre pays des risques inconsidérés pour son destin démocratique et son avenir socioéconomique, paisible, fraternel et prospère.
Il revient au CNRD de ne pas transformer cette transition est une parenthèse de vengeances, de revanches, d’humiliations, de persécutions, d’injustices, de brutalités morales et physiques. De ne pas la transformer en un énième spectacle d’ivresse du pouvoir auquel notre pays est hélas habitué, mais sans issue.
Espérons que le CNRD se ressaisisse et qu’il se préserve de ces passions tristes, de ces sentiments négatifs et de ces dérives dangereuses. Résistez à ces tentations !Ce qui nous rend fort, est souvent ce qui nous détruit !
Attention à la tentation du pouvoir !
Ceux qui vous applaudissent aujourd’hui, en vous donnant tous les noms pompeux et glorieux de la terre, vous abandonneront un jour si cela leur était utile et nécessaire. Tradition nationale, la loyauté se limite au ventre et au portefeuille dans ce pays. L’histoire de ce pays est remplie à ras bord de leçons de ce genre….
Une transition…nous a-t-on dit…
« C’est souvent lorsqu’elle est la plus désagréable à entendre qu’une vérité est le plus utile à dire », André Gide. On ne le dira jamais assez, la réussite de cette transition dépendra de l’humilité et de la sagesse du CNRD, ainsi que de sa capacité à conduire une transition consensuelle et structurée pour un retour rapide, apaisé et judicieux à l’ordre constitutionnel civil et démocratique.
Helas, le tâtonnement de notre transition et le flou abyssal qui l’entoure n’aident ni le cnrd, encore moins notre pays, son désir démocratique et sa stabilité. Le processus sournois de normalisation de cette transition est une trahison des désirs démocratiques de notre pays et une aventure périlleuse et risquée pour notre pays et son avenir.
Les conséquences politiques et socioéconomiques seront lourdes, longues et désastreuses pour notre pays. Plutôt on en sortira, mieux sera pour notre pays, pour tous et pour le CNRD. En attendant, la vérité, la justice et le bon sens semblent être encore les principales victimes de notre récit national….,à notre plus grand malheur et notre plus grande tristesse !
Nous avons encore aujourd’hui peut-être tort, mais nous restons sereinement convaincus que l’avenir démocratique reste et demeure le seul horizon souhaitable pour ce pays, que la vérité et la justice seront notre salut, et que la place de l’armée républicaine quelque soit le respect que l’on a pour elle, est dans les casernes, et dans la défense honnête et patriotique de sa nation unie et de l’intégrité de notre territoire national.
Toute autre tentative, tout autre dessein, réussi ou pas, sera une défaite pour notre pays et la garantie certaine d’un désenchantement futur, collectif et attristant. Cela, ni l’outrance, ni l’arrogance, ni la force, ni la brutalité, ni la violence , ni les insultes, ni la haine, ni la répression, ni l’intimidation, encore les combines malsaines, n’y changeront rien. C’est ainsi, il n’en sera pas autrement!
La santé morale et politique d’une société se vérifient à travers sa capacité à accepter et à faire face à la vérité. Voyons nous-mêmes, avec cette société guinéenne dont nous avons tous contribué à la construction…..oups, disons plutôt à la déconstruction lente et insidieuse.
Le développement, notre belle chimère….
La plus grande victoire de cette transition devait être morale et éthique. Hélas, manifestement le CNRD semble passer totalement à côté belle espérance.Il se donne des objectifs de développement. C’est sain et louable, mais cela est inadéquat et inapproprié.
On ne peut pas demander à ce peuple de choisir entre un hypothétique développement et une indispensable démocratie. De façon générale, notre pays a besoin d’une profonde et radicale ruptures institutionnelles, politiques, sociales, morales et éthiques.
L’enjeu prioritaire et urgent pour notre pays n’est pas le développement, mais plutôt la construction d’une société politique et d’une architecture institutionnelle sur des bases légales, morales et éthiques saines, claires et solides.
Le développement sera la résultante logique d’une société qui fonctionne clairement sur des bases légales, morales et politiques claires et cohérentes, avec une vision commune et intégrée.
Le développement n’est pas un magma de projets, de travaux et de réalisations qui s’accumulent les uns sur les autres. Quelles que soient ses potentialités, un pays ne se développe pas si ses citoyens ne sont pas normativement et politiquement prêts. Un pays ne se développe pas si son État n’est pas rigoureusement, structurellement, techniquement et institutionnellement fonctionnel.
Par conséquent, au regard de la faillite de nos institutions ou de leur fragilité technique et fonctionnelle, au vu de l’état intellectuel, technique et ethique de notre société, nous n’avons à ce jour pas les moindres capacités solides d’amorcer un processus de développement crédible et structuré. A moins de résumer le développement à de simples réalisations publiques et d’embellissements apparents.
Le développement requiert une véritable planification, qui à son tour à besoin d’une puissance publique sérieuse, ordonnée, dépolitisée avec une vision et des méthodes définies….le tout adossé à des normes claires, et qui s’imposent à tous.
Mais comment construire ces instruments dans un environnement de confusions morales et normatives, dans un contexte d’amateurisme et de court termisme et dans un pays où l’Etat est un acteur comme les autres acteurs, partisan, rétif aux lois, injuste et illégalement violent et répressif ? En clair un État opposé à son peuple !
On ne développe pas un pays qui n’a pas de normes de fonctionnement établies et claires pour tous. D’ailleurs, comment parler sérieusement de développement dans un pays qui n’a jamais été capable depuis des décennies, à rendre propre sa seule et unique ville capitale ? Et l’impuissance continue….
On ne développe pas un pays avec le mensonge, la manipulation et la violence. Mais pas d’inquiétudes, à défaut de moyens techniques, institutionnels et sociaux pour notre développement, usons des mots performatifs. Cela fera l’affaire….Ce pays a besoin d’une thérapie collective pour le remettre sur les rails.
En attendant,nous fonctionnons à l’envers : les pieds en haut…les têtes en bas. Et nous avons la folie de croire et de faire croire que nous pouvons faire et tirer quelque chose de cette chienlit permanente et généralisée.
Pour une veritable sortie de crise…
Il est temps pour le CNRD de retrouver la sagesse qui commande la gestion d’une transition, pour son bien et son honneur et pour ceux d’un peuple épuisé.
Le CNRD doit revenir à la raison et à la sagesse, en apaisant le climat sociopolitoque dans notre pays et en s’inscrivant dans une dynamique assurément démocratique et libérale qui permettent la jouissance effective des droits et libertés pour tous, et qui garantisse une sortie de transition apaisée.
Le CNRD doit libérer les prisonniers politiques, tous les prisonniers politiques, y compris les anciens dignitaires, qui subissent malheureusement une justice spéciale et pour le moins techniquement et moralement suspecte.
Quand on arrive au pouvoir par un coup d’État ( donc par une voie illégale et non démocratique ) et qu’on décide d’accuser et de poursuivre ceux qu’on a déposé du pouvoir, on se doit d’être radicalement juste, précautionneux et minutieusement légaliste, pour amoindrir le soupçon légitime qui peut par principe peser sur et vous retire le droit et la légitimité de juger d’autres pour violations des lois quand vous mêmes en découlez.
A moins que l’on soit dans le cadre de la justice du plus fort et du vainqueur…Mais la justice des vainqueurs est toujours une justice douteuse ! Si le CNRD est de bonne foi dans sa lutte contre la corruption et les pratiques de prédations, qu’il continue les enquêtes financières et les audits relatifs aux anciens dignitaires et les transmette officiellement et publiquement le moment venu au pouvoir civil qui sortira des élections à la fin de la transition…pour les suites qui conviennent.
Les graves manquements procéduraux et éthiques dans les procédures judiciaires concernant ces anciens dignitaires ont profondément entaché la sincérité et l’objectivité de ces dossiers.
Il n’y a pas de bonne justice sans une bonne et irréprochable procédure et la garantie réelle et effective des droits des accusés ! Le CNRD doit ouvrir un cadre approprié de dialogue honnête avec ceux et celles des acteurs politiques et sociaux qui sont en désaccord avec leur conduite de la transition, sous la supervision d’acteurs ( externes ou internes acceptés de toutes les parties).
Ceux qui soutiennent la conduite actuelle de la transition en ont le droit. Chacun est libre de ses choix. Mais le CNRD ne peut se contenter de « dialoguer » avec ceux qui sont en phase avec lui. Cela, dans le cadre d’une recherche sincère de solution, n’a pas de sens.
A moins que le dit dialogue n’est qu’une simple courtoisie pour le CNRD, qui a ses choix et compte faire comme il le souhaite. Ce serait dommage.Il pourra s’imposer par la force. Mais seulement là, il vaincra sans convaincre et fera ainsi une transition pour lui même et ses alliés et pas pour l’ensemble des guinéens.
Une transition, une fois de plus, se fait dans le dialogue, le consensus et l’inclusivité. A défaut cela aura tôt ou tard des conséquences graves pour le pays. Le CNRD doit permettre et garantir le retour au pays de tous les acteurs politiques et sociaux en exile, cela en toute sécurité, suite à un engagement officiel auprès de la communauté nationale et internationale.
Par ailleurs, le CNRD doit rendre à tous les anciens dignitaires leurs droits et libertés (notamment la liberté d’aller et de venir, et celle de jouir de leurs biens) trop longtemps et abusivement confisqués, sans lisibilité.
Il est inconcevable que des citoyens et citoyennes, parce qu’ils ont été des grands commis d’État, soient empêchés de se mouvoir, et mis dans une prison à ciel ouvert depuis près de deux ans, sans que l’on ne sache ce qu’on leur reproche.
L’interdiction des manifestations doit absolument être levée. Ce point ne saurait être négociable, si notre combat est sincèrement pour la démocratisation de notre pays. Quel que soit ce qu’on a à dire des manifestations, la démocratie, cela s’exerce, elle se vit pour être intégrée et assimilée.
Au lieu de s’offusquer face aux manifestations ou d’en avoir peur, le mieux et le plus sage est de faire en sorte qu’ils n’y aient pas de raisons de manifester. Quand tout va bien, on ne manifeste pas. Mais on ne peut pas marcher sur les pieds de quelqu’un et l’empêcher en plus de crier.
On ne peut pas demander à un peuple d’échanger ses droits et libertés contre la paix. Il n’aura ni l’un ni l’autre. Les Guinéens veulent tout comme tous les peuples. Ils veulent un environnement de paix évidemment, mais qui soit aussi respectueux de leurs droits et libertés. Vendre le contraire serait une arnaque !
Le CNRD doit sortir de l’obsession des partis politiques jugés « hostiles » , et démentir dans les faits, les rumeurs qui lui prêtent des intentions d’exclusions ou d’éliminations. Ce serait une grave faute politique et stratégique du CNRD.
On n’impose ni la paix ni la démocratie, elles se construisent. De ce processus de construction se trouvent les éléments de leur viabilité et de leur légitimité. Dans l’exercice démocratique normal et le fonctionnement regulier des institutions, les partis connaitront leur propre mutations en parallele avec celle de la société qu’ils incarnent.
Le mythe naïf d’un bipartisme ou tripartisme imposé , au delà de sa dimension antidémocratique, est fondé sur un constat et une analyse erronés. Le rapport entre les partis politiques et la société est un rapport ambigu fait d’interactions complexes et d’influences réciproques.
L’action sur la société a plus d’impacts au final que celle sur les partis. Le fonctionnement objectif, impartial et neutre de la puissance publique demeurent la meilleure garantie pour l’équilibre politique et démocratique dans la société.
Le CNRD doit se concentrer maintenant sur la conduite des affaires et projets courants , et surtout sur les activités relatives au retour à l’ordre constitutionnel et démocratique.
Ils ont dit être là parce qu’ils ont constaté des dysfonctionnements institutionnels et démocratiques et des violations des droits humains. Qu’ils remettent les institutions à l’endroit avec des réformes qui conviennent et qu’ils organisent le transfert du pouvoir aux civils.
Le CNRD ne peut pas et ne doit pas prendre le risque de ramener ce pays en arrière sur des questions de stabilité et de démocratie. On ne peut pas se donner le luxe de remettre en cause certaines espérances et certains acquis démocratiques, quelques soient les raisons. Trop de sacrifices ont été consentis pour cela.
Le CNRD doit se garder de la tentation de faire taire les voix discordantes, les voix déplaisantes de la justice et de la liberté dans ce pays ( pour défendre les victimes d’injustices et de violations des droits humains!), même déplaisantes ces voix sont utiles à tous. Et qui sait, demain vous aurez peut être besoin de ces voix pour défendre vos droits et libertés.
La vérité est têtue, et elle résiste à tout, même au baillonement ! Les femmes et les hommes qui dans ce pays croient en ces valeurs démocratiques et humanistes, continueront à les porter, quel que soit le prix à payer.
Et demain, s’il le faut, ils seront là, en cas de besoin auprès de vous aussi pour défendre vos droits et libertés et vous soutenir contre l’injustice. Pour tout défenseur intègre de la démocratie et des droits humains, ce n’est pas Parce Que quelqu’un à mal fait hier qu’il doit être mal traité et nié dans ses droits, ses libertés et dans sa dignité.
Pour tout démocrate sincère, la défense des droits et libertés ne connaît ni ami(e)s, ni ennemi(e)s, ni soutiens, ni adversaires. Ces valeurs sont des données naturelles, intangibles pour la dignité de tout être humain.
Le pouvoir brûle ! Le pouvoir abîme ! Le pouvoir aveugle ! Le pouvoir consume! Pourquoi je raconte tout ça d’ailleurs ? Après tout, tout est de la volonté de Dieu dans notre pays, nous dit on. Soit!
Tout ce que nous vivons et incarnons dans notre pays comme souffrances, injustices, violences, misères, pauvreté, corruption, lâcheté, avidité, mensonges, haines, cupidité, absurdité, animosité, tout ça nous n’y sommes bien évidemment pour rien. C’est Dieu…, pardi ! Soit!
Mais une question demeure : est ce que c’est le même Dieu qui demande à nos dirigeants et à nos élites de mépriser et de martyriser leur peuple, en leur privant de leur souveraineté ( le libre arbitre ), de leur dignité, de leurs droits et libertés, de gré ou de force ?
Bienvenu au pays de l’absurde … où la dynamique Orwelienne suit sa triste trajectoire….jusqu’où ? Dieu seul le sait! Il est temps de faire stopper ce naufrage morale, démocratique, social et intellectuel de notre pays!
Le désenchantement général n’est pas loin….Mais après tout, la liberté à un prix, tout peuple qui refuse de payer le prix de sa liberté et de son respect restera esclave toute son existence !
Chaque peuple doit inventer son chemin pour la liberté et de la justice, et s’y tenir, quelque soit le prix à payer. C’est en cela qu’on reconnaît les grands peuples et leurs grandes destinées. Tout le reste n’est que du bavardage infanlilisant!
Permettez-moi de faire mienne cette belle et instructive déclaration d’un illustre écrivain et intellectuel français, prix Nobel de littérature Albert Camus , dans son discours devant le Cercle du Progrès en janvier 1956, en le paraphrasant : « J’aime avec passion cette de terre de Guinée ou je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis et je n’ai jamais séparé dans mon amitié et ma fraternité aucun des hommes ou femmes qui y vivent, de quelque ethnie, de quelque religion, de quelque statut social ou de quelque opinion politique qu’ils soient. Et je ne puis me résigner à voir ma Guinée devenir la terre du malheur et de la haine ».
Mes condoléances à toutes les familles épleurées. Ma solidarité à toutes les victimes de violences et à toutes les victimes d’arbitraire ! Ma solidarité à l’ensemble des médias de notre pays.
Pour la Guinée, pour la démocratie !
Khalifa Gassama Diaby
Ancien des Droits de l’homme, de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté
Il a fait beaucoup d’effort comme d’habitude, malheureusement la grande majorité de ses compatriote ne vont pas lire ce message singulier. Pour cause nous ne lisons plus en Guinée un texte qui fait plus de 200 mots.
Merci Mr Diaby pour ta lumière
Bon vent à la Guinée