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Brutus Doumbouya et sa méthode de la douche écossaise ! (Par Benn Pepito)

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[dropcap]B[/dropcap]rutus Doumbouya, l’Escogriffe du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement), s’est emparé du pouvoir sans crier gare, le 5 septembre 2021.

En nous débarrassant de Néron Condé, on a pensé que Brutus Doumbouya va casser le moule ; et les yeux fermés,, on l’a adoubé. Et depuis, BD commande par des édits qui prennent de court jusque dans les rangs de son gouvernement. Retiré dans sa tour d’ivoire, il prend de signalées décisions : il rend les cases de Bellevue à Marie-Andrée Duplantier Touré, la veuve du dictateur Sékou Touré, et baptise l’aéroport de Cona-crimes du nom de celui-ci.

Les passéistes et les apologistes de Sékou Touré sont tellement contents qu’ils sautent au plafond et ne comprennent pas que les dénigreurs de sa révolution qui en restent comme deux ronds de flan s’arrachent les cheveux pour ça

Sékou Koureissy Condé, le président du club politique Arena, qui mange à tous les râteliers, sort du bois et considère cette rebaptisation de l’aéroport Gbessia comme « un acte symbolique fort et porteur d’idées de réconciliation ».

Et Ouzin Zinzin Kaba, le président du PADES, qui a souvent des idées à coucher dehors, nous invite même d’avoir « le courage de regarder en face notre histoire. L’histoire guinéenne est très déformée. Savez-vous que Sékou Touré a tué plus de malinkés que de peulhs ? Combien de jeunes guinéens le savent-ils ? On a refusé de regarder l’histoire de la Guinée en face. Renseignez-vous. »

Afakoudou ! Ces sacripants politiques veulent nous faire marcher sur la tête : comment la rebaptisation de l’aéroport Gbessia du nom de Sékou Touré peut être « porteur d’idées de réconciliation » ?

Il faut certes faire face à notre histoire mais ce n’est pas une raison de raconter des imbécilités, des contrevérités.

Tu te bases sur quelle étude controuvée, quelle recherche apocryphe, quelle fouille douteuse pour dire que Sékou Touré a massacré plus de malinkés que de peuls ?

Tu sais, Ouzin Zinzin ! Qu’on te reproche d’être un clanique, un ethnocentrique, un anti-peul avéré peut passer. Mais l’insoutenable pour un politicard de ton espèce est d’être soupçonné de malhonnêteté dans les idées.

Amnesty International, l’OGDH, et d’autres organisations des droits de l’homme estiment à plus de cinquante mille personnes tuées pendant la révolution sékoutouréenne. Le génocide peul perpétré par le régime sanguinaire de Sékou Touré est sans ambages établi.

Dis, Ouzin Zinzin ! Tu les estimes à combien les malinkés parmi ces cinquante mille personnes trucidées par la révolution sékoutouréenne ? Combien de malinkés et combien de peuls ont été mitraillés par l’armée guinéenne aux frontières guinéennes avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire pendant les années de terreurs de la révolution sékoutouréenne ?

Combien de peuls, de soussous, de Forestiers, d’étrangers ont été éviscérés comme des margouillats au camp Boiro ? Et combien de malinkés ont été découronnés au camp Kindia ? Sékou Touré a fait empaler combien de malinkés ? Il a fait pendre combien de peuls, de forestiers, de soussous ?

Il avait fait pendre deux peuls (Ousmane Baldé et Ibrahima Barry dit Barry III) et deux malinkés (Moriba Magassouba et Sofiane Kara Keïta) sur le pont Fidel Castro à Cona-crimes le 25 janvier 1971. Et c’est le capitaine Diarra Traoré qui avait procédé à l’exécution de cette pendaison.

Maintenant ! Parcours la liste des quelques victimes des pendaisons du 25 janvier 1971 en Guinée et amuse-toi à dresser le nombre de peuls et le nombre de malinkés pendus. C’est à toi de faire ce calcul macabre !…

Ecoute, Ouzin Zinzin Kaba ! Supposons que Sékou Touré, un malinké, ait tué plus de malinkés que de peuls… Ce n’est pas une raison pour autant qu’on soit un apologiste du tyran à moins de souffrir du syndrome de stockholm.

Sékou Touré, à l’instar de Jean Bedel Bokassa, Idi Amin Dada, Hitler, Pol Pot, Staline, est un tueur de masse, un sanguinaire, un faux-cul, un manipulateur qui était porté sur la chose. Amadou Sékou Touré a régné dans le sang et l’étron des Guinéens. Il a braqué les ethnies, les unes contre les autres. Il a monté les malinkés contre les peuls. Il a forgé des préjugés sociaux à l’encontre des peuls. Et tous ses apologistes sont embéguinés de ces prénotions et stéréotypes sur les peuls.

Dis, Ouzin Zinzin Kaba ! Est-ce que tu oses répéter, aujourd’hui, l’idée gothique sur les peuls que tu cancanais dans ton salon en Haute Guinée ?

Tu pestais que la duplicité, la perfidie, la fourberie sont les traits caractéristiques du peul. Et qu’au Fouta Djalon, ces traits caractéristiques sont considérés comme des qualités contrairement en Haute Guinée où c’est le courage, l’honnêteté et la fidélité qui sont les traits de caractère du malinké. Quelle imbécillité !

Qu’est-ce que tu allais clabauder encore à Kankan si c’était un bidasse peul qui avait culbuté Néron Condé, ce 5 septembre 2021 ?!…

C’est ça qui vous fait mal, toi et tes coreligionnaires de l’ethnocentrisme : Brutus Doumbouya, un malinké bon teint, dépose un membre de la communauté malinké. L’on se gardera, bien entendu, de parler de perfidie avec Brutus Doumbouya d’autant plus qu’il multiplie les édits pour se racheter aux yeux de sa communauté ethnique. Certes il a culbuté Néron Condé mais le voilà qui s’y prend comme un manche pour mettre Sékou Touré sur un piédestal.

Pour régner en toute tranquillité, Brutus Doumbouya opte pour la méthode de la douche écossaise en alternant les bonnes paroles aux mauvaises actions. Dès sa prise du pouvoir, il hurle sur tous les toits que depuis 1958 les Guinéens n’ont pas connu le bonheur. Et quelques jours après avoir cancané cela, il va se jeter aux pieds de Marie Andrée Duplantier Touré, la maléfique veuve de Sékou Touré.

Ensuite, pour brouiller les esprits, il se fait photographier au cimetière de Bambeto où sont enterrés beaucoup de jeunes peuls tués par la police, la gendarmerie et le groupement des forces spéciales qui constituait la garde prétorienne de Néron Condé. Certes, ce geste n’a pas été du goût des ethnocentriques de son ethnie. Mais lui ayant son idée derrière sa tête, il délègue illico presto son frère rendre les honneurs à Andrée Duplantier Touré, il idéalise le nom de Sékou Touré, décrète la restitution des cases de Bellevue à cette dernière et lui promet de payer la caution de son rejeton emprisonné aux Etats- Unis pour un fait d’esclavagisme moderne et de le ramener en Guinée. Et subitement l’Escogriffe du CNRD passe aux yeux des esprits tordus comme un parangon de justice, de droiture, de vertu.

On enrageait pendant la dictature du général Lansana Conté que le palais présidentiel soit baptisé du nom de Sékou Touré. Lansana Kouyaté, premier ministre d’alors du général Lansana Conté, érige une stèle en hommage au grand Syli. Les populations ont laissé faire ; et personne n’a cherché à déboulonner cette stèle de honte. Et aujourd’hui c’est Brutus Doumbouya qui fait un mauvais coup avec cette rebaptisation de l’aéroport de Gbessia encore du nom de Sékou Touré qu’on prend en mauvaise part. C’est de la dinguerie.

Si tant il est vrai que Brutus Doumbouya est un phénix, un parangon de l’impartialité décidé à casser le moule, pourquoi n’avoir pas alors plutôt rebaptisé l’aéroport Gbessia du nom de Lansana Conté. Pourquoi pas aéroport Lansana Conté ? Pourquoi aéroport Sékou Touré ?

Ah non, panégyristes de la révolution sékoutouréenne ! Si la Guinée en est là aujourd’hui, ce n’est pas du fait de Lansana Conté seulement. La source de tous nos problèmes, c’est Sékou Touré. C’est lui, avec sa révolution loufoque, qui a envoyé la Guinée dans le mur.  C’est lui qui a martyrisé, endeuillé des milliers de familles en Guinée. C’est lui qui, avec sa satanique révolution culturelle, incitait les filles guinéennes à faire les quatre cents coups. C’est lui qui a dévergondé la société guinéenne. C’est lui qui a instillé la haine de l’autre dans la tête des Guinéens. C’est lui qui a fait massacrer quasiment tous les intellectuels de l’époque. Et c’est pourquoi, pour les Guinéens ne souffrant pas du syndrome de stockholm, le nom de Amadou Sékou Touré ne peut pas être « porteur d’idées de réconciliation ». On n’est pas amnésique et on ne marche pas sur la tête.

Il faut absolument qu’on se mobilise dès maintenant, en Guinée et à l’étranger, pour fendre cet écran de fumée qui cache Brutus Doumbouya derrière ses ambitions personnelles : garder le trône le temps de permettre aux membres de son clan de lui trouver un successeur. On est mal barré ! On s’est vraiment fourvoyés sur la personne de Brutus Doumbouya. C’est un faux jeton. Un apologiste de la révolution sékoutouréenne. Il faut le stopper avant qu’il ne prenne un autre édit interdisant l’exercice du FNDC en Guinée. Il n’est pas un adepte de la démocratie, un artisan de la réconciliation nationale.

Ne lui laissons pas prendre goût au pouvoir. Il est grand de taille mais il ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Si les combattants de la démocratie, de la liberté et de la justice s’endorment sur leurs lauriers, il va asseoir son hégémonie et persécuter ses contempteurs pour avoir les coudées franches de régner des années durant de transition. Ce serait d’autant plus aisé pour lui qu’il tient son premier ministre en lisière de ses signalées décisions. Ce premier ministre est un pantin.

En effet, Mohamed Béavogui, en dépit de l’étroitesse de son gosier, avalera des couleuvres et ne lèvera jamais le petit doigt pour dire ce qu’il pense, pour protester contre ces actes abrupts et déraisonnables de BD. Sa nomination à la tête de la primature avait polarisé beaucoup d’espoir. On voyait en lui un chevau-léger de la politique de développement. Quand il s’avère impossible de mener sa mission, on jette l’éponge. Mais en Guinée, les esprits sont formatés à avaler des couleuvres.

Personnellement, je me suis lourdement trompé sur la personne de Brutus. Je croyais foncièrement qu’il allait tirer la Guinée vers le haut, apaiser les esprits inquiets sur sa capacité à bien mener la transition politique, à contribuer à réconcilier les Guinéens ; et là franchement je suis gros jean comme devant.

Et comme avec la chute de Néron Condé, on n’est toujours pas sorti de l’auberge, alors on reprend la plume et on poursuit le combat politique jusqu’à l’érection démocratique d’un homme ou d’une femme à la magistrature suprême.

Si on s’enferme dans l’angélisme du coup d’Etat de l’Escogriffe du CNRD qui est en train de prendre toutes les mesures militaires pour quadriller et fortifier son pouvoir personnel, il nous en coûtera bonbon. Il doit rendre le pouvoir aux civils et dans un délai raisonnable.

Benn Pepito

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