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Ce tour de vis liberticide qui cache mal la frilosité d’un régime

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[dropcap]C'[/dropcap]est un péril qui était prévisible, la versatilité et la boulimie du pouvoir faisant rarement bon ménage au sommet de l’Etat. Grisé par le poison des louanges d’une pléiade de courtisans, quel monarque s’accommoderait-il d’une horde de pamphlétaires mus par l’utopique rêve démocratique ? Rien n’est nouveau sous le soleil.

Les courtisans font plus de mal à la lucidité d’un souverain qu’une foule de contestateurs insatisfaits. Leur flagornerie est un poison irrésistible qui descend jusque dans le tréfonds de celui qui s’en délecte, et étourdit son jugement. Leur grand nombre n’est point synonyme de la félicité de son peuple. Bien souvent, il est le reflet d’une fin de règne marquée par le désordre et la concupiscence.

Rien n’est nouveau sous le soleil, disait le Sage. Et ce qui est a déjà été. Après des décennies de partis uniques encouragés par la guerre froide, notre continent a connu l’ère des rebellions armées, des conférences nationales et des élections pluralistes. Le début du millénaire a quant à lui été marqué par les tripatouillages constitutionnels qui ont garanti à leurs auteurs un pouvoir qu’ils espéraient éternel à la tête de nos Etats. Depuis, 30% du produit intérieur brut africain se retrouvent dans les paradis fiscaux au grand dam de populations qui croupissent dans une misère innommable. Aucun autocrate ne s’est maintenu au pouvoir pour le seul bonheur de son peuple.

Leurs régimes se sont tous maintenus par la violence et ont pris fin dans la violence. Les injustices et la pauvreté extrême ont toujours fini par servir de levain à ce qui allait les emporter. C’est souvent sur le tard que la plupart de ces despotes ont compris que l’éphémérité du pouvoir est un trésor à eux caché par la griserie qu’il procure. Et ces peuples, loin d’être dupes connaissent les signes d’une fin de règne, comme les hyènes pressentent l’agonie d’un vieux félin chassé de sa communauté par un mâle plus jeune. Ils tentent toujours d’arracher frénétiquement ce qui est désormais à la rue.

Même si la révolution numérique survenue au Nord gagne peu à peu les Tropiques, l’acharnement de ces despotes à vouloir contrôler les esprits et les corps de leurs concitoyens est quasiment démentiel. La première cible est toujours la même : la Presse. C’est l’empêcheuse de tourner en rond. Celle qui, comme un anti filtre, désenvoûte le peuple et lui indique une voie nouvelle.

Cette presse, à leurs yeux, n’est qu’une horde de pamphlétaires à la solde d’une rêvasserie démocratique. Mais elle tient debout là où des oppositions sont KO depuis des lustres. Elle l’ouvre et gueule tellement fort que les monarques dans leurs palais dorés perdent le sommeil. Or cela, c’est un crime. Contre les souverains et contre l’Etat. Parce que l’Etat, c’est eux.

Cette presse, jeune, belle et intrépide est partout sur le continent, le cauchemar cinglant des prévaricateurs et des affairistes. Elle éveille la conscience collective à rejeter ce qui fait le plumard des autocrates. Ne soyons donc pas étonnés qu’elle devienne leur souffre-douleur. La peur n’est souvent pas là où on la croit. Elle réside bien plus souvent dans les palais que dans les mansardes des gouvernés. Son visage le plus connu est la force, celle violente et injuste qui met en branle le fusil et le droit. La violence d’Etat traduit toujours la frilosité devant un éveil du Peuple à ses droits et ses libertés fondamentales.

Ceux qui espèrent un partenariat entre le Pouvoir et la Presse sont comme ces charlatans qui veulent mélanger le feu et l’eau. Leurs intérêts sont inconciliables puisque l’un se nourrit de la naïveté des populaces, tandis que l’autre vit pour informer et instruire ce Peuple. La liberté de la presse reste aujourd’hui le dernier rempart contre un retour annoncé à l’obscurantisme, au culte de la personnalité et à une forme subtile de colonisation, celle de l’homme africain par des fils de l’Afrique.

Mais comme le dit François Hollande, « aucun acte barbare ne saura jamais éteindre la liberté de la presse. Nous sommes un pays uni qui saura réagir et faire bloc. »

Mohamed MARA, dans La Plume sur radio Espace FM

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