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Crise-Friguia : un an après les coupables toujours impunis

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4 avril 2012 – 4 avril 2013.  Déjà un an, jour pour jour, depuis que l’usine Friguia n’a pas produit un gramme d’alumine. Cette triste réalité provient de la grève illégale déclenchée par le collège syndical de l’usine. Pour mieux comprendre la genèse de cette crise il importe de remonter dans le temps.

L’on se souvient qu’en fin 2011, à cause de la crise que traverse le secteur, les autorités de certaines grandes compagnies minières ont annoncé la réduction de leur production en procédant à la fermeture des usines les moyens rentables en vue de réduire les pertes.

Cette information  a été portée à la connaissance du syndicat par les responsables de Rusal qui avaient même salué en début d’année 2012 l’esprit de dialogue et de compréhension dont a fait preuve le collège syndical. Mais dans les réalités, cette compréhension s’est avérée illusoire et de très courte durée.

D’après les statistiques de la compagnie, l’usine Friguia présentait tous les signes d’une unité industrielle non rentable. Puis dans l’interview accordée à l`agence PRIME, qui traite des sujets économiques au sein de l’agence étatique russe « RIA NOVOSTI » Vladislav SOLOVIEV, le premier adjoint du Directeur Général de la compagnie Rusal s’est prononcé sur la nouvelle politique de sa compagnie face à la crise qui touche le secteur « Rusal planifie de réduire de 8 à 10% le volume de sa production. Pour Soloviev, la situation actuelle concerne « toutes les compagnies évoluant dans le secteur, Alcoa, Rusal, Rio Tinto, nous sommes tous dans le même bateau ».

En vue de la préservation des acquis de l’usine Friguia envers les populations et empêcher son arrêt, les autorités de Rusal ont avec chiffres et tableaux à l’appui expliqué au syndicat et aux autorités à tous les niveaux que le moment est mal choisi pour une quelconque réclamation liée à une augmentation de salaire.

Toujours dans le but d’empêcher la grève, le tribunal de Travail de Mafanco en attente d’étudier le dossier conformément à la loi, a demandé dans son ordonnance du 28 Mars 2012 au collège syndical de Friguia de suspendre leur préavis de grève. Comme si toutes ses formes d’alertes n’étaient pas suffisantes, le syndicat a déclenché la grève le 4 Avril.

La grève qualifiée d’illégale le 18 avril, soit deux semaines plus tard, par la décision du même Tribunal de Travail. Ce coup de force du collège syndical a été suivi de la prise illégale de l’usine et sa gestion par des non professionnels. Les expatriés russes propriétaires de l’usine ont été contraints de quitter la ville de Fria pour une question de sécurité laissant ainsi l’unité industrielle dans les mains du collège syndical.

Aujourd’hui force est de reconnaitre que cette prise illégale d’une propriété privée a contribué à la dégradation de l’usine déjà vieille dont la reprise  rapide pourrait entrainer des conséquences imprévisibles.

Face à cette situation jugée illégale par les juridictions du pays et devant les appels lancés par l’Ambassade de Russie en Guinée et l’administration de Rusal aux autorités guinéennes, les coupables n’ont pas été sanctionnés. Vu la situation, le Ministère des Affaires étrangères Russe, dans le communiqué officiel de 10 avril 2012, a demandé aux autorités guinéennes: «de prendre des mesures urgentes afin d’enrayer les actions illégales des syndicats et des éléments radicaux, qui ont organisé la prise de l’entreprise, et d’engager des poursuites judiciaires ainsi qu’administratives contre ces gens en conformité avec les lois guinéennes, ce qui permettrait de reprendre la production à l’usine de Friguia en régime normal».

Dans le même communiqué, il était souligné qu’« en conséquence de ces actions, la ville de Fria qui dépend entièrement de l’usine en matière d’approvisionnement en eau et électricité, est à la limite d’une possible catastrophe humanitaire».

Un an après, les coupables de cette situation illégale et déplorable n’ont subi aucune forme de punition  prévue par la loi guinéenne.

Pour l’investisseur, les pertes causées par cette grève illégale  se chiffrent en des dizaines de millions de dollars.  En 2012, Rusal a évalué sa perte au niveau de Friguia à 167 millions de dollars USD. En dépit de cette perte, la compagnie Rusal continue à prendre en charge les frais liés à l’alimentation des groupes électrogènes afin de fournir la population en eau et électricité.

Cette assistance se chiffre à des millions de dollars. A titre d’exemple: le  27 avril 2012 un tanker de mazout qui coûté 28 usd millions pour Rusal a permis de soutenir la population de Fria pendant 3 mois, en leur assurant la desserte en eau et électricité. Aucune tonne de cette livraison n’a jamais été utilisée pour la production.

Au regard de ce qui précède, les coupables sont donc connus. Il revient aux autorités du pays de faire appliquer la loi au risque de voir d’autres syndicalistes de déclencher des grèves illégales et paralyser toute une ville comme le cas de FRIA.

Eric SYLLA, pour Visionguinee.info

 

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