[dropcap]D[/dropcap]es politiciens et autres faiseurs d’opinion sont déjà en train de vouloir précipiter l’échéance de la transition en criant haut et fort que deux années de transition sont longues. Nenni.
Alpha et ses acolytes avaient déjà réussi leur coup de force pour rester maitres des lieux pour les cinq prochaines années. Tout le monde s’était résolu au fait que notre prochaine opportunité pour corriger le tir ne serait possible qu’en 2026.
Maintenant que la Providence et l’action salutaire de notre Armée a mis fin au régime despotique, nous sommes soudainement pressés. Cependant, si nous voulons créer des conditions pour une transformation fondamentale et un recadrage solide de notre système politique, deux années suffisent à peine.
Depuis 1958, notre pays a toujours colmaté la plaie qui nous gangrène tous. Cette fois-ci nous devons être judicieux pour ancrer un système qui va survivre à notre génération. Ce travail requiert un effort sérieux qui engage toute les composantes de notre nation.
Nous devons non seulement travailler pour faire la lumière sur la gestion de l’administration du « professeur » mais aussi discuter et débattre les grandes lignes de notre projet de société et créer des textes de lois qui nous permettront de poser les conditions propices pour protéger et épanouir notre démocratie naissante.
Les tâches qui nous attendent sont immenses et épineuses. Nous devons pouvoir examiner avec lucidité l’échec de notre système judiciaire. Pourquoi notre justice, particulièrement notre Cour constitutionnelle, était un appendice du pouvoir comme la « Voix de son Maitre » de la société Pathé-Marconi.
Nous devons examiner comment notre CENI (qui doit être dissoute à mon avis) a pu créer un système et des données différentes de notre corps électoral. Nous devons chercher à savoir comment nos services de sécurité ont été inféodés par les hooligans qui géraient notre défense commune. Nous devons discuter et nous accorder sur la composition d’une future assemblée nationale, (37 députés ? 33 députés pour les préfectures et 1 super député par région naturelle ?) la fréquence de sa session (une fois tous les deux ans pour juste trois mois ?).
Oui, nous devons vite mettre en place un gouvernement qui représente la volonté de notre peuple. Mais comme Léopold Sedar Senghor avait dit, je paraphrase, nous voulons un État de droit dans l’immédiat, mais pas immédiatement.
Nous devons donner du temps au temps. Le CNRD nous a raccourci notre traversée du désert qui aurait pu être cinq autres années pénibles avec la clique des gangsters qui nous dirigeait. Nous pouvons certainement être patients pour deux ans et permettre au CNRD de travailler avec toutes les guinéennes et tous les guinéens afin d’ancrer notre pays dans un système démocratique durable qui nous évitera de tomber dans les mains des future Alpha et leur racailles.
Nous aurons non seulement réduit le temps de notre misère collective mais aussi nous sortirons victorieux en gagnant trois ans pour notre pays et une nouvelle classe de dirigeants pour le bien être de notre nation.
Prêt pour servir pas se servir !
Dr. Ablo Bah
Professeur de Sociologie
Columbia, MO USA