C’est la fameuse trinité qui règne sur la Guinée depuis trois ans, sans jamais arriver à conduire le peuple martyr à la terre promise. Le pouvoir Condé se résume à un clan restreint d’inconditionnels enfouis dans son entourage proche, dont certains, portant le statut de ministres conseillers à la présidence de la république, appartiennent à différents réseaux d’exploitation des ressources diverses, au compte de la dynastie instaurée, du fait des circonstances.
Tout ce beau monde est au service, non pas de l’Etat mais du pouvoir qui le domine. Cette mutation du pouvoir politique, au pouvoir dynastique, est d’autant évident que, dans bien des rouages de l’Etat, il y a comme une agglomération de proches et alliés inconditionnels renforcés par des opportunistes et autres démagogues utilisés, moins pour redresser la gouvernance, que pour la rendre encore plus maladroite.
Les trois années du mandat présidentiel de Alpha Condé aura permis d’engager l’érection d’un Etat dynastique où la centralisation des pouvoirs, au-delà de la façade démocratique qui la dissimule, est manifestement exprimée dans les prises de position de l’exécutif qui, avec une assemblée nationale à sa dévotion, du fait de la prédominance de son parti politique et alliés, reste incontestablement le seul à décider du choix des stratégies à mener, pour l’atteinte de ses objectifs.
Le premier mandat du président Condé a été le point de départ d’un projet ambitieux de construction d’une Guinée qui prend ses racines dans un passé nostalgique, révolu et contraire aux aspirations profondes d’un peuple qui veut tourner toutes les pages déjà lues de notre histoire. Prendre la Guinée où Sékou Touré l’a laissée est un cri de détresse politique, un manque de repères dans un monde qui évolue.
Aujourd’hui, le pays s’engouffre, de plus en plus, dans une gouvernance tâtonnée, inspirée plus de l’improvisation que de la raison. L’Etat n’est pas géré, il est pris en otage par un clan dont les objectifs réels échappent même au RPG. Ce qui explique, en partie, les remous suscités par des nominations qui n’ont autres justifications que le recours aux inconditionnels de tous bords, engagés et capables de tout, pour réussir la réélection prochaine du président Condé.
En réalité, le pouvoir en Guinée n’est ni partagé ni démocratisé, il est et demeure tel un patrimoine, l’apanage d’un seul homme qui n’a que des « serviteurs » à sa merci. En fin de son mandat, le président Condé risquera de nous léguer une Guinée sans Etat, tel qu’il a prétendu en avoir hérité à son élection en 2010. Le président Condé est un amateur !
Thierno Mamadou BAH, (in Le Défi)